mai 29

Egérie

Oserais-je dire au monde votre douce beauté
Quand devant un miroir parfois vous vous mirez?
Cette si belle chevelure à la teinte cuivrée
Glissant sur votre nuque d’une gracieuse légèreté,

Ce malicieux regard couleur d’ambre brun
Flamboyant tel un astre lorsque la joie l’étreint,
Vos lèvres si charmante, délicates et fines,
Écloses comme un fruit mûr à la chair purpurine

Et votre peau de lys, légèrement satinée
Qu’à chaque mouvement je rêve de frôler.
Révèlerais-je aussi les courbes enjôleuses
Que cachent habillement vos toilettes charmeuses?

Je songe avec douceurs aux secrètes volutes
Qui habillent vos membres et cette tendre chute
De reins que dissimule tous vos atours de femmes
Pour mieux conquérir l’amant qu’ils désarment!

J’aimerais tant me faire bouchon de cette fiole
Déposant chaque jour une touche sur votre col
De cette exquise fragrance qui vous pare déjà
Comme la plus grande reine que cette terre porta.

Comme les perles liquide de ce précieux parfum,
Lentement je glisserais jusque sur votre sein.
Après avoir longuement baigné tout votre corps
Je viendrais effleurer votre précieux trésor.

Hélas, mille fois hélas, un destin bien retors
Nous prive l’un de l’autre, absurde coup du sort!
Jamais nous ne pourrons même un souffle partager:
Vous êtes si vivante, moi une ombre esquissée.

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mai 23

Chronoprisonnier

Elfes évanescentes, princesses des temps anciens,
Silhouettes entraperçues dans un mouvement subtile;
Demoiselles passantes sous des regards fébriles
Qui firent battre mon cœur d’un élan souverain

Aujourd’hui n’êtes plus que souvenirs perdus.
Spectres d’ombre, fumées et brumes vaporeuses
Avalées par le Temps et sa course furieuse,
De nos histoires ne restent que mon amour déchu.

Le Monstre jamais repu sur moi n’a pas de prise
Hormis de m’infliger d’innombrables blessures.
Il torture mon âme, la malmène, la fissure
Maintenant sa pressions jusqu’à ce qu’elle se brise.

Sur bien des éons, il en jette les fragments,
Me plaçant en témoin d’une fuite inexorable:
celle de son appétit, féroce et redoutable
Qui conduit toute vie vers ses derniers instants.

Dans mes veines, il répand son funeste poison,
Envahit mon esprit de son sinistre glas,
Fiche dans mon pauvre cœur de la peine chaque éclat
Que ravivent les flots d’anciennes émotions.

Pleure mon âme de tant de passions oubliées,
Coulent les larmes huileuses, regrets, incertitudes;
Tout mon être s’étiole, pétrit de solitude,
N’étant jamais perçu qu’en triste passager.

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mai 11

Adras

Dans les ruines oubliées d’un monde moribond
gisait l’obscure dépouille d’une créature honnie:
un traverseur de voiles porteur d’infamie
qui ébranla les Songes en fendant l’horizon.

Malgré sa toute puissance et son halo d’effroi,
le monstre fut vaincu, brisé par quelques mots.
Sur son corps déchiré, on apposa un sceau
effaçant ses pouvoirs, annihilant ses droits.

Puis on le fit renaître pour expier ses fautes.
Pour mieux le contrôler, on lui greffa un coeur,
une âme pleine de pureté, siège de mille douleurs,
une enveloppe de chair pour lui servir d’hôte.

On lui prêta le don d’une longue existence
dans un monde encore jeune d’un vibrant avenir.
De combien de manières, las, on le vit souffrir
emporté par la fougue de ses tout nouveaux sens.

Mille blessures, mille mort habillaient son destin,
rongeant son coeur de verre et son âme délicate.
L’une en particulier, insidieuse, sans hâte,
fendit le réceptacle sous le poids du chagrin.

La créature sombra dans une lente agonie,
laissée seul en un coin du monde reculé.
Les fragments de son coeur furent éparpillés,
son nom, son existence furent livrées à l’oubli.

La dernière nuit de lune en ce monde finissant
vit descendre des cieux un ange de lumière.
Dans la carcasse putride remit les bris de verre,
les ressoudant ensemble d’un pleur compatissant.

« Roi des ruines tu étais et tu subis mille peines.
Aujourd’hui tu n’es plus qu’un être ignoré.
De ma main je t’apaise, répare ton coeur brisé
car jusqu’à la lie tu as bue toute ta haine. »

Ainsi parla l’Elue au sinistre cadavre,
lui rendant enfin droit à une vie paisible.
D’un baiser elle scella son pardon invisible
avant d’emporter l’être vers son éternel havre.

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