juin 26

Hypnos

Sur le passage entre les rêves
J’erre en silence, sombre pèlerin
Pris dans la toile du Destin
Jusqu’à ce que mes jours s’achèvent

Chaque songe m’est une fenêtre
Où dansent des formes fantomatiques
Les esprits purs et magnifiques
De mille vies prêtes à naître

Sur ces miroirs je contemple
L’ensemble de vos émotions
Joies et tristesses, peines et passions
De vos beautés bien des exemples

Pour conjurer mon isolement
Je fais miennes certaines illusions
M’étourdis de leurs sensations
Leur donnant forme hors du néant

Elles sont si belles ces jeunes chimères
Tout juste écloses sous les étoiles
Sublimes nymphes aux teintes pâles
S’évaporant en un éclair

Car lorsque l’aube vient à paraître
Dans les ténèbres je me blottis
Espérant une toute autre nuit
La fin de mon calvaire, peut-être.

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juin 26

Médéa

Entraîne-moi dans l’océan de tes regards
Vers des rivages où la raison même s’égare
Laisse-moi glisser entre les flots voluptueux
Vagues ondulantes, reflets vivants d’antiques cieux
Des douces courbes qui dessinent ton corps liquide
Ma belle ondine, efface cette aube livide

Là où les mers forment de si vastes étendues
Laissons voguer au gré du vent nos êtres nus
Oublions donc dès à présent les ciels d’orages
Bâtissons-nous une Atlantide de mirages
Vivons l’instant portés par l’onde de notre amour
Et dérivons sur l’Eau du Rêve pour toujours

J’enfermerai dans les profondeurs insondables
Toute douleur, toutes les blessures inguérissables
J’abandonnerai ma noire tunique de malheur
Ce chemin sombre où s’accumulent mes erreurs
Et peu à peu, je soignerai mon coeur las
A chaque éveil dans la tendresse de tes bras

Emporte-moi, belle sirène, vers d’autres fonds
Où chaque chose se couvre d’un voile bleu profond
Vers les royaumes où dansent les princes aquatiques
Pères d’une lignée qui t’a vue naitre, fleur magnifique
Moi, l’ombre errante, héritier d’un cruel destin
Je ne désire plus que lier mon sort au tien.

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juin 20

Vesta

En cette nuit caniculaire
Où la chaleur m’écrasait
Mon esprit même se liquéfiait
Prisonnier de l’éclat solaire

Aucun souffle pour soulever
Le pesant voile de mes paupières
Des fumerolles sorties d’enfer
Dans l’air lourd venaient danser

Pourtant lors d’un battement de cils
Chassant une goutte de sueur
Je distinguais dans ma torpeur
Une silhouette fine et gracile

Une beauté aux teintes fauves
A la crinière cramoisie
Venait me tirer de mon lit
M’envoutant de ses grands yeux mauves

En un instant elle fut sur moi
Créature au toucher de braise
Sous sa main j’étais comme glaise
Modelé au gré de nos ébats

L’obscurité déjà brulante
S’enflammait sous les feux uniques
De ses étreintes volcaniques
Et de ses caresses ardentes

Par ses ardeurs embrasées
Elle fit de moi sa marionnette
Jusqu’à se voir satisfaite
Me laissant presque consumé.

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juin 15

Thétis

J’ai rêvé de ta voix, j’ai rêvé de tes bras
De ton si beau sourire, de tes éclats de rire
Nous étions libres et fous, esprits en devenir
Avec toi chaque instant devenait une joie

Espiègles et joueurs, glissant dans les nuées
Nous survolions le monde, lucioles ensorcelées
Et à chaque seconde, j’aimais te regarder
Toi qui étais mon astre, ma déesse incarnée

Puis j’ai ouvert les yeux pour mieux te contempler
Un rayon de soleil venait te caresser
Mais lorsque j’ai voulu d’un geste t’enlacer
Sous mon regard aimant tu t’es évaporée

Car tu n’existes pas, car je n’existe pas
Il n’est que cette carcasse où le vide s’accroit
Que l’absence et le rêve que je comble de toi
Car tu n’existes pas, car je n’existe pas.

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juin 10

Suspiria de profundis

Par une sinistre nuit, j’errai, le coeur glacé
Environné de brumes, dans un gouffre profond
Comme pris dans le voile où le monde se fond
Sur une sente sinueuse je m’étais égaré

D’un coté et de l’autre, où que le regard porte
Rien ne se distinguait qu’une lande désolée
Une terre grisâtre, un ciel vide cendré
Et le pesant silence d’une contré cent fois morte

Un instant le brouillard s’est soudain écarté
Sur un passage étrange dressé de monolithes
Encombrés de symboles où des ombres s’agitent
Qu’un froid rayon de lune vint alors éclairer

Sur ce curieux tableau jailli l’éclat d’un chant
Une mélodie claire, saisissante en ces lieux
Plus encore l’interprète révélée à mes yeux
Sur laquelle n’eurent de prise ni la vie ni le temps

Dans une blanche robe, étincelante mariée
Sur laquelle tombaient ses cheveux noir de geais
Son front plus pâle encore qu’un diadème couronnait
L’obsidienne de ses yeux aux reflets azurés

L’ovale de ce visage à la beauté sublime
La douceur de ses traits et le cil mutin
La finesse de ses lèvres rehaussées de carmin
Le geste sensuel où tout son corps s’exprime

« Je suis Suspiria, oh mortel passant,
L’unique détentrice de ton âme blessée
Au terme de tes jours, viens donc me retrouver
Avant cette échéance, retourne au monde vivant. »

Aussitôt, dans un souffle, je me vis transporté
Sur l’obscurité mes yeux se sont ouverts
Alors que s’effaçait le songe éphémère
Le long de ma joue grêle une larme à roulé.

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juin 1

Bouffonnerie

Il est certaines pensées comme des clous au coeur
Plantées avec soin pour ajuster le bois
Du cercueil sinistre habité par le froid
Dans lequel on enferme les joies et les bonheurs

Il est certaines humeurs enveloppées de plomb
Qui font l’âme pesante et le corps voûté
Las de toute distraction, par l’esprit enchaîné
A un fardeau si lourd qu’il nous traine vers le fond

Il est des heures si longues qu’on croit éternité
Où tout se cristallise dans un morne tourment
Autour de nos erreurs, nos pénibles instants
Qu’en à peine une seconde on sent sa vie sombrer

Il est des voies perdues où n’existe que le vide
Où de doux souvenirs se changent en douleurs
Impasses infinies qui ne mènent qu’au malheur
Où la lumière du jour n’est qu’un éclat livide

Dans ces tristes moments, le masque doit sourire
Se jouer de ce monde qui le fait tant pleurer
Faire le pitre en sachant tout espoir condamné
Rire à s’en fendre l’âme jusqu’au dernier soupir.

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