décembre 20

Par delà l’obscurité

Par une nuit lugubre d’un hiver glacé
Dans un bois d’arbres sombres aux branches raides de givre
Où mes pas m’emportèrent, pareil à un homme ivre
Un sinistre murmure par le vent fut porté

Tiré de mes pensées par cet engoulevent
Je vis par devers moi une lumière danser
Entre les troncs noueux, elle semblait sautiller
S’éteindre et rejaillir dans un bref rougeoiement

Attiré par ces feux dans la froideur nocturne
Et par le son étrange d’une flute funèbre
Je m’approchais d’un lieu envahi de ténèbres
Une vaste clairière aux allures de Saturne

Un sol de terre nue planté de pierres dressées
Où glissaient quelques formes parées de capes sombres
Le visage masqué par des loups voilés d’ombres
Se tordant en un cercle où brulait un foyer

D’étranges borborygmes s’élevaient de cette foule
Des accords gutturaux, des formules scandées
D’horribles gargouillis et des voix déformées
Une affreuse assemblée de sorciers et de goules

Soudain, en un mouvement le groupe se figea
Le silence se fit, lourd et menaçant
Dans l’air résonna un étrange bourdonnement
Et la trame du monde lentement se déchira

Emergeant de l’abyme où elle fut enfermée
Appelée par les chants aux accords chaotiques
Et les lamentations d’adeptes extatiques
Une indicible horreur se trouvait libérée

Tenaillée par la peur, je fus cloué au sol
Incapable de lâcher le regard de la chose
Je la vis engloutir goulument la chair rose
D’un prêtre présidant à cette assemblée folle

Mon esprit combattant mon corps tétanisé
Cherchant l’échappatoire à l’horreur approchant
Je ne pus qu’assister, malade et impuissant
Au répugnant festin du monstre affamé

Ne pouvant qu’abréger l’inévitable sort
Désireux d’éviter de trop longues souffrances
Je plongeais, seul maître de ma courte existence
Dans la gueule béante de la Bête aux yeux morts

Dans l’immonde gosier le cœur me manqua
Ma conscience s’éteint, mon âme s’évanouit
Sombrant dans le néant je chutais de mon lit
Sortant de ce cauchemar empêtré dans mes draps

Un détail pourtant troublait mon horizon
Une forme indistincte perçue du coin de l’œil
Quelques notes funèbres, un froissement de feuilles
Me remémorent ce rêve et rongent ma raison.

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décembre 16

Souffle ardent

Au plus profond de cette terre
Dans une caverne oubliée
Au cœur d’un temple délabré
Sommeil une ombre millénaire

Son puissant souffle embrase la pierre
Brûlant jusqu’à la vitrifier
Un trésor repose à ses pieds
Fait d’or et de joyaux stellaires

Gesticulant dans sa torpeur
Le monstre ébranle les vieux murs
Le plus petit de ses murmures
Tonne à vous faire mourir de peur

Veillant sur ses grandes richesses
Il les couve d’un œil gourmand
Les défendant férocement
Dans cette sombre forteresse

Bien peu savent son existence
Perdue dans un lointain passé
Les anciens maîtres ont succombé
Sous le poids de leur ignorance

En creusant ils l’ont éveillé
Voulant s’emparer de ses feux
Faire de son sang miraculeux
L’esclave de leur éternité

D’un regard il les a soufflés
Tous ces héros devenus cendres
Ces prêtres qui voulaient le prendre
Devenus os calcinés

Prudence, sieurs aventuriers
Ne venez point chercher querelle
Nul guerrier même immortel
N’a jamais de lui triomphé

Sous les montagnes abandonnées
Dort le dragon aux écailles d’or
Longtemps il veillera encore
Après l’ère des hommes achevée.

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décembre 13

Mes erreurs

Encore une autre nuit où vient la lassitude
Où les secondes s’allongent, deviennent interminables
S’étirant telles un voile sur mon âme misérable
Enserrant mon esprit en pleine décrépitude

Revoilà les cohortes de ténèbres et chimères
Revenant me hanter quand ma vaillance faiblie
Prêtes à me déchirer, me réduire en charpie
A cribler tout mon corps de mils débris de verre

La souffrance renait dans mon esprit désert
Mes vieilles malédictions se rappellent à moi
Effacent mon bonheur à grand renfort d’effroi
Et nourrissent ma peine aux souvenirs d’hier

Mes doutes et mes démons m’isolent loin du monde
M’emplissent de solitude et de ressentiments
Attisent ma colère, prolongent mes tourments
Me poussent vers l’abyme de ma noirceur profonde

Alors chaque instant devient un vrai calvaire
La moindre émotion se trouve exacerbée
Rien de bon ne ressort de cette obscurité
Tout s’en trouve altéré, tout vient à me déplaire

Sinistres aspirations venues de cet Enfer
Des images de sang, de cendres et de néant
Saturent mes pensées, pressent mon enfermement
Pour les repousser tant d’efforts je dois faire

Je dois lutter sans cesse, contenir leur flot
Ensevelir leur source dans une sombre prison
Un cercueil de métal où elles tournent en rond
Refermer cette boite jusqu’au prochain assaut.

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décembre 9

Empathe

Ils me surnomment monsieur sensible
Celui qu’un mot peut fissurer
Homme de verre au cœur cassé
Aux blessures bien trop visibles

Une phrase, un geste mal assuré
Et c’est mon masque qui se brise
Laissant s’échapper l’humeur grise
Que me plaies laissent suppurer

Ma peau de glaise, d’argile séchée
Porte les traces de mes erreurs
Zébrures sombres, fils de douleurs
Etranges arabesques azurées

Certains tortionnaires persistants
Cherchent à percer ma carapace
S’acharnant sur sa surface
Jusqu’à y voir couler le sang

Ils ne peuvent voir que dans le fond
C’est leur propre chair qu’ils malmènent
Je ris, je pleure de leur déveine
Je souffre de leurs désillusions

Pour moi, ce monde est transparent
Aussi limpide que du cristal
Il n’est qu’une ombre, un triste voile
Devant l’abyme du néant

Je vois ces esprits s’agiter
Pour à tout pris marquer le temps
Laisser leur empreinte chaque instant
Se persuadant d’exister

Moi qui ne suis qu’un visiteur
Un voyageur de passage
Je ne suis qu’un simple mirage
A qui l’on a greffé un cœur

Toute cette vaine agitation
Me cause souffrance, me désespère
Vos vibrations, pauvres chimères
Sont la cause de mon émotion.

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décembre 2

Oryn

Sous un ciel de pierres aux voutes écrasantes
Ayant vu défiller d’innombrables années
Dans un antique recoin d’univers oublié
Trône un archange d’onyx aux ailes resplendissantes

Sa peau veinée d’argent flamboie sous les étoiles
Et son regard de nacre perce loin le néant
Pour mieux y observer les rouages du temps
Et percevoir la trame de cette immense toile

Lorsque l’ennui le prend, il s’élance vers le vide
Traverse l’immensité et plonge vers un monde
S’absorbant dans l’Aether, les énergies il sonde
Pour se nourrir des songes d’un rêveur livide

Il se fond dans les voiles de son imaginaire
Se glisse dans les replis de cette âme isolée
Donne vie à ses fantômes pour mieux s’en imprégner
Et saisir l’essence d’un esprit solitaire

Lorsque son appétit s’estime rassasié
L’archange reprend son vole, retourne à son perchoir
Pour mieux se délecter de son précieux nectar
Et presser cette essence jusqu’à la consumer

Le cœur à nouveau plein, il se met à créer
Chimères et phantasmes par son jeu prennent corps
Dansent en sarabande entre les astres morts
Et envahissent le vide pour mieux s’en échapper

A travers eux l’archange étend son territoire
Conquérant pas à pas les étendues du rêve
Il vit pour répandre ses ténèbres sans trêve
Et s’emparer des mondes à l’aide des cauchemars.

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