Mélanchorème
Sous un ciel brouillé par de grises zébrures
S’étend une morne plaine d’herbe rase et brunie
Rien ne brise l’horizon, pas l’ombre d’un taillis
Juste cette étendue, déserte jusqu’à l’usure
En plein centre, presque honteux, un arbre foudroyé
Unique repère sombre sur ce plat paysage
Echoué tel un navire à la suite d’un naufrage
Que la colère des cieux laissa carbonisé
Un lourd rideau de pluie recouvre tel un suaire
Ce lieu où l’espoir sombre, où seul règne l’Ennui
Aspirant lentement toute parcelle de vie
Transformant cette contrée en triste sanctuaire
Ici errent sans repos les âmes maladives
Marquées pas les souffrances, l’absence, l’isolement
Elles rôdent, désorientées, les larmes débordant
De leurs regards voilés par une clarté trop vive
Des odes à la douleur, des maux par milliers
Emplissent l’air glacial qui souffle toute étincelle
Une pesante atmosphère applique ses mains cruelles
Sur les épaules nues des esprits égarés
Spectre blême, mouroir, de tous abandonné
Ce monde détient l’essence qui ronge certains coeurs
Une fois instillée elle y reste à demeure
Jusqu’à ce qu’enfin l’être renonce à exister.