Amarante
À la pénombre de ma fenêtre
Je vois le monde s’éveiller
Sur le drap fin et satiné
Dansent les rais du soleil à naître
À ma mémoire vient un printemps
Le souvenir d’une heure passée
Cette couche aux tissus froissés
Par deux corps s’enlaçant
Cette même lumière ce matin là
Glissant sur ton âme assoupie
Qu’étaient tes rêves, belle endormie?
Une simple suite à nos ébats?
Je mirais, moi, les étincelles
Que le jour venait placer
Sur ta peau, d’étoiles constellée
Aux senteurs d’épices et de miel
Tendrement, pour ne pas troubler
Ton sommeil, si léger, si pur
Je mêlais en ta chevelure
Mes doigts blancs à sa teinte cuivrée
Je savourais encore le goût
De tes lèvres, fraîches et charmantes
Au teint des roses si enivrantes
À peine écloses, parfum si doux
De mes yeux je te dévorais
Aimant chaque courbe un peu plus
Et lorsqu’enfin le jour parût
Dans un frôlement je t’embrassais
Il est si loin ce matin là
En mon esprit toujours vivant
Je m’y blottirai en mourant
Laissant derrière chair et lit froid.