décembre 23

A vif

Depuis le commencement, je chasse l’ombre d’une ombre

Une pâle illusion sur le miroir du monde

L’écho d’un idéal entraperçu dans l’onde

D’une mer infinie emplie d’abîmes sombres

 

Au moindre frôlement, à chaque vibration

Mon cœur cristal frémit, s’emballe et s’émerveille

Puis se brise lorsque vient le cruel réveil

Et mon âme réalise qu’elle aime une projection

 

Alors s’ouvre le vide qui lentement me dévore

Solitude, Absence, semeuses de tourments

Envahissent mon esprit à me rendre dément

Et me pousse sourdement à désirer la Mort

 

Malgré le temps qui file et mes yeux grands ouverts

Mon amour du rêve tisse toujours son voile

Et couvre mon regard de poussières d’étoile

Lorsqu’il croise celui d’une nouvelle chimère

 

C’est là mon maléfice et ma malédiction

A trop aimer le songe, il parasite ma vie

Et m’isole du monde par son charme d’oubli

Pour m’asservir il joue avec mes émotions.

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décembre 21

Echo

Lorsque j’ai ouverts les yeux, j’étais sur une plage enveloppée de brouillard. Je ne voyais que ce voile blanc et cotonneux, mais j’entendais le ressac de la mer. Je ne savais pas comment j’étais arrivé là.

Soudain, une apparition éthérée m’a frôlé, me touchant l’épaule en passant près de moi, puis se mettant à courir dans le brouillard. J’entendais résonner son rire joyeux autour de moi. Je me mis à courir derrière elle, tentant de la rattraper. Je ne voyais pas où j’allais mais je courrais derrière elle, ne voulant pas la perdre des yeux.

Je courrais aussi vite que je pouvais. Une fois, deux fois, j’ai cru la rattraper. Je voulais lui saisir la main, voir son visage, rencontrer ses yeux. Mais chaque fois que je tendais le bras pour la toucher, elle s’évanouissait pour réapparaitre un peu plus loin, courant et riant toujours.

J’ai fini par trébucher et tomber contre le sable humide. Je me suis redressé et, m’asseyant, je regardais autour de moi. Plus de rire, plus d’apparition. Rien que le brouillard et le bruit de la mer.

A l’horizon, je distinguais une boule rouge en pleine ascension.

Alors j’ai passé mes bras autour de mes genoux, y ai posé mon menton, et j’ai fermé les yeux.

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décembre 20

Camera obscura

Depuis cette sombre chambre sise à l’écart du monde
J’observe cette vie qui s’écoule sans moi
Je vois les illusions, les peines, les émois
Qui agitent les cœurs en une triste ronde

Collé à ma fenêtre, j’observe, l’air absent
Ces êtres qui s’activent sans but ni raison
Ces jolies marionnettes aux babilles abscons
Qui tournent, dansent et bougent comme change le vent

De cette boite vide où je me suis blotti
Je les vois comme des ombres sur mes murs glisser
Tout en griffes, serres et crocs, prêts à me dévorer
Me briser tous les os, et me mettre en charpie

Caché dans mes ténèbres, de loin je les surveille
Pris dans mon isolement, dans ma sombre folie
Je les crains, les attends, les espère, meurtri
Pleurant ma solitude dans mon demi-sommeil

Au fond de cette alcôve, de mon affreux tombeau
Je gémis ma souffrance, appelant un secours
Mais si une main se tend, je recule, souffle court
Peureux de retrouver la lumière d’un flambeau

Dans ma pauvre poitrine vacille une étincelle
Souhaitant une assistance pour à nouveau briller
Mais mon cœur trop sensible, lacéré, atrophié
Ne veut qu’obscurité pour taire ses peines nouvelles.

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décembre 18

L’illusionniste

Il ya longtemps, mon monde s’est écroulé. J’avais perdu « l’essence », l’envie d’exister. Allez savoir pourquoi, la vie en a décidé autrement. Sur le sable et les ruines, j’ai commencé à rebâtir. J’ai construit un semblant de vie, une façade, un masque, une coquille dans laquelle je me suis lentement glissé.

Mais la coquille étant trop étroite, trop restrictive, j’ai construit indépendamment un monde secondaire. Parti du néant, j’ai tout assemblé, construit des rêves, peuplés d’illusions et de fantasmagories. Lorsque l’existence dans ma coquille m’était pesante, il me suffisait de m’échapper vers cet autre monde, de me glisser dans le songe.

Le temps passant, cette fuite est devenue presque constante. La coquille qui m’enveloppait dans le réel était bien trop étroite, bien trop limitée. Même si elle m’aidait à tenir dans une vie qui peu à peu devenait insupportable.

Un jour, alors que la vie avec cette coquille semblait pour tout le monde se dérouler tranquillement, j’ai cédé face à une illusion. J’ai cru voir un signal. Ce signal et cette illusion ont peu à peu rongé la coquille. Et la façade que j’avais mis si longtemps à bâtir, à sécuriser s’est fissurée. Le sable sur lequel elle était installée s’est mis à glisser. Sortant de ma coquille, j’ai poussé à bas cette éphémère construction. En sortant de cette coquille, je pensais enfin pouvoir être.

Et puis l’illusion s’est désagrégée. Je me suis retrouvé à contempler les ruines de ce que j’avais si lentement bâti, écroulées sur ce banc de sable.

Aujourd’hui, les ruines sont couleur de cendre, le sable s’est changé en verre.

Il ne me reste que les songes. Mais même eux commencent à me fuir, comme s’ils n’avaient plus besoin de moi pour exister.

Aujourd’hui je contemple les vestiges de mes rêves et je ne trouve plus l’énergie pour tenter de les reconstruire.

Aujourd’hui je suis ruines et bâtiments délabrés, rongés par l’absence d’utilité, abandonnés au néant dont ils avaient surgis.

décembre 11

Froidombre

En une forêt obscure faîte de troncs figés
De branches distordues à l’aspect maléfique
De racines serpentant sur un sol désertique
Balayé par le gel et les brumes glacées

Entre les piliers sombres rongés par les ténèbres
De ces arbres enchainés dans un monde hors du temps
Sous la pâle lumière d’un astre agonisant
Un bloc d’obsidienne marque une présence funèbre

Sur la surface noire quelques lignes passées
Encadrent un visage patiné par les ans
Bien que pris dans la pierre il en semble vivant
On croirait presque voir sur ses lèvres une buée

Rodant prêt de la stèle, glisse une sinistre engeance
Toute couverte d’ombre et l’aspect décharné
Les mains telles des serres, esprit désincarné
Emplissant de terreur par sa seule présence

« Toi qui erre par ici, sais-tu quel est ce lieu »?
C’est la voix rocailleuse de cet engoulevent
Qui résonne partout, emportée par les vents
Et saisit votre cœur lorsqu’il croise vos yeux

Sa glaciale emprise s’empare de tous vos membres
Et soudain votre corps vous apparait vidé
Votre énergie s’est vue d’un seul coup aspirée
Vous voici condamné, il n’a plus qu’à vous prendre

Et vers cette sombre stèle, il va vous emporter
Posant votre dépouille sur ce froid minéral
Et vous enfermera dans le vide abyssal
De votre tombe amère que vous vîntes trouver.

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décembre 10

Condamné

Sous les vieilles craquelures de ma carcasse usée
S’éteignent d’antiques astres perdant leur énergie
Ils éclairaient les mondes de rêves évanouis
Que ma pauvre cervelle a trop vite oublié

Un à un, lentement, tombent ces vieux flambeaux
Soufflés par le néant qui ronge mon intérieur
Il étend son emprise depuis mon propre cœur
Au rythme de ses râles et de ses soubresauts

Le chagrin sur mon corps déploie son froid manteau
Consumant les rares flammes qui encore m’animaient
Une triste nuit d’hiver où toute âme gèlerait
Emplit chaque parcelle de mon être à nouveau

Renonçant à la lutte, j’accueille l’obscurité
Les ténèbres s’emparent de toute trace d’énergie
Je ne peux triompher devant cet ennemie
Cédant au désespoir, ma raison a flanché

Que cette ultime douleur me conduise au tombeau
J’ai perdu tous mes rêves, corrompu tous mes songes
Qu’en cette immense absence mon éternité plonge
Mon temps doit s’achever, brisé par tant de maux

Qu’il ne reste pas trace de ma triste existence
Nul autre ne doit jamais emprunter ce chemin
L’on y trouve que malheur, tourments sans aucune fin
Que mon sinistre sort scelle toute cette souffrance.

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novembre 28

Astre mort

Je sens craquer mes os sous sa force oppressante
Ce vide envahissant rongeant mon énergie
Dévorant mon essence, sournoisement, il grandit
Enfermant mon esprit dans une langueur croissante

Il aspire ma vie, lentement, insidieusement
Absorbant toute joie, consumant l’émotion
Ne laissant que tristesse, douleur, aliénation
Instille en moi le froid, me figeant hors du temps

Mon cœur de cristal mille fois endommagé
Emprisonnait ce mal. Mais sous l’effondrement,
Ce sombre maelstrom, en vil conquérant
A pris son expansion quand l’organe s’est brisé

Il était déjà là, il attendait son heure
Ancré dans les ténèbres qui m’ont toujours hanté
Se glissant en chaque faille de ma pauvre psyché
Œuvrant secrètement à nourrir mes terreurs

Qu’est-ce qui pourrait freiner ce sinistre vampire?
Qui connait le remède à son obscure poison?
Avant que tout mon être ne perde la raison
Peut-on me délivrer de son odieux empire?

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novembre 24

Abandon

J’en appelle aux puissances qui un jour m’ont créé
J’invoque votre clémence pour mes fautes passées
En ce jour je renonce à toute rébellion
Courbé, à vos genoux j’implore votre pardon

Je vous laisse ce monde, je ne le supporte plus
Je ne peux plus souffrir ce cœur, ce fardeau
Je n’aspire qu’au silence, à la paix du tombeau
J’abandonne la conscience, être je ne veux plus

Laissez-moi regagner l’arbre d’éternité
Intégrer mon cocon où je m’endormirai
Niant mon existence, alors je rêverai
Devenant énergie, forge de songes, oublié

Faites ce qu’il vous plaira de l’enveloppe, de l’essence
Je cesse d’exister dès votre décision
Je ne veux plus sentir la douleur, l’émotion
Il n’y a plus ici pour mon être que souffrances

Ai-je donc tant fait de mal pour un tel châtiment?
Il en fallait bien un qui choisisse ce chemin
Pour maintenir l’équilibre de cet étrange Destin
Il fallait un coupable, un semeur de tourments

Toutes mes exactions servaient l’œuvre du Temps
Une fois terrassé par votre brève union
J’ai accepté mon sort, cette chair prison
Envoyé dans ce monde, me suis fait pénitent

J’ai trop longtemps vécu sur cette triste planète
Seul l’éphémère rêve a prévenu la folie
Mes quelques illusions se sont bien vite enfuies
Je ne souhaite plus qu’une chose: que cette vie s’arrête.

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novembre 19

Séisme

Sur les terres d’Outre Monde, sèches et désolées
La pluie à grosses gouttes revient se déverser
Mon cœur de cristal vibrant dans sa douleur
Fait raisonner les cieux d’un nostalgique chœur

Une sourde souffrance ébranle mon esprit
Me voici à nouveau pris de mélancolie
Mes secrètes blessures se sont encore rouvertes
Mon âme se racornit, transie par cette alerte

C’est une lame de fond, contrecoup d’un instant
Où s’est vu effacer le flot de mes tourments
Une bulle de bonheur qui s’était déployée
A son point culminant est venue éclater

Par propagation cette onde à réveillé
Des émotions enfouies, mon être s’est fissuré
S’engouffrant dans la brèche, tous mes anciens démons
Sont montés à l’assaut, disloquant leur prison

Sous la vague j’ai en vain volé vers mon refuge
Dans la mer de nuage secouée par le déluge
Tout mon corps soudain a failli s’embraser
Alors que j’atteignais l’ile à l’arbre sacré

Le doute pris corps en moi, amer et tranchant
Que faisais-je en ce monde, moi, terrible dément
Pourquoi chercher encore l’être de rédemption
Moi qui ne suis que mort, ténèbres, malédiction

Je dois une fois de plus chercher à apaiser
Le torrent d’émotions qui vient tout ravager
Retrouver la musique qui m’apporte l’harmonie
Cicatrise les plaies et calme l’agonie.

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novembre 18

Les danseurs

Dans sa course infinie, le temps s’est suspendu

Pendant quelques instants, portés par la musique

En quelques pas de danse dans cette bulle magique

La douleur, la tristesse, pour moi n’existent plus

 

Il n’y a que l’instant, la douce ondulation

L’étincelle des regards, l’onde qui nous parcourt

Qui vibre et nous emporte, nous laisse le souffle court

Un éclair fugace où brulent mille émotions

 

Le rythme est ralenti, l’esprit exacerbé

La raison laisse place à l’expression des sens

Les cœurs se font plus proches en cette salle immense

Qu’à tout autre moment, par la vague soulevé

 

Tant de messages passent par le seul toucher

Un monde de partage s’ouvre entre les danseurs

Un canal secret, dialogues cœur à cœur

Sans aucune parole, l’ouïe étant saturée

 

Je suis toi, tu es moi, la frontière est brouillée

Nos souvenirs se mêlent comme nos sensations

Une étrange harmonie nous emplit de frissons

L’espace d’une seconde nos âmes ont fusionnés

 

Sur un dernier accord, les couples se saluent

La magie se retire, l’espace reprend ses droits

Reste un pâle souvenir qu’un souffle chassera

Jusqu’à une prochaine danse, un nouvel absolu.

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