janvier 4

Amour

Entre les ajoncs bruns et les roseaux dorés
Sur les berges de ce lac j’aimerais t’emmener
Dans ta robe de dentelles et de perles nacrées
L’union de nos deux êtres à peine célébrée

Sur ces rives silencieuses, seul, je t’embarquerai
Sur un petit esquif du bois de cette forêt
Je te mènerai sur l’île que moi seul connais
Où j’ai bâti pour nous un refuge secret

Sur le seuil de cette porte je te déposerai
Laissant tes jolis yeux lentement s’émerveiller
Et sur ta divine gorge cette lame je passerai
Pour que ton sang carmin vienne tout égailler

C’est ainsi que je t’aime, couverte de rubis
Ainsi que je ferai pour te garder ici
Tu es ma toute belle, mon amour, ma folie
Jamais plus, loin de moi, tu ne seras partie.

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janvier 3

Sanguemortis

Dans les cigües amères, sous les ronces acérées
Entre les vieilles racines et les pierres couchées
D’un ancien sanctuaire aux rîtes oubliés
Serpente une rivière d’ombre et de sang mêlée

Les pâles rayons de lune glissent entre les branches
De hêtres centenaires à l’écorce très blanche
Quelques gouttes scintillantes d’une étrange rosée
Coulent du bord d’une feuille vers le ru empourpré

Entre deux racines bât la clameur de la terre
Humus palpitant où s’agitent les vers
Qui fouissent sous le sol de ce lieu défraichi
Où croupissent souvenirs et mémoires honnis

Méandres après méandres, le fleuve marécageux
S’éloigne de ce tertre à l’aspect vénéneux
Etendant ses bras sombres vers une plaine brulée
Où dansent des fantômes dans des bosquets fanés

Aux abords d’une stèle, un être demeure assis
Puisant d’une vieille coupe l’eau saumâtre et rubis
Et buvant à pleine gorge cet élixir maudit
Apportant à son âme la paix de l’agonie

Tableau de désespoir où rode la démence
Paysage fait de mort et de malévolence
Voici Sanguemortis, terre d’obscure beauté
Où parfois mon esprit aime à s’égarer.

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janvier 1

010114

Une autre aube se lève sur ma terre de cendres. Encore un millénaire qui
vient de s’écouler. Entre les nappes de brume épaisse glissent quelques
fragments de lune.
Les ruines tombent en poussière, sous la force du Temps.
Mais, même si la tristesse, les douleurs et les maux restent les mêmes,
un petit rien semble avoir changé.
Dans ce champ de désolation, sous la poussière grise et lourde, un
minuscule bourgeon argenté pointe hors du sol.
Un minuscule espoir, comme une main tendue. Juste quelque chose à quoi se
raccrocher, pour ne pas céder complètement à l’obscurité.
Le bourgeon fleurira-t-il ? Grandira-t-il? Quel sera son fruit?
Mystère…

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décembre 27

Ange gardien

C’est une voix dans la nuit qui me sort des ténèbres
Qui m’explique que la vie n’est pas toujours funèbre
Que quelquefois le monde sait s’emplir de beauté
A qui ouvre les yeux et veut bien l’accepter

C’est un autre regard, si proche et si lointain
Qui m’indique gentiment un moins triste chemin
Me retient par l’épaule, plein de compréhension
Et très délicatement apaise mes émotions

C’est une étrange lumière faite d’obscurité
Qui ranime en moi les flammes effacées
Qui éponge les larmes, atténue les sanglots
Et d’une main tranquille chasse un peu de mes maux

C’est un écho subtil qui dit les mêmes souffrances
Et calme mes terreurs par sa douce présence
Déliant les entraves crées par mes erreurs
M’éloignant de l’impasse où me conduit la peur

C’est une âme brillante tout droit sortie du songe
Qui me tire de l’abyme de tristesse qui me ronge
Et ouvre de ses doigts mon paysage de brume
Pour y faire pénétrer un doux rayon de lune.

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décembre 27

L’exilé

Dans l’immensité sombre de ce vaste univers

Erre un être exilé loin de ses origines

Sur une nef d’argent à la voile opaline

Il glisse entre les astres, mystérieuse chimère

 

Sans relâche, il déroule le fil de son destin

Ne sachant quoi chercher, quelle route croiser

Il vogue d’un bord à l’autre de ce vide éthéré

Doutant un jour de voir se profiler sa fin

 

Depuis le commencement, il a vu tant de choses

Tant d’espoirs, de batailles, de compagnons perdus

Sur lui laissent leurs marques sans le voir vaincu

Pourtant son coeur est lourd et son esprit morose

 

En lui dort un secret, celui de son exil

La faute qui l’a vu fuir loin de ses terres natales

Une profonde blessure qui fût presque fatale

Qui empoisonne son âme de remords stériles

 

Il y a si longtemps il a confié son coeur

Plein d’un amour pur à une nymphe sacrée

Mais la Mort, jalouse, l’a trop vite emportée

Enveloppant l’exilé d’une aura de malheur

 

Prisonnier du fantôme de cette unique amante

Coupable de son trépas pour l’avoir aimée

Pour l’infinie errance l’être s’est embarqué

S’enfermant à jamais dans sa douleur démente.

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décembre 24

Lutte

Pourquoi donc t’obstiner, cœur fébrile?
N’as-tu donc pas saisi que seul tu resteras?
Tu n’es pas destiné à aimer ici-bas
Ton improbable essence t’empêche toute idylle

Pourquoi donc me blâmer, raisonnable conscience ?
Toi, n’as-tu pas compris que j’ai besoin d’aimer?
Je suis fais pour sentir, souffrir, m’éprouver
Quitte à être blessé, à ressentir l’Absence

Es-tu donc si bête, machine à émotions ?
Ne vois-tu pas le mal qu’à notre âme tu fais ?
Tu la couvres de maux, l’assassine de secrets
Regarde, elle se meurt, tes vœux sont sa prison

Et toi, l’ordinateur, la cervelle logique
Constate donc l’effet qu’à l’âme tu infliges
Lentement elle s’étrécit car ta rigueur l’exige
Bientôt ne sera plus qu’un souvenir tragique

Silence, la raison! Apaise-toi le cœur!
Vos conflits incessants le déchirent et m’ennuient
Mon être se convulse, s’agite sans répit
Vous n’êtes l’un et l’autre que prophètes de malheur!

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décembre 23

A vif

Depuis le commencement, je chasse l’ombre d’une ombre

Une pâle illusion sur le miroir du monde

L’écho d’un idéal entraperçu dans l’onde

D’une mer infinie emplie d’abîmes sombres

 

Au moindre frôlement, à chaque vibration

Mon cœur cristal frémit, s’emballe et s’émerveille

Puis se brise lorsque vient le cruel réveil

Et mon âme réalise qu’elle aime une projection

 

Alors s’ouvre le vide qui lentement me dévore

Solitude, Absence, semeuses de tourments

Envahissent mon esprit à me rendre dément

Et me pousse sourdement à désirer la Mort

 

Malgré le temps qui file et mes yeux grands ouverts

Mon amour du rêve tisse toujours son voile

Et couvre mon regard de poussières d’étoile

Lorsqu’il croise celui d’une nouvelle chimère

 

C’est là mon maléfice et ma malédiction

A trop aimer le songe, il parasite ma vie

Et m’isole du monde par son charme d’oubli

Pour m’asservir il joue avec mes émotions.

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décembre 20

Camera obscura

Depuis cette sombre chambre sise à l’écart du monde
J’observe cette vie qui s’écoule sans moi
Je vois les illusions, les peines, les émois
Qui agitent les cœurs en une triste ronde

Collé à ma fenêtre, j’observe, l’air absent
Ces êtres qui s’activent sans but ni raison
Ces jolies marionnettes aux babilles abscons
Qui tournent, dansent et bougent comme change le vent

De cette boite vide où je me suis blotti
Je les vois comme des ombres sur mes murs glisser
Tout en griffes, serres et crocs, prêts à me dévorer
Me briser tous les os, et me mettre en charpie

Caché dans mes ténèbres, de loin je les surveille
Pris dans mon isolement, dans ma sombre folie
Je les crains, les attends, les espère, meurtri
Pleurant ma solitude dans mon demi-sommeil

Au fond de cette alcôve, de mon affreux tombeau
Je gémis ma souffrance, appelant un secours
Mais si une main se tend, je recule, souffle court
Peureux de retrouver la lumière d’un flambeau

Dans ma pauvre poitrine vacille une étincelle
Souhaitant une assistance pour à nouveau briller
Mais mon cœur trop sensible, lacéré, atrophié
Ne veut qu’obscurité pour taire ses peines nouvelles.

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décembre 11

Froidombre

En une forêt obscure faîte de troncs figés
De branches distordues à l’aspect maléfique
De racines serpentant sur un sol désertique
Balayé par le gel et les brumes glacées

Entre les piliers sombres rongés par les ténèbres
De ces arbres enchainés dans un monde hors du temps
Sous la pâle lumière d’un astre agonisant
Un bloc d’obsidienne marque une présence funèbre

Sur la surface noire quelques lignes passées
Encadrent un visage patiné par les ans
Bien que pris dans la pierre il en semble vivant
On croirait presque voir sur ses lèvres une buée

Rodant prêt de la stèle, glisse une sinistre engeance
Toute couverte d’ombre et l’aspect décharné
Les mains telles des serres, esprit désincarné
Emplissant de terreur par sa seule présence

« Toi qui erre par ici, sais-tu quel est ce lieu »?
C’est la voix rocailleuse de cet engoulevent
Qui résonne partout, emportée par les vents
Et saisit votre cœur lorsqu’il croise vos yeux

Sa glaciale emprise s’empare de tous vos membres
Et soudain votre corps vous apparait vidé
Votre énergie s’est vue d’un seul coup aspirée
Vous voici condamné, il n’a plus qu’à vous prendre

Et vers cette sombre stèle, il va vous emporter
Posant votre dépouille sur ce froid minéral
Et vous enfermera dans le vide abyssal
De votre tombe amère que vous vîntes trouver.

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décembre 10

Condamné

Sous les vieilles craquelures de ma carcasse usée
S’éteignent d’antiques astres perdant leur énergie
Ils éclairaient les mondes de rêves évanouis
Que ma pauvre cervelle a trop vite oublié

Un à un, lentement, tombent ces vieux flambeaux
Soufflés par le néant qui ronge mon intérieur
Il étend son emprise depuis mon propre cœur
Au rythme de ses râles et de ses soubresauts

Le chagrin sur mon corps déploie son froid manteau
Consumant les rares flammes qui encore m’animaient
Une triste nuit d’hiver où toute âme gèlerait
Emplit chaque parcelle de mon être à nouveau

Renonçant à la lutte, j’accueille l’obscurité
Les ténèbres s’emparent de toute trace d’énergie
Je ne peux triompher devant cet ennemie
Cédant au désespoir, ma raison a flanché

Que cette ultime douleur me conduise au tombeau
J’ai perdu tous mes rêves, corrompu tous mes songes
Qu’en cette immense absence mon éternité plonge
Mon temps doit s’achever, brisé par tant de maux

Qu’il ne reste pas trace de ma triste existence
Nul autre ne doit jamais emprunter ce chemin
L’on y trouve que malheur, tourments sans aucune fin
Que mon sinistre sort scelle toute cette souffrance.

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