Dissolution du moi
A nouveau les flots noirs font leur œuvre sinistre. Idées, mots, pensées, tout me semble fade et plat. Mes rêves sont faits de gris, ciels vides, plaines désertes. Rien ne bouge, rien ne vie. Le temps est figé dans cette lumière froide. Tout reflète le vide, l’absence, l’abandon. Si Muses il y avait, elles ont disparues. Même ce paysage de désolation semble sur le point de se désintégrer. Ses contours s’effritent, rongés par des ténèbres profondes, envahissantes. Je flotte dans ce néant de plus en plus sombre, me perdant peu à peu, niant bientôt ma propre existence, dissolvant ma substance dans ce vide absolu. Je suis l’écran sans images, l’instrument sans atmosphère, l’objet inutile n’ayant rien à faire là. Je suis absence, vide, néant, obscurité, silence. Mon être a disparu, dévoré par les ombres. Je suis une coquille vide, enveloppe sans contenu. Je ne suis plus rien. Moi n’existe plus. Je a disparu. Ne reste qu’un automate de chair.