novembre 9

Eternel

Sur une côte de granit balayée par les vents

Une triste chimère se tient face à la mer

Dans son pâle regard brulent des larmes amères

Le poids des souvenirs, les blessures du temps

 

Cherchant sur l’horizon une étincelle d’espoir

La créature se laisse fouetter par les embruns

Une question l’obsède, toujours sur son chemin

Occultant son jugement, l’enveloppant d’un voile noir

 

« Suis-je seul de cette espèce, essai infructueux? »

« Un songe abandonné dans ce monde tragique? »

« Quel est donc mon rôle dans cette farce inique? »

« Suis-je donc condamné à vivre malheureux? »

 

Dans son crâne s’entrechoquent ces interrogations

Jour et nuit elles tournent, rongeant lentement son âme

Epuisant peu à peu son essence de leurs lames

Car même depuis les cieux personne n’y répond

 

Lassée de ce manège, regardant vers le vide

La chimère a franchi le bord de la falaise

Sur les pics rocheux elle jette son malaise

Abandonnant la lutte, elle choisit la fuite

 

A peine a-t-elle senti son corps se déchirer

La douleur se répandre dans son moindre fragment

Qu’aussitôt elle retrouve les morsures des vents

Sur le bord du gouffre elle a été ramenée

 

Il ne reste de sa chute que quelques cicatrices

Un désespoir profond d’être toujours ici

Ses fautes oubliées la condamnent à la vie

Elle qui voudrait trouver une mort salvatrice.


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Ecrit 9 novembre 2013 par Damian dans la catégorie "Eclats d'âme

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