mars 19

Lumos – partie 2

Au fil de ses réflexions, il parcourait les parcelles émotionnelles laissées par l’inconnue, esquissant en cela une silhouette vibratoire. Et plus il s’absorbait dans cette esquisse, plus il se disait que celle qui lui laissait de tels messages valait bien le sacrifice d’un peu de son étincelle. Ainsi sa résolution fut décidée : pour elle, il allait donner au Songe une partie de lui-même.

Le soir venu, il s’allongea confortablement, détendant son corps et son esprit pendant que l’hypnolierre glissait ses lianes contre ses tempes. Puis, à l’aide d’une impulsion de sa volonté, Céleste se lança vers les domaines éthérés. Ses rêves furent plus intenses cette nuit-là que bien d’autres nuits mais, curieusement, il n’en garda aucun souvenir.

A son réveil, il découvrit plusieurs joyaux d’un rubicond étincelant pendus en grappe dans le feuillage de l’hypnolierre.

« Voilà, enfin ceux-ci ont la teinte de mes souhaits. »; murmura-t-il.

Pendant les trois jours qui suivirent, il modela, sculpta, dessina, façonna encore et encore la matière brute pour lui donner l’aspect dont il rêvait. Et le jour dit, lorsque les lumens illuminèrent les champs d’Ialou de leur éclat, le jeune homme se tenait à la lisière des prairies, son présent serré contre son cœur. Les heures passèrent sans que la belle Ethélia ne paraisse. Impassible, Céleste attendit, contemplant les particules de lumière dans leur ballet aérien. A plusieurs reprises, il esquissa un mouvement pour partir puis se ravisa. Enfin, lorsque l’étoile prit des couleurs orangés, commençant son cheminement nocturne, notre Embellisseur sentit le découragement le gagner. Il souleva son cadeau pour l’observer une fois encore avant de le remiser dans son atelier. La lueur du couchant accrocha alors la plante cristalline de ses derniers feux et l’embrasa. L’œuvre étincelait de mille éclats, chacun ayant une teinte rouge légèrement différente.

C’est alors qu’une silhouette commença à lentement prendre forme au sein du brasier, toute en courbes délicates. Et plus les cristaux brillaient, plus elle prenait substance. Lorsque les dernières lueurs de l’astre du jour disparurent, la silhouette était devenue femme, une main soutenant Amour tandis qu’elle souriait à Céleste.

« Je suis Ethélia, beau songeur. » dit-elle.

Le jeune homme clignait des yeux, muet de surprise.

« Mais comment ? »

« Par la magie du Songe et la tienne. Je n’étais qu’éther mais, grâce à tes talents, tu m’as donné corps. »

Et, avec une grande douceur, elle lui prit la main. Les deux jeunes gens reprirent alors le chemin du village de Céleste, éclairés par Amour brillant d’un feu radieux au contact d’Ethélia.

Merci à mon alter-égo pour ses suggestions concernant cette histoire. 


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Ecrit 19 mars 2018 par Damian dans la catégorie "Histoires courtes

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