mai 19

Iris

Vous souvient-il, chère amie

Du soir où votre cœur faiblit

Vous chancelâtes dans mes bras

Perdue par quelque vif émoi

 

Vos yeux dont le mauve se voila

Quels autres cieux virent-ils là ?

Pour ne point vous voir à terre

Je maintins votre taille légère

 

Et contre mon épaule virile

Reposait votre cou gracile

L’ébène de votre chevelure

Rehaussant votre pâle nature

 

Pour vos couleurs retrouver

J’ai votre gorge libérée

Du carcan de votre col droit

L’ouvrant un peu plus pour cela

 

C’est là que le sens m’a manqué

À l’éclat de cette peau nacrée

Au creux de ce cou palpitant

Sans remords j’ai plongé les dents

 

La divine liqueur carmin

Attisant largement ma faim

À la fontaine de votre vie

Je me suis goulûment servi

 

Un frémissement de vos doux cils

Me surprit en cet acte vil

Dans vos yeux je vis la frayeur

À leurs bords l’esquisse de pleurs

 

Saisi par une grande émotion

Je sus mon abomination

Et comme au sortir d’un cauchemar

Me détournai de vos regards

 

J’appliquai une main sur vos plaies

Leur sang bien vite coagulait

Et vous voyant vous ressaisir

Je vous priai de me maudire

 

À ma surprise vous n’en fîtes rien

Plaçant sur mon bras votre main

D’une parole vous m’absolviez

Et d’un doux geste vous me sauviez

 

Si je rappelle ce souvenir

C’est qu’il me fait bien trop souffrir

N’aurai-je point dû vous achever

Plutôt que comme moi vous damner?


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Ecrit 19 mai 2014 par Damian dans la catégorie "Eclats d'âme

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