novembre 22

Belle endormie

Par la fenêtre passe un rais chamarré d’or
Glissant sur la blanche nacre d’une épaule dénudée;
Quelques mèches obsidiennes viennent la caresser
Qui bientôt rejoindront l’oreiller où tu dors.

La soie d’une cotonnade couvre le doux satin
De ta gorge délicieuse, paisible, alanguie;
Tel le frôlement d’une vague sur la dune assoupie
La frêle étoffe dessine la coupole de ton sein.

La cambrure de ton flanc, la rondeur de tes hanches
S’esquissent en légerté sous le tissu complice;
Leurs courbures secrètes où nul ne s’immisce
Laissent entr’apercevoir un val où l’aube s’épanche.

Y a-t-il plus grandiose œuvre célébrant la Beauté
Que te voir étendue sous ce voile pudique ?
Gisante ensommeillée dans la lumière unique
D’un rouge matin d’automne au soleil mordoré.

Les cieux qui te contemplent ont-il seulement conscience
Du cadeau que tu offres en ton calme sommeil ?
Que ne donnerais-je point pour vivre cette merveille;
Pâle, le souffle court, sans oser un mouvement.

Allongé sur ta couche, à quelques mains de toi,
Immobile, de peur de briser cet instant,
Je resterais figé, craignant qu’en te touchant
Le beau songe ne s’efface, s’envole loin de moi.

Alors, ouvrant les yeux, je verrais ton absence,
Cette place déserte, ce vide inavouable.
Laissez-moi mon doux rêve, magique, inaltérable!
C’est un baume apaisant pour mon cœur en souffrance.


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Ecrit 22 novembre 2023 par Damian dans la catégorie "Eclats d'âme

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