avril 14

Les étoiles sombres

Sous le voile éclatant de leur obscurité
Elles emplissent les cieux, lumineuses absentes
Drapées dans leurs ténèbres, ombres resplendissantes
Masquant leur existence et leur sombre passé

Elles ne quittent leur refuge que pour venir hanter
De leur pas silencieux et leur triste présence
Des êtres éplorés, marqués par la souffrance
Tirant de leur douleur leur essence altérée

Leur souffle mystérieux est empreint d’énergie
Voguant dans l’univers, ne faisant que passer
Elles essaiment leur voyage de biens étranges pensés
Inspirant des images chargées de nostalgie

Semant au gré des vents leurs germes cosmiques
Elles glissent leur néant au cœur même de la Vie
Perpétuant leur espèce par des enfants honnis
Dont l’existence même est une erreur inique

De leur progéniture naissent tous nos regrets
Nos tourments éternels, nos doutes, nos remords
Nous laissant sans repos, ne souhaitant que la mort
Pour gouter un jour au calme et à la paix.

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avril 7

Rêverie

Sous un chêne centenaire, je me suis assoupi
Profitant de son ombre, écoutant son murmure
Je me suis élancé, voletant dans sa ramure
Jouant avec les merles, les moineaux et les pies

J’ai vu passer des ciels aux millions de couleurs
Des astres s’allumer, embrasant l’univers
Des comètes zébrer l’azur de leur poussière
Comme le temps coulait tel un torrent rieur

J’ai vu mon corps tomber, redevenir cendres
Et mon âme s’élever pour arpenter l’espace
De toute l’humanité il n’y eut bientôt plus traces
Si ce n’est quelques ruines noyées sous la terre tendre

Devant mon regard neuf, l’infini s’est ouvert
Révélant ses secrets, sa magie, ses chimères
Chaque onde, chaque atome se sont mis à chanter
A mesure que mon être s’est fait plus éthéré

Tous ces sons en substance racontaient leur histoire
Les spasmes de la naissance, les douleurs, les espoirs
Leur peur de la mort, puis leur évolution
Le lent cheminement vers la résignation

« Voila l’aboutissement, les accords de la Fin »
« Vers la conscience ultime nous suivons le chemin »
Leur chant devient un mot, une syllabe, un phonème
Alors qu’ils fusionnaient, étrange phénomène

Et soudain devant moi parut l’éternité
Primordiale étincelle devenue entité
D’un regard je sus tout, passé, présent, avenir
Tous les plus grands mystères, erreurs, souvenirs

Je devins un instant chaque être de ce grand inconnu
Je savais, sentais tout de chaque individu
Noyé dans l’absolu, la suprême quintessence
Mon âme se dissolvait pour une nouvelle naissance

Alors je revins, graine emporté par le vent
Jeune pousse, si frêle, soumise aux éléments
Puis bientôt tronc solide, porté par mes années
Apprécié des dormeurs pour ma sérénité

J’étais devenu l’arbre gardien de mon sommeil
M’apportant la fraicheur sous ce puissant soleil
Une trille de pinson qui soudain retenti
Me tira du sommeil, me laissant ébahi.

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avril 7

Tourments

Lorsque le monde s’endort en suivant le soleil
Que le monde des rêves dévoile ses merveilles
Mon esprit, seul, demeure, sur son bout de rocher
Refusant le sommeil, ne voulant s’arrêter

Une ombre émergeante prend possession de moi
Glissant insidieusement tout le long de mon corps
Serpentant sous ma peau, infiltre tous mes pores
Jusqu’à m’atteindre au cœur, me distiller son froid

De ses longs tentacules, elle presse mon cerveau
Sinuant, silencieuse, dans les moindres recoins
Nerfs, circonvolutions, tout lui devient chemin
Pour mieux m’asservir, me pousser au défaut

Lentement elle instille ses sinistres idées
Fait le siège de mon âme pour me dénaturer
S’empare de mes pensées, de mes songes fabuleux
Pour mieux les corrompre, en faire cauchemars affreux

Cette sombre entité demeure invaincue
Même si mes efforts la poussent à reculer
Jamais je ne pourrais en être délivré
Elle nage dans mes ténèbres, douloureuse inconnue

Toujours, telle une hydre, d’elle un fragment demeure
De chaque légère blessure elle fait une peur
Nuit et jours dans mes yeux je la vois s’agiter
Car c’est d’une part d’elle que mon être est créé

Je suis elle, elle est moi, triste réalité
Une étincelle de force conquise au néant
Qui lorsque vient le doute attise mon tourment
Pour mieux me renvoyer à ma fragilité.

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