Avalon
Sur une terre sacrée, dans les brumes du Rêve
S’ouvre une verte colline au coeur des forêts
Où il y a peu encore s’élevait un palais
Surplombant de son ombre une soyeuse grève
Les murs de pierre douce accueillaient vigne et lierre
Se parant de tentures émeraude ou carmin
Mêlés des rayons d’or de l’astre azuréen
Qui éclaire ces lieux où naissent les chimères
Un splendide jardin entourait la demeure
Bosquet de jeunes arbres en pleine floraison
Champs de roses, de violettes, écloses ou en boutons
Délicates fontaines aux murmures enchanteurs
Ici et là, un banc, sous un saule ombragé
Pour savourer le calme, les merveilleux parfums
Qu’exhalait à toute heure ce havre élyséen
Dans sa pleine lumière où sous une brève ondée
Ce songe au coeur du songe, je l’avais érigé
Pour y faire fleurir des souvenirs précieux
Tisser entre deux mondes un peu de merveilleux
Offrir à une compagne un écrin enchanté
Mais lorsque mon regard, sans lumière, s’est terni
Le sublime palais, soudain, s’est écroulé
Plantes, fleurs et arbustes, tous se sont fanés
L’étoile resplendissant s’est trouvée obscurcie
Rien ne reste aujourd’hui de ce divin endroit
Que ruines érodées et grouillantes ténèbres
Les doux murmures passés se sont fait chants funèbres
Le charme s’est brisé en même temps que moi.