septembre 14

Plume cassée

Où sont passés les chants, l’ivresse, le foisonnement des mots d’il y a quelques mois ? Et ceux d’il y  dix ans ? Pourquoi les muses ne répondent pas ? Pourquoi la plume reste muette ? J’ai besoin de les retrouver, besoin de me sentir vivant à travers eux. Mettre des rêves en mots, rêver des histoires, de la magie, de la fantaisie, des drames, de l’amour. Puisque ma vie n’est rien, pourquoi ne puis-je plus la réinventer ? Pourquoi ce silence, ce sang mort, sans couleur et ces pages désespérément vides ?

Je veux retrouver tout cela, le partager, faire vivre les rêves. C’est mon unique tâche, le seul rôle qui me reste. Pourquoi en suis-je privé ?

décembre 18

L’illusionniste

Il ya longtemps, mon monde s’est écroulé. J’avais perdu « l’essence », l’envie d’exister. Allez savoir pourquoi, la vie en a décidé autrement. Sur le sable et les ruines, j’ai commencé à rebâtir. J’ai construit un semblant de vie, une façade, un masque, une coquille dans laquelle je me suis lentement glissé.

Mais la coquille étant trop étroite, trop restrictive, j’ai construit indépendamment un monde secondaire. Parti du néant, j’ai tout assemblé, construit des rêves, peuplés d’illusions et de fantasmagories. Lorsque l’existence dans ma coquille m’était pesante, il me suffisait de m’échapper vers cet autre monde, de me glisser dans le songe.

Le temps passant, cette fuite est devenue presque constante. La coquille qui m’enveloppait dans le réel était bien trop étroite, bien trop limitée. Même si elle m’aidait à tenir dans une vie qui peu à peu devenait insupportable.

Un jour, alors que la vie avec cette coquille semblait pour tout le monde se dérouler tranquillement, j’ai cédé face à une illusion. J’ai cru voir un signal. Ce signal et cette illusion ont peu à peu rongé la coquille. Et la façade que j’avais mis si longtemps à bâtir, à sécuriser s’est fissurée. Le sable sur lequel elle était installée s’est mis à glisser. Sortant de ma coquille, j’ai poussé à bas cette éphémère construction. En sortant de cette coquille, je pensais enfin pouvoir être.

Et puis l’illusion s’est désagrégée. Je me suis retrouvé à contempler les ruines de ce que j’avais si lentement bâti, écroulées sur ce banc de sable.

Aujourd’hui, les ruines sont couleur de cendre, le sable s’est changé en verre.

Il ne me reste que les songes. Mais même eux commencent à me fuir, comme s’ils n’avaient plus besoin de moi pour exister.

Aujourd’hui je contemple les vestiges de mes rêves et je ne trouve plus l’énergie pour tenter de les reconstruire.

Aujourd’hui je suis ruines et bâtiments délabrés, rongés par l’absence d’utilité, abandonnés au néant dont ils avaient surgis.

décembre 5

Nouvelles du front

Ici il fait froid, ici il fait nuit. Mon âme n’en a que faire, elle a
repris son vol. Loin, lon par delà les nuées, là où rares sont ceux qui
viennent à voyager. Un lieu personnel, épuré de tout mal, pas de cris,
pas de haine, juste au coeur de mon monde, au plus profond d’ailleurs.
Là-bas, calme, douceur, ici bruit et fureur.  Ne cherchez pas
l’entrée, elle n’existe pour personne. De toute façon vous vous y
perdriez. C’est l’antre de mes rêves, mon autre réalité, celle qui fait
que j’existe, que je vis parmis vous, malgré mes ailes lunaires et mon
âme différente. Parfois, si vous me suivez, si vous lisez mes mots,
vous entrapercevrez ce qui peut y sièger, mais aucun conquérant ne
pourra l’attaquer.

Ce qui fait la richesse d’un être ne peut s’évaluer à son compte en banque, seule compte la richesse du coeur.

décembre 1

Instants

Sensation étrange. Les ailes
disparues qui vibrent à nouveau. Grâce à quelques mots, une simple conversation
elle renaissent…Un léger interstice s’est ouvert, minuscule brèche
entre  ici et ailleurs; Serait-ce un nouvel envol ? Un nouveau passage ?
Je l’espère. Toujours est-il qu’elles sont là, à nouveau. Elles vibrent
fébrilement, attendant le moment propice.

Déployez-vous, brillez de votre lumière sombre, plumes lunaires. Emportez moi
encore. Il est temps pour le léthargique de sortir de son cocon. L’encre rouge
doit couler, mêlé de gouttes d’argent. Le réveil a sonné. Vibrez, déployez
vous, revenez, plus belles encore. Il est temps, maintenant. Il est temps…

novembre 29

Once upon a time

Il était une fois dans la morte vallée un ange aux plumes sombres, aux ailes brûlées…

Englué dans les méandres de ce monde insensé, ici tombent mes mots au rythme de mes plaintes, de mes sanglots.

Depuis des mois j’attends que l’inspiration me revienne. Des mois à
tourner en rond, à me distraire comme je peux ou à courir. Courir pour
trouver un logement, puis un emploi. Je ne sais pas si j’aurais tenu
sans les week ends avec Elle…

Et l’inspiration qui ne revient pas, qui me fuit comme si elle n’avait
plus rien à me donner. Quel désespoir de se sentir si banal et sans
intéret quand l’aventure de l’écriture m’abandonne. Quelle utilité à ne
faire que survivre ?

Existence d’automate: se lever le matin, se doucher, déjeuner, prendre
les transports, les wagons à bestiaux pour se rendre au
travail…Bosser jusqu’au soir, reprendre les transports, rentrer,
s’abrutir devant la lucanre à illusions et s’endormir pour tout
recommencer, sans rêves, sans but réel, si ce n’est de pouvoir Lui
servir d’appui, d’être Son havre de paix.

Je ne rêves plus. J’ai perdu le contact avec mon monde d’origine.
Oniria, Oniria perdue, où es-tu ? Mon imaginaire s’étiole lentement à
mesure que s’effacent les souvenirs…

En bon éternel insatisfait, je me lamente. J’ai trouvé le bonheur avec
Elle. La vie semble moins morne en sa compagnie. J’accepte un peu ce
monde. Mais j’ai toujours en moi cette agressivité envers Eux. Eux qui
s’étendent comme des virus, sans cesse se reproduisent, ravangent tout,
détruisent, s’autodétruisent mais n’en ont rien à faire.

Impression de solitude, de ne pas être à ma place. Rares sont ceux qui comprenent.

Existence hybride, entre un présent ici et un ailleurs qui disparait…