juillet 18

Coquille vide

Je suis seul, isolé, sur un ilot de pierre
Une main squelettique me serre soudain le cœur
D’anciens maux, des regrets éveillent ma douleur
Perdu dans une contrée trop inhospitalière

C’est en désert de ruines battu par les tempêtes
Où peur et abandon gouvernent les sentiments
Dans un chaos terrible où dominent les tourments
Balayant toute idée ou solution concrète

Les doutes, la mésestime y croissent à foison
Pompant toute énergie pour distiller leur sève
Et répandre leur poison sans faiblir et sans trêve
Brisant toute résistance, piétinant l’illusion

Une spirale infernale serpente vers l’abysse
Où disparaissent la joie, le bonheur et l’espoir
Ne laissant à l’esprit aucune échappatoire
Dans un cauchemar sans fin où les rêves s’assombrissent

Tout semble s’avilir, mourir, se consumer
Dans la bouche finale d’un absolu néant
La plus infime pensée s’abyme en un instant
Au cœur de cette absence où meurt l’éternité

Aspiré par ce gouffre à l’insatiable faim
Dans mon corps s’éteint toute étincelle de vie
Et tout mon être sombre dans ce vide honni
Perdant toute substance dans une chute sans fin.

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juillet 17

Les damnés

De quel astre viens-tu, poète aux pâles rimes
Dans ton triste regard flotte un éclat ternis
Tes épaules affaissées trahissent tes ennuis
Tu ploies sous le fardeau de ton manque d’estime

D’où descends-tu, sombre ange aux ailes noir de suie
Tombé plus bas que terre sous le poids de tes peines
Ton cœur consumé par le manque et la haine
De quelque obscur dessein te plongeant dans la nuit

Quel lieu t’a vu naitre, étrange voyageur
Qui t’a tant imprégné d’images majestueuses
Avant de t’exiler sur cette plage rocheuse
Où la marée t’apporte la mort et la douleur

Sous quels cieux mystérieux tes yeux ont vu le jour
Conteur à la voix douce et aux rêves brisés
Quand donc as-tu perdu l’art de t’émerveiller
Quel est ce grand secret qui te pèse si lourd

Vous tous, passagés de ma barge de chair
Entrainés vers le fond sous la lune livide
M’enserrez dans la toile de l’immensité vide
D’une mélancolie aux couleurs mortifères.

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juillet 7

Pauvre chevalier blanc

Pauvre chevalier blanc abîmé par le temps
Ton armure est en miettes rongée par l’oubli
Tous tes beaux idéaux ruinés par la vie
Tes rêves de bonheur s’enfoncent dans le néant

Plus de dragon maudit à passer par l’épée
Les monstres d’aujourd’hui brassent d’autres monnaies
Vendant terreur et mort sans la subir jamais
Cachés dans les bureaux de leurs tours blindées

Plus de belle en détresse à venir secourir
Elles sont devenues guerrières, féroces, enragées
Les dames d’aujourd’hui savent se protéger
Ne comptant plus sur l’homme qui pourrait accourir

Plus de grandes chevauchées criant sus à l’ennemi
Les guerres de ce monde se pilotent à distance
Laissant dans leur sillage toujours plus de souffrances
Il n’est plus de bravoure aux faits d’arme d’aujourd’hui

Les codes de chevalerie sont maintenant dépassés
Toi-même tu ne crois plus à ce rêve enchanteur
Le quotidien a eu raison de ta candeur
Tu végètes telle une ombre dans ton grand canapé

Ta promise t’a quitté, te voyant t’avachir
Ta lance s’est brisée, montrant ta déchéance
Devenu obsolète tu t’étioles en silence
Reniant tes serments, déçu par l’avenir

Elle est bien terminée l’époque des héros
Plus rien n’a d’importance que le poids de ton or
Tes dignes héritiers sont moins vivants que morts
Dans leurs sombres costumes derrière leurs bureaux.

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juillet 3

Coeur de verre

Lorsque les histoires fuient et les pages restent blanches
Les heures s’éternisent dans le désœuvrement
Les froides ombres s’immiscent en mon noir inconscient
Pour venir troubler mes pensées les plus franches

Une étrange amertume vient me serrer le cœur
Et mon esprit se meurt, épave abandonnée
Dérivant sous les vagues de mon âme brisée
Noyée dans les tourments d’une sinistre humeur

De blessantes paroles résonnent à mes oreilles
Ravivant des douleurs jamais cicatrisées
Exsudant une bile sombre et empoisonnée
Qui excite des démons jusqu’ici en sommeil

Lentement ma raison sous leurs feux se consume
M’attirant plus avant vers une voie sans retour
Sous d’illusoires cieux où planent les vautours
Se disputant mes restes d’une tombe qu’ils exhument

Les actions conjuguées des flammes qui m’envahissent
De mes sens défaillants, de mon corps fatigué
M’entrainent vers les ténèbres, menaçant m’emporter
Dans une spirale sans fin où les anges s’avilissent

Dans mon cerveau explose une pourpre orchidée
Alors que je m’effondre, accablé par mes maux
Je ne suis plus qu’un corps entrainé pas les flots
De sentiments amers qui viennent me submerger

Ainsi en chaque instant où le doute m’enserre
Mon être se lézarde, rongé par les souffrances
Et si rien ne paraît, j’agonise en silence
M’approchant un peu plus de ma demeure dernière.

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juin 28

Coupable!

Coupable! ont dit les juges avant de m’enchaîner
Coupable! a dis le prêtre de ne me repentir
Coupable! crie la foule avant de me maudire
Coupable! tonne le bourreau avant de me brûler

Pour n’avoir pas sût trahir, me défendre
Renier mes croyances, laisser ma liberté
Renoncer à mes choix, museler mes pensés
Le monde m’a condamné, refusant de m’entendre

J’étais libre penseur, enfant de la Nature
Vivant paisiblement sans jamais m’en cacher
Me tenant loin du mal, innocent et envié
Par trop de puissants, malfaisants et impurs

Ils ont pour m’abattre, fomentés un complot
M’accusant de blasphèmes, d’atteintes à leur foi
Tentant de me soumettre, m’imposant leurs lois
Me tenant responsable d’imaginaires maux

Tout fut vite réglé par leur sinistre engeance:
Par leur poigne de fer, mon ignorance broyée
Par leurs vilénies, mon honneur bafoué
Le sceau de l’infamie marquant mon existence

A jamais sur mon âme cette empreinte est tatouée
Souillant de sa noirceur toute possible descendance
Même si ma vie s’achève sur l’autel des souffrances
Je resterai coupable devant l’éternité.

juin 27

Antagonisme

Dans une geôle humide au cœur d’un vieux donjon
Git une étrange malle pleine d’images merveilleuses
Formées par mille songes et errance tortueuses
Aux frontières d’un monde engendrant les passions

Par un curieux mélange d’émotions et douleurs
Malmené par la vie, poussé par ses envies
L’artiste laisse lentement dériver son esprit
Et parvient à passer le voile de son malheur

Pour mieux transcender ses souffrances masquées
Il emprunte à ces rêves sensations et couleurs
Traduisant au profane le conflit intérieur
Entre ces brèves visions et la réalité

Son espace est centré sur ces instants fugaces
Où il communique avec d’autres sphères
Et le triste réel rongeant son univers
Ne lui laisse pour vivre que quelques rares espaces

Dans un monde ou tout est mesuré, quantifié
Où pour chaque élément il doit y avoir une case
La fibre créatrice est rapidement usée
Par l’œil rationnel et les esprits bornés.

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juin 26

Hyperborée

Terre perdue au delà des neiges éternelles
Balayée par les vents, oubliée par le temps
La pierre de tes ruines rongée par l’océan
T’efface de ce monde, continent irréel

Jadis en ta demeure s’épanouissaient des dieux
Dont la gloire s’est depuis diluée dans la nuit
Ceux qui te vénéraient il y a longtemps ont fuit
Vers de nouvelles conquètes, aventuriers des cieux

Au soleil permanent tes murs resplendissaient
Inondant de leurs ors la foule chamarrée
Des héros de tous temps et jeunes divinités
Venus te rendre grâce. Comme ils te chérissaient!

Phare luminescent des continents australs
Distillant ta sagesse aux peuples nouveaux nés
Conteurs et baladins t’ont vite abandonné
Lorsque tourna la roue du Destin boréal

Les éclats de ton feu brillant au firmament
S’éteignirent soudainement par un vil coup du sort
Les louanges à ta grâce cessèrent tout alors
Prestement remplacés par le dénigrement

Tes tours abandonnées cédèrent sous la menace
Ton astre déclinant vit ses fidèles soufflés
Balayés par les vagues d’une sinistre armée
Bientôt ta majesté fût brisée par les glaces

Aujourd’hui de ta flamme presque rien ne demeure
A peine un souvenir dans une chronique usée
Quelques vers perdus d’un poète fané
Et de noirs monolithes enveloppés de terreur.

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juin 25

Essence du rêve

Sur une mer d’huile où glissent, fier vaisseaux
De silencieux nuages d’un mouvement léger
Emergent ça et là des îlots tourmentés
Où gaiement s’enchevêtrent racines et arbrisseaux

Sous leurs pieds s’épanouissent d’étranges coquillages
Flotteurs improvisés pour ces curieux buissons
Bravant toutes les tempêtes avec force et raison
Pour permettre à cette flore une existence sage

Parfois sur l’un ou l’autre de ces jardins flottants
Croit et fleuri un arbre aux mils reflets d’argent
Porteur d’essence sacrée où s’abreuve le temps
Après le froid hiver pour un nouveau printemps

Entre ses vastes branches s’étirant vers la lune
La brume s’effiloche en grands voiles nacrés
Couvrant le vénérable d’un feuillage enfumé
Changeant et facétieux comme le sable des dunes

Cet étonnant verger à l’aspect irréel
Baigne dans la lumière d’une aurore éternelle
Ses fruits se nomment rêves, murissant chaque instant
Dans l’esprit des poètes et conteurs errants.

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juin 22

Osiris

D’un regard innocent au seuil d’une nuit d’été
Une déesse aux yeux fauves soudain m’a subjugué
En un battement de cils mon âme me fut volée
Dans un profond silence mon cœur a explosé

Les débris de mon être furent dispersés aux vents
Laissant dans ma poitrine les ténèbres et le vide
Des émotions sans bornes, sans chaînes qui les brident
Déchainant les tempêtes, causes de mils tourments

Ces maux incontrôlables tourbillonnent depuis lors
M’agitant, m’éprouvant chaque jour, chaque nuit
Dans un manège sans fin, ils consument ma vie
Epuisant un peu plus les fibres de ce corps

En vain j’ai essayé de les amadouer
Etranges nués d’insectes désirant m’asservir
Je les ai muselés pour mieux les retenir
Mais chaque instant je lutte pour pouvoir les dompter

Mes cellules sont hantées par cet organe manquant
Partout, à chaque secondes elles croient le percevoir
Dans le pli d’un visage, dans l’ombre d’un regard
Toujours elles poursuivent ces illusoires fragments

Et moi, pauvre pantin aux rouages brisés
En tous sens j’oscille, pris entre deux mouvements
La mémoire de mon être s’oppose aux sentiments
Secouant tous mes membres d’ondes désordonnées

Voici en peu de mots mon calvaire éternel
Marionnette sans âme, au cœur désagrégé
Cherchant les pièces manquantes pour me réassembler
Et faire taire les tourments de mon enveloppe rebelle.

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juin 14

La nuit désespère

Seul devant mon écran dans cette obscurité
J’évoque des images suscitant l’émotion
Qui pourtant restent mortes, n’enflamment point de passion
Perdu dans les méandres de mes sombres pensés

Scrutant le ciel noir passant à ma fenêtre
Je hulule à la lune pleine de sa lumière
Espérant que sa vue efface mes œillères
Pour pouvoir extirper une parcelle de mon être

La plume si prolixe ce soir reste muette
Et l’encre, cette drogue, demeure sans effets
Rien ne vient satisfaire mon nocturne forfait
La page reste vierge, sans un vers, blanche et nette

Des heures j’implore les Muses pour un maigre morceau
Un fragment, quelques lignes pour me sustenter
Assouvir mes désirs de poète fané
Et nourrir ma chair en noircissant ma peau

Un imposant silence pour unique réponse
Oh l’innommable vide, le terrible néant!
Mon esprit épuisé en reste chancelant
Et mon cœur s’emprisonne dans sa geôle de ronces

Il en ira ainsi de même chaque nuit
Mon âme pleure un poème, une miette d’inspiration
Puis s’enferme à nouveau dans sa tour d’illusions
Cherchant l’essence du rêve dans une lente agonie.

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