avril 28

Avalon

Sur une terre sacrée, dans les brumes du Rêve
S’ouvre une verte colline au coeur des forêts
Où il y a peu encore s’élevait un palais
Surplombant de son ombre une soyeuse grève

Les murs de pierre douce accueillaient vigne et lierre
Se parant de tentures émeraude ou carmin
Mêlés des rayons d’or de l’astre azuréen
Qui éclaire ces lieux où naissent les chimères

Un splendide jardin entourait la demeure
Bosquet de jeunes arbres en pleine floraison
Champs de roses, de violettes, écloses ou en boutons
Délicates fontaines aux murmures enchanteurs

Ici et là, un banc, sous un saule ombragé
Pour savourer le calme, les merveilleux parfums
Qu’exhalait à toute heure ce havre élyséen
Dans sa pleine lumière où sous une brève ondée

Ce songe au coeur du songe, je l’avais érigé
Pour y faire fleurir des souvenirs précieux
Tisser entre deux mondes un peu de merveilleux
Offrir à une compagne un écrin enchanté

Mais lorsque mon regard, sans lumière, s’est terni
Le sublime palais, soudain, s’est écroulé
Plantes, fleurs et arbustes, tous se sont fanés
L’étoile resplendissant s’est trouvée obscurcie

Rien ne reste aujourd’hui de ce divin endroit
Que ruines érodées et grouillantes ténèbres
Les doux murmures passés se sont fait chants funèbres
Le charme s’est brisé en même temps que moi.

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avril 15

Sec

Je suis tel un encrier vide
Une plume à la pointe asséchée
Une page à la blancheur livide
Un coeur où la vie a cessée

Comme une plante prise par le gel
Mon encre s’est lentement figée
Lorsqu’à court d’étincelles
Mon âme n’a plus su vibrer

Le rêve tant souhaité a fuit
Ne laissant qu’un corps vide et froid
Un esprit livré à la nuit
Une carcasse que l’ombre noie.

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avril 1

Pile et face

Un messager couvert de plumes
Est venu un soir me trouver
Dans mes mains il a déposé
Un pli cacheté orné de runes

Sur cette missive venue des airs
Figurait une invitation
Pour le grand bal des illusions
Qui, disait-on, devrait me plaire

Paré de ma plus belle tenue
J’ai embarqué pour le voyage
Au delà du voile de nuages
Qui nous sépare de l’inconnu

Dans les contrés de Faeries
Sous la lumière d’une lune d’argent
J’ai dansé loin de mes tourments
Bercé par une douce euphorie

Mais au premier rayon du jour
Le rêve s’est évaporé
Ma solitude j’ai retrouvé
Ses maux qui me font le coeur lourd

Par habitude j’ai tracé
Sur mon visage un masque fin
Pour dissimuler le chagrin
Et lentement me suis résigné

Mais chaque nuit lorsque vient l’ombre
Les souffrances reviennent me ronger
Et le bonheur tant espéré
Se perd dans une brume sombre

Ainsi en va-t-il de ma vie
Le gouffre en moi demeure caché
Il n’est rien qui puisse le combler
Car ma tristesse est infinie.

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