mars 17

Lumos – partie 1

Le frôlement des rais de lumière matinal tira Céleste de son sommeil. Il avait fait un étrange rêve où la lumatière n’existait pas. Dans ce songe, les êtres essayaient désespérément de capturer la lumière pour la conserver. Mais lorsque l’étoile qui les éclairait disparaissait, ils s’abîmaient dans d’épaisses ténèbres, priant pour le retour de la lumière.

Clignant des yeux pour chasser les dernière bribes de ce songe, le jeune homme laissa son hypnolierre en saisir les dernières gouttes. Dans quelques heures, la plante les transformerait en petit joyaux colorés. En fonction de la teinte de ces derniers, Céleste les offrirait peut-être à la belle Ethélia.

Ethélia… La simple évocation de ce nom faisait battre plus vite son cœur et pétiller ses yeux. Leur contact avait commencé par une simple ligne émotionnelle, laissée par une inconnue près de l’une des créations du jeune homme.

Car Céleste créait… Il était Embélisseur du Songe. La plupart du temps, il s’agissait simplement pour lui d’entretenir les jardins d’Éther, donnant du souffle par ici, tissant par là. Comme ses pairs avant lui, il devait s’assurer que les plantes soient bien nourries, en bonne santé. Mais il avait hérité d’un talent particulier : lorsqu’il rêvait, il donnait vie à des joyaux de lumière dont il se servait pour créer de nouvelles variétés de fleurs.

C’est prêt de l’une de ses « enfants » qu’il avait découvert une fascinante fragrance émotionnelle, un après-midi de floraison. Inspiré par cette impression, il donna vie la nuit suivante à une superbe fleur à corolle azur. Et le lendemain, après avoir installée la nouvelle venue dans les jardins, il trouva laissé à son intention un petit cristal transparent contenant un mot : Ethélia.

Par la suite, leur correspondance s’était étendue : l’inconnue déposait ses messages vibratoires près des œuvres du jeune homme et lui y répondait en écho.

Ils avaient fini par convenir de se rencontrer un jour : « lorsque les lumen danseraient sur les champs d’Ialou. » Et ce jour approchait.

Aussi Céleste espérait-il que les joyaux formés par ses songes auraient la teinte qu’il espérait. En effet, il s’était donné comme objectif d’offrir à la belle Ethélia une fleur à la hauteur de ce qu’elle éveillait en lui : un magnifique assemblage de cristaux rouge flamboyant. Il lui avait déjà trouvé un nom : Amour.

Étrangement, créer des joyaux de cette couleur se révélait complexe. Le jeune homme avait beau songer à la mystérieuse Ethélia, l’appeler de toute son âme, le résultat n’était pas là. Il avait donc demandé conseil à son mentor, le vieil Esprit. Ce dernier avait réfléchi longtemps, fait plusieurs recherches dans les lumothèques avant de lui répondre :

« Pour obtenir cette teinte, il faut que tu instilles un fragment de ton étincelle dans le songe. Alors seulement, tu obtiendras ce que tu souhaites. »

Cette révélation avait laissé le jeune homme interdit. Offrir un peu de son étincelle, c’était donner pleinement son être au domaine du Songe, au risque de la perdre. Se sentait-il prêt à un tel sacrifice ?

Indécis, Céleste rassembla les messages éthériques d’Ethélia et s’installa dans son atelier pour y réfléchir.


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Ecrit 17 mars 2018 par Damian dans la catégorie "Histoires courtes

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