Silencieux spectre
Au grand bal des fantômes, je suis leur empereur
Plus silencieux qu’une ombre, esprit désincarné
Je glisse entre deux mondes, sans un regard croiser
Cachant dans mon suaire les lambeaux de mon coeur
Cet encombrant fardeau, de tous les maux porteur
De ma cage thoracique l’ai moi-même arraché
Ce semeur d’illusions je n’ai plus supporté
J’ai voulu faire cesser l’écho de ses douleurs
Du monde, pas à pas, je me suis effacé
Occultant patiemment chacune de mes traces
J’ai refermé sur moi un lourd carcan de glace
Plus aucun souvenir de moi n’est demeuré
Lorsque l’heure venue j’ai appelé la Mort
Mon cri dans le néant infini s’est perdu
Aucune voix d’outre-tombe n’a jamais répondu
D’un revers le trépas au loin m’a rejeté
Sur les rives d’une terre que je voulais quitter
C’est ici, à jamais, que je l’espère encore.