novembre 28

Astre mort

Je sens craquer mes os sous sa force oppressante
Ce vide envahissant rongeant mon énergie
Dévorant mon essence, sournoisement, il grandit
Enfermant mon esprit dans une langueur croissante

Il aspire ma vie, lentement, insidieusement
Absorbant toute joie, consumant l’émotion
Ne laissant que tristesse, douleur, aliénation
Instille en moi le froid, me figeant hors du temps

Mon cœur de cristal mille fois endommagé
Emprisonnait ce mal. Mais sous l’effondrement,
Ce sombre maelstrom, en vil conquérant
A pris son expansion quand l’organe s’est brisé

Il était déjà là, il attendait son heure
Ancré dans les ténèbres qui m’ont toujours hanté
Se glissant en chaque faille de ma pauvre psyché
Œuvrant secrètement à nourrir mes terreurs

Qu’est-ce qui pourrait freiner ce sinistre vampire?
Qui connait le remède à son obscure poison?
Avant que tout mon être ne perde la raison
Peut-on me délivrer de son odieux empire?

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novembre 24

Abandon

J’en appelle aux puissances qui un jour m’ont créé
J’invoque votre clémence pour mes fautes passées
En ce jour je renonce à toute rébellion
Courbé, à vos genoux j’implore votre pardon

Je vous laisse ce monde, je ne le supporte plus
Je ne peux plus souffrir ce cœur, ce fardeau
Je n’aspire qu’au silence, à la paix du tombeau
J’abandonne la conscience, être je ne veux plus

Laissez-moi regagner l’arbre d’éternité
Intégrer mon cocon où je m’endormirai
Niant mon existence, alors je rêverai
Devenant énergie, forge de songes, oublié

Faites ce qu’il vous plaira de l’enveloppe, de l’essence
Je cesse d’exister dès votre décision
Je ne veux plus sentir la douleur, l’émotion
Il n’y a plus ici pour mon être que souffrances

Ai-je donc tant fait de mal pour un tel châtiment?
Il en fallait bien un qui choisisse ce chemin
Pour maintenir l’équilibre de cet étrange Destin
Il fallait un coupable, un semeur de tourments

Toutes mes exactions servaient l’œuvre du Temps
Une fois terrassé par votre brève union
J’ai accepté mon sort, cette chair prison
Envoyé dans ce monde, me suis fait pénitent

J’ai trop longtemps vécu sur cette triste planète
Seul l’éphémère rêve a prévenu la folie
Mes quelques illusions se sont bien vite enfuies
Je ne souhaite plus qu’une chose: que cette vie s’arrête.

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novembre 19

Séisme

Sur les terres d’Outre Monde, sèches et désolées
La pluie à grosses gouttes revient se déverser
Mon cœur de cristal vibrant dans sa douleur
Fait raisonner les cieux d’un nostalgique chœur

Une sourde souffrance ébranle mon esprit
Me voici à nouveau pris de mélancolie
Mes secrètes blessures se sont encore rouvertes
Mon âme se racornit, transie par cette alerte

C’est une lame de fond, contrecoup d’un instant
Où s’est vu effacer le flot de mes tourments
Une bulle de bonheur qui s’était déployée
A son point culminant est venue éclater

Par propagation cette onde à réveillé
Des émotions enfouies, mon être s’est fissuré
S’engouffrant dans la brèche, tous mes anciens démons
Sont montés à l’assaut, disloquant leur prison

Sous la vague j’ai en vain volé vers mon refuge
Dans la mer de nuage secouée par le déluge
Tout mon corps soudain a failli s’embraser
Alors que j’atteignais l’ile à l’arbre sacré

Le doute pris corps en moi, amer et tranchant
Que faisais-je en ce monde, moi, terrible dément
Pourquoi chercher encore l’être de rédemption
Moi qui ne suis que mort, ténèbres, malédiction

Je dois une fois de plus chercher à apaiser
Le torrent d’émotions qui vient tout ravager
Retrouver la musique qui m’apporte l’harmonie
Cicatrise les plaies et calme l’agonie.

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novembre 18

Les danseurs

Dans sa course infinie, le temps s’est suspendu

Pendant quelques instants, portés par la musique

En quelques pas de danse dans cette bulle magique

La douleur, la tristesse, pour moi n’existent plus

 

Il n’y a que l’instant, la douce ondulation

L’étincelle des regards, l’onde qui nous parcourt

Qui vibre et nous emporte, nous laisse le souffle court

Un éclair fugace où brulent mille émotions

 

Le rythme est ralenti, l’esprit exacerbé

La raison laisse place à l’expression des sens

Les cœurs se font plus proches en cette salle immense

Qu’à tout autre moment, par la vague soulevé

 

Tant de messages passent par le seul toucher

Un monde de partage s’ouvre entre les danseurs

Un canal secret, dialogues cœur à cœur

Sans aucune parole, l’ouïe étant saturée

 

Je suis toi, tu es moi, la frontière est brouillée

Nos souvenirs se mêlent comme nos sensations

Une étrange harmonie nous emplit de frissons

L’espace d’une seconde nos âmes ont fusionnés

 

Sur un dernier accord, les couples se saluent

La magie se retire, l’espace reprend ses droits

Reste un pâle souvenir qu’un souffle chassera

Jusqu’à une prochaine danse, un nouvel absolu.

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novembre 9

Eternel

Sur une côte de granit balayée par les vents

Une triste chimère se tient face à la mer

Dans son pâle regard brulent des larmes amères

Le poids des souvenirs, les blessures du temps

 

Cherchant sur l’horizon une étincelle d’espoir

La créature se laisse fouetter par les embruns

Une question l’obsède, toujours sur son chemin

Occultant son jugement, l’enveloppant d’un voile noir

 

« Suis-je seul de cette espèce, essai infructueux? »

« Un songe abandonné dans ce monde tragique? »

« Quel est donc mon rôle dans cette farce inique? »

« Suis-je donc condamné à vivre malheureux? »

 

Dans son crâne s’entrechoquent ces interrogations

Jour et nuit elles tournent, rongeant lentement son âme

Epuisant peu à peu son essence de leurs lames

Car même depuis les cieux personne n’y répond

 

Lassée de ce manège, regardant vers le vide

La chimère a franchi le bord de la falaise

Sur les pics rocheux elle jette son malaise

Abandonnant la lutte, elle choisit la fuite

 

A peine a-t-elle senti son corps se déchirer

La douleur se répandre dans son moindre fragment

Qu’aussitôt elle retrouve les morsures des vents

Sur le bord du gouffre elle a été ramenée

 

Il ne reste de sa chute que quelques cicatrices

Un désespoir profond d’être toujours ici

Ses fautes oubliées la condamnent à la vie

Elle qui voudrait trouver une mort salvatrice.

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novembre 8

Les contrés du rêve

Par delà les nuages et l’ile de l’arbre de lune
Flottent ici et là des ilots émergeant
Territoires inviolés offerts aux seuls vents
Terres couleur de cendre surgissant de la brume

Sous un soleil d’émeraude s’étendent les vagues dorées
De champs d’or liquide où nagent des nymphes mythiques
Des plaines d’herbes bleues s’étalent, magnifiques
Emplissant le regard de leurs teintes irisées

Plus loin l’œil s’arrête sur les tons rougeoyants
De forêts innombrables aux feuilles couleur de rouille
D’où perce l’obsidienne de montagnes qui l’âme fouillent
Et dont les milles veines brillent d’un éclat d’argent

Le ciel empli d’étoiles voit ses teintes changer
A mesure que s’allument les astres qui l’emplissent
Tantôt vert lorsque que brille l’émeraude délice
Pourpre, rubis ou mauve quand l’aube vient à pointer

Certaines zones reculées ne voient que la grisaille
L’absence de couleur comme l’absence de vie
Ces espaces sont peuplés des fantômes de l’oubli
Des ombres menaçantes masquées par des murailles

Le voile est souvent mince entre rêve et cauchemar
Pour ne pas s’égarer il faut voir les chemins
Qui serpentent doucement vers l’horizon lointain
Où siège le Rêveur, maître d’un monde à part

J’aimerais tant arpenter ces secrètes contrées
Oublier ma tristesse dans le flot des couleurs
Tenir une main amie, pouvoir ouvrir mon cœur
Dévoiler l’âme du Songe pour mieux la partager.

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novembre 3

Naufragé

Mon être à vu tant de naufrages
Subit tant de déconvenues
Sanglotant d’avoir trop vécu
Du chagrin il se fait l’image

Sa pure nature cristalline
S’est vue affaiblie et rongée
Par ses espoirs mille fois brisés
Autant de blessures qui le minent

Il a tant effleuré le Rêve
Que son essence en est marquée
Il voudrait pouvoir l’apporter
Pour embellir ce monde qui crève

Mon sang charrie tant de scories
Empoisonnant lentement mon cœur
M’emprisonnant dans mon malheur
Poussant mon âme vers l’agonie

Elle qui brulait s’est consumée
Se calcinant sous l’émotion
Bientôt ses cendres s’éteindront
Nourries par de tristes pensées

Encore une victoire des ténèbres
S’infiltrant loin dans mon esprit
Elles auront finalement pourri
Chaque étincelle d’un voile funèbre

Tant de chemin m’ont égaré
Donnant plus de prise au néant
Et pour mon cœur vacillant
Que reste-t-il à espérer?

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octobre 28

Liv

Une petite histoire disponible en pdf pour prendre le temps de la lire. Cela change un peu du poème. N’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.

( Il suffit de cliquer sur le lien qui suit —>)Liv

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octobre 17

Morituri

Enchanteresse au regard sombre
Surgie du fond de mes pensées
Par mes pleurs, mes cris, invoquée
Lorsque sur moi tombent les ombres

De tes ongles tu griffes le voile
Qui te sépare de ce monde
De tes yeux mon âme tu sondes
Et d’un sourire tu te dévoiles

Bientôt j’aurai le rituel
Te permettant de traverser
Cet interdit sera brisé
Tu auras une enveloppe charnelle

Mais ne te laisse pas dominer
Abuser par l’éclat des joyaux
Cet univers n’est pas si beau
Qu’il mérite de tout sacrifier

Je t’ouvrirai la porte antique
T’accueillerai plein d’espérance
Te nourrirai de mon essence
Me noierai dans ton être inique

Je te donnerai mon étincelle
Pour chasser ma mélancolie
Pour m’effacer, pris dans l’oubli
Que la Mort me prenne sous son aile

J’ai vu trop de vies, de souffrances
J’ai trop vécu, bien trop pleuré
Que mon coeur me soit arraché
Je veux que cesse mon existence.

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octobre 15

Désolation

Dans les salles désertes et poussiéreuses
Dans les miroirs pâles et glacés
Dans les fauteuils vides et fatigués
Dans cette ombre figée à la couleur cendreuse

Sur ces horloges lentes, presque immobiles
Sous ce ciel grisâtre et détrempé
Sur cette plaine triste et désolée
Dans ce vide insondable et stérile

Sur ces bougeoirs éteints, à la cire coulée
Devant cet âtre froid où le feu s’est éteint
Dans les accords grinçants de ce lieu en déclin
Sur ces vitres alourdies par l’atmosphère gelée

Dans ce cristal voilé qui cesse de réfléchir
Au fond de ce grenier aux souvenirs passés
Dans cette carcasse vide aux chairs déchiquetées
Sur cette lande humide où tout vient à pourrir

Dans cet antre perdu, oublié par les ans
Où moisissent les vestiges de ce qui pourrait être
Au cœur de cet enfer où désespoir vient naître
Où résonne en silence le hurlement du temps

Sur cet odieux portait au modèle prisonnier
Où toute vie s’efface en une teinte cireuse
Où son regard mort contemple une mer brumeuse
Qui reste sans mouvement pour l’éternité

Dans ce manoir sinistre où flotte la souffrance
Entre les lattes disjointes d’un parquet éventré
De cette terre monte une plainte murmurée
Qui tient en un seul mot, et ce mot est: absence.

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