août 16

Caliban

Je suis fais de terre brute et de roches brisées
Né de ses convulsions,calciné par ses feux;
L’écho de ma venue résonnant à cent lieux
Fendit un ciel de cendres en flèches ionisées.

A peine jeté au monde, déjà mille fois honni
Pour ma vile apparence, par tous conspué;
« A monstrueux visage, indicibles pensées! »
L’adage vite appliqué me condamne à la nuit.

Et pourtant, mon esprit, sous mon horrible face
N’aspire qu’à la beauté, la lumière et la vie.
Mon cœur, mon regard n’ont une once d’envie,
Nul mal ne réside sous mon affreuse cuirasse.

Mes sens s’ébaubissent devant une simple fleur!
Je ne veux l’effleurer pour la laisser sans trace.
Toute nymphe s’effraie de ma lourde carcasse
Fuyant à mon approche, disparaissant dans l’heure.

J’ai erré sur ce monde de si longues années
Ne trouvant devant moi qu’expressions de terreur
Que mon âme s’est vidée, lessivée par les pleurs
Mes jours mués en brume, par le Temps oublié.

Je me suis fais sauvage, solitaire, ténébreux
Évitant les humains pour les mieux observer.
Et malgré leurs erreurs, je reste fasciné
Par leur lien persistant avec le merveilleux.

Il circule en leurs peuples un sang noble et tranquille;
Ses enfants portent en eux l’éblouissante aura
Des être féeriques que le mal n’atteint pas:
Songes devenus chairs au caractères subtiles.


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Ecrit 16 août 2018 par Damian dans la catégorie "Eclats d'âme

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