août 27

Apsara lënalyn

Lorsque sur la grand place minuit sonna
j’errais avec ma peine et ma mélancolie
empli d’obscures pensés mon esprit s’égara
vers une étrange foule me guidèrent mes pas
attiré par l’éclat qui emplissait la nuit
devant son origine mon coeur s’arrêta.

Dans un cercle formé par le rassemblement
près d’un joueur de vielle égrainant une rengaine
se tenait une femme vêtue de simples hardes
et sur l’amère musique que produisait le barde
doucement elle dansait, silencieuse, sereine,
éblouissant le monde de gracieux mouvements.

De son ventre semblait naître l’oscillation
se propageant aux hanches en un beau roulement
qui remontait l’échine pour atteindre ses bras,
l’ondulation sublime repartant vers le bas
glissant jusqu’à ses jambes prises de frémissements
jusqu’à charger le sol de mille vibrations.

De ses gestes légers elle liait les regards
irradiant alentour une chaude lumière
se servant de son corps comme d’un envoûtement
happant dans son halo peu à peu chaque passant
elle rayonnait dans l’ombre, si simple et singulière
et moi je m’effondrais, terrassé, l’oeil hagard.

Au matin, je sortis de cette curieuse torpeur
l’esprit encore empli des brumes de cette rêverie
complètement épuisé, ne sachant où j’étais.
De ce songe intriguant plus rien ne restait
cette danseuses et son barde jamais je ne revis
mais d’elle subsiste en moi une profonde langueur.

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août 25

Aeterna umbras

Lorsque l’esprit n’est plus constamment occupé,
sans cesse il ressasse de bien sombres instants.
Alourdi par leur poids, le coeur toujours souffrant
sur un dallage de marbre vient alors s’écraser.

Ses éclats s’éparpillent en milliers d’étincelles,
esquilles de cristal teintées de gouttes carmin,
comètes à la traîne sombre s’éparpillant au loin,
où sang et minéral par un sort s’entremêlent.

De la blessure béante laissée par l’absent
s’écoule une noire bile sans discontinuer
dont l’âme vénéneuse vient s’insinuer
entre chaque parcelle de cet esprit mourant.

De ce flot se relève la cohorte des ombres
qui hante les méandres de cette mémoire usée.
Les erreurs, les regrets, les espoirs brisés,
tant de tristes fantômes surgissent de ces décombres.

Lorsque ne reste plus qu’une infime lueur
noyée sous les assauts de ces spectres décharnés,
sur son Horloge le Temps se met à reculer
rassemblant les fragments de ce malheureux coeur.

Alors la vie revient dans la blême carcasse
toujours un peu plus faible, marquée par ses souffrances.
L’être reprend le cour de sa pâle existence
jusqu’à ce qu’à nouveau les ténèbres l’enlacent.

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août 8

Et terne idée

Gouttes de nuit coulant sur un ciel chargé,
constellé de fragments renvoyant la lumière
d’un astre qui se fond dans l’ombre singulière
s’étendant lentement sur une terre oubliée.

Rouages de métal aux dentures usées
grignotés par le temps et par l’obsolescence.
Mécanique grippée en dégénérescence,
carcasse éventrée aux entrailles corrodées.

Territoire désertique à la surface brulée,
où tournent des bourrasques de sable mêlé de cendres
dont les mugissement toujours se font entendre.
Odeurs d’ozone, de foudre et d’arbres calcinés.

Jardins abandonnés où ne croissent que les ronces,
dissimulant les ruines d’une antique bâtisse.
Bosquets garnis d’épines où les ombres se glissent
agités par le vent qui hurle sans réponse.

Vastes plaines de glace où n’erre que la mort,
surface blanche brillante qui blesse le regard,
vide sans horizon où tout être s’égare,
où la raison se perd, happée par le décors.

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août 7

Cléa

C’est une âme silencieuse, une ombre passagère
héritée des errances d’un esprit divaguant
le long d’un ruban sombre où s’écoule le temps
oeuvrant pour me conduire sur des voies singulières

en total désaccord avec certains voeux.
Lumineuse chimère visitant ma pensée,
y-as-tu déposé ton reflet amusé
sûre de pouvoir un jour apparaître en ces lieux?

Etrange petite fée à la douceur mutine,
libre de toute entrave car jamais incarnée,
instrument mystérieux d’une autre destinée,
sauras-tu en ce monde faire ta marque enfantine?

Astucieuse, riante, courageuse, effrontée,
bientôt comme ton père tu vogueras au loin.
Empruntant son manteau pour suivre son chemin,
tu embrasseras des yeux, d’un air émerveillé

héroïnes et sages de mille songes venus.
Aussi loin que te portent tes pas hors de ma vue
vas sans crainte et emporte avec toi mon coeur.
Entre tes fines mains il brillera de bonheur,

laissant s’épanouir ta divine jeunesse,
inspiré par ta joie et tes mots de tendresse.
Nul mal ne viendra ternir ton existence
et tes jours éclaireront ma lente renaissance.

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août 1

Catharsis

Ce soir j’ai pris la plume pour écrire quelques mots
à l’encre translucide toute pailletée d’argents,
couchant sur quelques pages d’un blanc resplendissant
tout ce que mon coeur saigne, tout ce qu’il tait trop.

J’ai mis sur le papier les doutes et la tristesse
compagnons de toujours qui lentement me dévorent,
tout le manque et l’absence, toute l’envie de tendresse,
la noirceur des regrets, le poison des remords.

Tout est révélé là, sur ces feuillets froissés:
les espoirs déçus, les voeux secrets et vains,
les paroles d’amour pour des êtres adorés
et les pleurs silencieux que mon âme retient.

Sur ces feuilles ivoirines, je me suis mis à nu
pour libérer le flot d’émotions qui me noie,
en rîmes lacrymales et vers maladroits,
d’un tracé agité qui ne veut être lu.

Lorsqu’enfin s’est tarie la source de ce torrent,
j’ai enfermé ces maux dans une enveloppe scellée.
Et pour cacher au monde l’horreur de mes tourments
au feu de ma chandelle cette missive j’ai brulé.

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août 1

Repentir d’Hamlet

Ophélia, Ophélia, belle nymphe, en tes eaux
j’aimerais tant me perdre, fuir ma solitude,
noyer entre tes bras cette grande lassitude
et faire taire ce coeur qui ressasse ses maux.

Laisse-moi me glisser dans le froid de ta couche,
entre les tiges aqueuses et les bouquets fanés.
Contre ta peau cireuse je viendrai m’allonger,
gouttant son captivant parfum à pleine bouche.

Je livrerai aux flots qui te tiennent prisonnière
l’étoffe écarlate qui me couvre à présent.
Et lorsqu’aura coulée chaque goutte de mon sang,
dans les feux du couchant rougira cette rivière.

Sur les rives des cieux à la nuit éternelle,
je trouverai alors le sommeil sans fin.
Et enfin réunis, nos âmes, main dans la main,
rêverons une vie plus douce, moins cruelle.

Nous tisserons les siècles que nous a pris le Temps,
loin de ce monde vain et de tous ses caprices.
Nous serons libres alors de ces milles supplices
et pourrons savourer sans crainte chaque instant.

Oh, comme tu me manques, ma si tendre Ophélia!
Sans toi, mon existence n’est qu’un puits de douleurs.
Les ténèbres me glacent, me privent de ta chaleur.
Je t’en prie, belle amante, reviens, reviens vers moi!

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