Repentir d’Hamlet
Ophélia, Ophélia, belle nymphe, en tes eaux
j’aimerais tant me perdre, fuir ma solitude,
noyer entre tes bras cette grande lassitude
et faire taire ce coeur qui ressasse ses maux.
Laisse-moi me glisser dans le froid de ta couche,
entre les tiges aqueuses et les bouquets fanés.
Contre ta peau cireuse je viendrai m’allonger,
gouttant son captivant parfum à pleine bouche.
Je livrerai aux flots qui te tiennent prisonnière
l’étoffe écarlate qui me couvre à présent.
Et lorsqu’aura coulé chaque goutte de mon sang,
dans les feux du couchant rougira cette rivière.
Sur les rives des cieux à la nuit éternelle,
je trouverai alors le sommeil sans fin.
Et enfin réunis, nos âmes, main dans la main,
rêverons une vie plus douce, moins cruelle.
Nous tisserons les siècles que nous a pris le Temps,
loin de ce monde vain et de tous ses caprices.
Nous serons libres alors de ces milles supplices
et pourrons savourer sans crainte chaque instant.
Oh, comme tu me manques, ma si tendre Ophélia!
Sans toi, mon existence n’est qu’un puits de douleurs.
Les ténèbres me glacent, me privent de ta chaleur.
Je t’en prie, belle amante, reviens, reviens vers moi!