août 1

Catharsis

Ce soir j’ai pris la plume pour écrire quelques mots
à l’encre translucide toute pailletée d’argents,
couchant sur quelques pages d’un blanc resplendissant
tout ce que mon coeur saigne, tout ce qu’il tait trop.

J’ai mis sur le papier les doutes et la tristesse
compagnons de toujours qui lentement me dévorent,
tout le manque et l’absence, toute l’envie de tendresse,
la noirceur des regrets, le poison des remords.

Tout est révélé là, sur ces feuillets froissés:
les espoirs déçus, les voeux secrets et vains,
les paroles d’amour pour des êtres adorés
et les pleurs silencieux que mon âme retient.

Sur ces feuilles ivoirines, je me suis mis à nu
pour libérer le flot d’émotions qui me noie,
en rîmes lacrymales et vers maladroits,
d’un tracé agité qui ne veut être lu.

Lorsqu’enfin s’est tarie la source de ce torrent,
j’ai enfermé ces maux dans une enveloppe scellée.
Et pour cacher au monde l’horreur de mes tourments
au feu de ma chandelle cette missive j’ai brulé.

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juillet 31

Repentir d’Hamlet

Ophélia, Ophélia, belle nymphe, en tes eaux
j’aimerais tant me perdre, fuir ma solitude,
noyer entre tes bras cette grande lassitude
et faire taire ce coeur qui ressasse ses maux.

Laisse-moi me glisser dans le froid de ta couche,
entre les tiges aqueuses et les bouquets fanés.
Contre ta peau cireuse je viendrai m’allonger,
gouttant son captivant parfum à pleine bouche.

Je livrerai aux flots qui te tiennent prisonnière
l’étoffe écarlate qui me couvre à présent.
Et lorsqu’aura coulé chaque goutte de mon sang,
dans les feux du couchant rougira cette rivière.

Sur les rives des cieux à la nuit éternelle,
je trouverai alors le sommeil sans fin.
Et enfin réunis, nos âmes, main dans la main,
rêverons une vie plus douce, moins cruelle.

Nous tisserons les siècles que nous a pris le Temps,
loin de ce monde vain et de tous ses caprices.
Nous serons libres alors de ces milles supplices
et pourrons savourer sans crainte chaque instant.

Oh, comme tu me manques, ma si tendre Ophélia!
Sans toi, mon existence n’est qu’un puits de douleurs.
Les ténèbres me glacent, me privent de ta chaleur.
Je t’en prie, belle amante, reviens, reviens vers moi!

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juillet 30

Prisonnier du Temps

J’ai vu bien des éons depuis ma prime jeunesse,
grandir bien des mondes, s’ériger des empires,
si tôt devenus ruines, bien pales souvenirs
brisés par leur orgueil, leur folie, leur paresse.

Tant d’êtres ont parcouru ce fragment d’univers,
brulant en un éclair toute leur énergie,
à peine une étincelle dans ce vide infini,
légers battements d’ailes de fragiles éphémères.

Certains laissent leur marque le long de mon chemin.
Compagnons ou amantes, amies, frères et soeurs,
errants sur mon passage, partageant mes douleurs,
depuis l’aube des temps liés à mon destin.

Entre nous se rejouent à chaque incarnation
comédies, tragédies, intrigues et unions
comme sur une scène, pris par nos émotions,
marionnettes impuissante d’une grande illusion.

Par un subtil tour joué contre les Dieux
le Temps a fait de moi son impuissant témoin,
condamné au savoir, pour la perte des miens,
sans jamais les sauver ni retrouver les cieux.

Je suis un exilé, un éternel errant,
prisonnier d’une forme qui ne sait que souffrir,
dont le coeur agonise de ne pouvoir périr,
spectre de solitude que personne n’attend.

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juillet 24

Fascination

Il est de ces regards où toute âme se perd,
intenses, lumineux, saisissants et profonds,
empreints de magnétisme, ceints de fascination,
les croiser marque l’être, efface tout repère.

Pour les apercevoir, on pourrait se damner,
prier dieux ou démons, implorer même la chance,
marchander chèrement le prix de son essence
pour le simple plaisir d’enfin y succomber.

Ces astres plus brillants que les plus belles étoiles
embrasent les esprits des plus terribles feux.
Qui n’a pas, pour le charme de quelques jolis yeux
défié l’univers et traversé ses voiles ?

C’est l’encre des poètes, la magie de l’aether
qui imprègne ces joyaux d’enchantements mystiques,
qui leur donne ce pouvoir, cette énergie unique
inspirant de hauts faits, tissant tant de mystères.

Un seul regard de vous vers moi, belle passante,
et ma plume s’éveille, oublie ses malheurs.
Une sublime émotion vient envahir mon coeur
et me dicte ces vers qui, j’espère, vous enchantent.

juillet 23

Creux

En cette heure où la nuit vient envelopper le monde,

où chacun apprécie la douceur d’un foyer,

en moi renaît la vague qui veut me submerger

ce flot teinté de cendres et d’ombres si profondes.

 

Ce soir, je me languis de la caresse des fées,

si léger frôlement, promesse singulière

mêlée d’enchantement, tendresse de chimères

apaisant les sanglots de mon coeur blessé.

 

Ce souffle langoureux glissant contre ma peau

qui éveillait en moi mille songes de beauté,

cette passion qui laissait tous mes sens enflammés

sont pâles souvenirs dans le froid du tombeau.

 

Alors que chaque rêve m’entraine vers leurs cieux,

que j’erre sans repos pour retrouver leurs chants,

mon espoir s’épuise quand au soleil levant

je ne trouve que le vide lorsque j’ouvre les yeux.

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juillet 20

Les marcheurs d’ombre

Sur les sombres chemins où me mènent mes pensées
tant de fragments d’aether flottent tels des fantômes.
Débris de souvenirs, sans substances ni arômes
petits cailloux de songe que laissent les égarés.

De ces éclats épars naissent des illusions,
dangereuses, attirantes, conçues pour étourdir,
emprisonnant celui qui cède à leurs plaisirs,
nourrissant ses fantasmes jusqu’à sa destruction.

De ceux qu’elles séduisent, elles ne laissent que l’enveloppe,
carcasse consumée dont l’âme s’est enfuie,
créatures faites de vide, spectres hurlant dans la nuit,
en tout ce qu’elles touchent l’infection se développe.

Pour mon plus grand malheur, nos routes se sont croisées
et l’une de ces ombres à effleuré mon coeur.
Nul doute qu’elle eut pu sonner ma dernière heure
si une main tendue ne m’avait attiré.

Dans les contrées sinistres où ne règne que l’ombre
mon salut est venu d’un autre esprit en peine.
Depuis nous avançons le long des tristes plaines
nous épaulant l’un l’autre dans ce monde de pénombre.

Tous deux avons connu les terres du cauchemar,
senti les brumes des limbes et leur morsure glacée.
Une part de nous même nous y avons laissé
en paiement du passage vers d’autres territoires.

Cette étincelle de vie qu’ont saisi les ténèbres
laisse d’étranges marques en nos âmes meurtries.
C’est là toute l’origine du lien qui nous unit,
compagnons de voyages, amis aux voies funèbres.

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juillet 17

Moïra

Lorsque sur l’onde danse la nymphe de la lune
et que la nuit s’éclaire de flammèches bleutées,
sur cette terre de songes je reviens admirer
les charmes délicats de cette beauté brune.

Sur sa peau opaline glissent des gouttelettes
qui, comme autant d’étoiles saupoudrées sur les cieux,
scintillent doucement, allumant de leurs feux
sa chevelure d’ébène constellée de perlettes.

Quelques runes secrètes offertes à mon regard
subliment sa pâleur, arabesques sensuelles.
Plus rien ne dissimule aux appétits charnels
ses courbes voluptueuses à la teinte d’ivoire.

De quelques pas légers, elle a enflammé l’eau,
accentuant ses gestes d’un onduleux mouvement.
Irradiant l’éther d’électriques frémissements,
lorsqu’elle a touché terre le monde s’est fait plus beau.

En un souffle, sans un mot, la belle m’a conquis,
ses yeux m’ont mis à nu alors qu’elle m’approchait.
Ses mains m’ont attiré contre son corps parfait
D’un effleurement des lèvres elle m’a donné la vie.

A ses tendres étreintes j’ai bien vite succombé
et d’échos en échos, de vagues en frissons,
me suis abandonné à l’extatique fusion
espérant que le jour ne vienne à se lever.

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juillet 16

Carrousel

Dans cette vaste salle aux lustres rutilants
Qui brûlent de mille chandelles comme autant de soleils
Une grande assemblée s’agite et s’émerveille
En fastueuses toilettes et ors chatoyants

A l’écho d’une horloge sonnant les dernières heures
D’une journée de fête, les convives s’égaient
S’approchant d’une estrade où le coup d’un archet
Fait aussitôt cesser de leurs voix la clameur

Un accord puis l’autre projettent hors de la foule
Les plus aventureux des couples de noceurs
Menés par la musique, talentueux danseurs
Et duos improbables se forment, virevoltent, roulent

Une vague impétueuse de ces êtres indolents
M’a propulsé vers toi, majestueuse princesse
Ta main tendue vers moi, porteuse de promesses
Posée sur mon épaule d’un délicat mouvement

Entrainés vers la piste sans autre introduction
Nous rejoignîmes la valse qui se déroulait là
Nos doigts et nos regards ne se détachant pas
Unis par la musique en une sourde émotion

Emportés par le rythme, nos peaux qui se frôlaient
Ivresse de nos sens, douceur et volupté
L’un et l’autre hésitant, nos coeurs affolés
Libres de toute contrainte nos esprits s’enflammaient

Lorsque, n’y tenant plus, nos lèvres s’approchèrent
En un tendre baiser pour nos âmes tout fût dit
Dans ce sublime instant le monde s’évanouit
Rien d’autre que nous deux mêlant nos univers

Dans le soudain silence, j’ai ouvert les yeux
Pour seulement découvrir une salle sombre et vide
Au sol la poussière tendant un voile livide
Sur l’absence totale de toute vie en ce lieu

Dans ce hall désert où seule danse l’illusion
Sur mon trône de nuit je m’en suis retourné
Attendant que revienne vers mon coeur déchiré
La fée sortie du songe qui ranime ma passion.

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juillet 14

Manque

Une fois encore reviennent en moi
les amères brumes de Solitude.
Ce dédale vide à la pierre rude
où règnent l’absence et le froid.

Entre ses griffes souterraines
j’erre tel une ombre, sinistrement,
cherchant la trace d’êtres vivants,
infime espoir qui m’entraîne.

Je ne souhaite qu’un peu de chaleur,
une simple étreinte pour dissiper
la tristesse qui vient me hanter,
ce tourment qui me ronge le coeur.

J’ai depuis si longtemps perdu
ces sensations, cette douceur
sublimant la vie de saveurs
que j’oublie les avoir connues.

Avec le manque, les souvenirs
mille fois remémorés s’effacent.
A ce jeu tout esprit se lasse,
laissant ses émotions flétrir.

Dans sa tour sombre, isolée
mon âme en peine lentement s’oxyde,
devenant carcasse livide
que le temps viendra dévorer.

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juillet 11

Mon étoile

Elle est mon seul firmament, esprit de lumière incarné
Grandiose flambeau resplendissant qui guide mon âme égarée
Tenant mes pas loin des ténèbres, m’enveloppant de sa présence
Eclairant ma voie de ses feux pour alléger mon existence

M’entrainant aux portes du rêve vers des chemins insoupçonnés
Sa douce chaleur fait naitre en moi des joies toujours renouvelées
Vous décrirais-je sa beauté que vous ne sauriez l’apercevoir
Elle dissimule ses éclats à l’abri d’envieux regards

Si d’aventure, elle est masquée par un nuage noir et pesant
A mes regards le monde s’éteint, privé de son sourire charmant
Alors mon coeur se fissure, retourne à son dédale d’ombres
Il me revient de vieilles terreurs à mesure que mon esprit sombre

Une pluie de cendres et de scories s’abat sur ma pauvre carcasse
Et sous un lourd manteau de nuit s’enfonce mon âme si lasse
Tant que demeure l’obscurité, que mon étoile reste voilée
Tout m’est agonie et souffrance, je suis fantôme désincarné

Lorsqu’enfin se dissipe le trouble qui me dérobait sa clarté
Tel un lys je m’épanouis sous le soleil retrouvé
Elle est mon astre, mon univers, avec elle je ne fais qu’un
Pour lui plaire, pauvre chimère, je combattrai jusqu’au Destin.

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