mai 29

Ephémère

Oh si lointaines terres recouvertes de brumes,
Lorsque s’élève l’astre marquant le point du jour.
Oh champs immaculés parés de mils atours,
Par ces résilles d’argent plus légers que des plumes.

Mes étranges contrées peuplées d’êtres de songes,
Baignant dans la douceur d’éclats crépusculaires.
Ouvrez-moi le passage, fier peuple des chimères,
Laissez-moi oublier le mal qui me ronge.

Dans le pays du rêve, je souhaite retourner.
Loin des rumeurs d’un monde qui râle d’agonie.
Quand donc sonnera l’heure où les esprits honnis
Verront leur rédemption et leurs fautes lavées?

Derrière le voile léger tissé de rais stellaires,
Je distingue un visage attendant ma venue.
Une dame faite d’ombre dont le regard ému
Renferme la beauté de secrets univers.

Empêtré dans les mailles de ma prison de chair,
J’ai vu sa main se tendre jusqu’à presque me frôler.
Mais je n’ai pu l’atteindre, elle s’est évaporée,
Ne laissant derrière elle qu’un souvenir amer.

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mai 7

Siedh

Mon âme reviendrait bien vers ce chemin d’émeraude,
Ces hautes frondaisons et ce tranquille silence.
Ce lieu où rien ne compte, ni erreurs, ni absence
Juste l’instant présent où la douceur rôde.

L’on est bien, hors du temps, dans cette secrète bulle
Loin des douleurs du monde et de sa fausseté.
L’espace d’un battement de cils, dans cette enclave sacrée,
On se prend à rêver une vie qui nous émule.

La course n’a plus cours au coeur de ce miracle.
C’est le rythme de l’arbre, le bruissement du vent
Qui marque le passage, les saisons défilants,
Loin des rumeurs du monde et de tous ses obstacles.

Dans cet amphithéâtre au milieu des fougères,
Entouré des esprits venus des temps passés,
Chaque fibre de mon être se sentait apaisée.
J’y retournerai donc avant mon heure dernière.

Je retrouverai cette voie nichée entre les pierres
Où mon coeur hurlant soudainement s’est tut,
Dansant entre les feuilles, c’est la paix que j’ai vu,
Invitant à goutter un repos éphémère.

C’est le chant de la terre qui, là-bas, me mènera,
Suivant les astres errants et les cieux enchantés.
Alors se regrouperont les amis tant cherchés…
Si je reprends la marche, alors, qui me suivra ?

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mai 5

Ordo ad chaos

Il est de ces regards dont on tombe amoureux en l’espace d’un instant.
Il est de ces sourires qui font fondre le cœur et manquer un battement.
Quel délice alors lorsque ces miracles vous viennent de l’être aimé!
Plus rien d’autre ne compte en ces si doux instants que de s’émerveiller.

Il est de ces ténèbres qui vous enveloppe le cœur et vous enserrent l’âme,
Plantant leurs larges griffes et vous empoisonnant plus que n’importe quelle lame.
Brumes malévolent rongeant plus qu’un acide la moindre des pensées,
Entraînant vers l’abîme un esprit faiblissant pour mieux l’y consumer.

Chaque jour, Cœur errant espère l’un, trouve l’autre,
S’enlise dans la fange de ses égarements,
Cherchant un équilibre entre ces sentiments,
Pris dans des ouragans que ne perçoivent les autres.

Raison n’y comprend goutte et ne sait que penser.
Ne voyant en ce trouble qu’esprit désordonné,
Elle veut régenter l’âme pour apaiser ce fou,
Contenir ce chaos dont tout l’être se fout.

Combien proche est la chute, la totale implosion
Avant que Fol esprit refrène ses émotions,
Qu’il ramène sur leurs rails ses ersatz dérangés
Jusqu’au nouveau séisme venant tout bouleverser.

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mai 4

Cycle

De si jolis regards, de subtiles mouvements
Plongent un coeur meurtri dans un délicieux trouble,
Réveillent les fantômes d’une existence double
D’un être dont l’essence s’éteignait lentement.

Quelle secrète cruauté peut bien pousser la vie
A se moquer ainsi d’un esprit languissant:
Lui donner à croiser le tableau saisissant
D’une tranquille beauté tendrement assoupie.

Quel jeu sadique et froid que d’obliger un mort
A contempler une belle sortant droit de ses songes
Pour voir renaître un mal qui sourdement le ronge:
Aimer trop et sans l’être, tel est son triste sort.

Pourquoi cette torture ? L’âme est déjà brisée!
Le siège de son amour gît au sol, en morceaux.
Encore il va errer vers cette spirale de maux
Qui le laisseront hagard, faible, prêt à pleurer.

Lui voulait seulement trouver enfin repos,
Oublier cette passion pour mieux s’annihilier.
Son armure protectrice vient de se fissurer
Il court après des ombres, se perdant à nouveau.

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