janvier 21

Fallen

Je suis fils des astres et de la voûte céleste
Chevaucheur des courants et prince des nuées
Mais pour avoir voulu par moi-même exister
Ici on m’a jeté, dans cette prison funeste

On m’a ôté ma flamme, capturé, enchaîné
Condamné à subir les affres et les tourments
Dans une cellule de chair, envoyé au néant
Errant parmi les êtres si vite trépassés

Mes yeux perçoivent toujours les dimensions cachées
Tout comme les secrets, les ténèbres en eux
Et mon âme résonne des accents mystérieux
Des chants de l’autre monde et des temps oubliés

Seules mes ailes ont été rompues, déchiquetées
Délicate attention des tyrans victorieux
Ils m’ont avili, marqué de leurs épieux
Et, sûrs de leur triomphe, ils m’ont exilé

Je suis l’ange tombé, au regard de nuit
Détenu dans votre Enfer contre ma volonté
Un jour je reprendrai chèrement ma liberté
Ne laissant derrière moi que plumes couleur de suie.

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janvier 20

Mélanchorème

Sous un ciel brouillé par de grises zébrures
S’étend une morne plaine d’herbe rase et brunie
Rien ne brise l’horizon, pas l’ombre d’un taillis
Juste cette étendue, déserte jusqu’à l’usure

En plein centre, presque honteux, un arbre foudroyé
Unique repère sombre sur ce plat paysage
Echoué tel un navire à la suite d’un naufrage
Que la colère des cieux laissa carbonisé

Un lourd rideau de pluie recouvre tel un suaire
Ce lieu où l’espoir sombre, où seul règne l’Ennui
Aspirant lentement toute parcelle de vie
Transformant cette contrée en triste sanctuaire

Ici errent sans repos les âmes maladives
Marquées pas les souffrances, l’absence, l’isolement
Elles rôdent, désorientées, les larmes débordant
De leurs regards voilés par une clarté trop vive

Des odes à la douleur, des maux par milliers
Emplissent l’air glacial qui souffle toute étincelle
Une pesante atmosphère applique ses mains cruelles
Sur les épaules nues des esprits égarés

Spectre blême, mouroir, de tous abandonné
Ce monde détient l’essence qui ronge certains coeurs
Une fois instillée elle y reste à demeure
Jusqu’à ce qu’enfin l’être renonce à exister.

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janvier 17

Récurrence

Entre les douces notes du piano de Chopin

Dorment les blêmes accords de ma mélancolie

Sur mon coeur s’étend un nuage incertain

Déversant sa tristesse en une fine pluie

 

Averse d’eau saline se teintant de carmin

Au contact du muscle, moteur de mes maux

Qui se plait à souffrir, à noircir son destin

Pour se sentir vivant, s’émouvoir à nouveau

 

Imprégné par l’humeur venue tout droit des Limbes

Où mon âme malade s’est longtemps égarée

Il ne peut plus ôter ce halo qui le nimbe

Le sceau de leurs ténèbres profondément marqué

 

Une main doucement tendu, quelques mots, un sourire

L’éloignent pour quelques temps de cette obscurité

Mais lorsque sa nature révélée les fait fuir

Dans ce carcan funeste il revient s’enfermer

 

Berceau de mon esprit, futile et inconstant

Tu n’aimes que le malheur car il t’est familier

Au regard des autres, tu joues l’indifférent

Abimé, trop craintif, pour être apprivoisé.

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janvier 16

Rengaine

Où es-tu mon Unique, gardienne de mon coeur?
Les brumes m’environnent, les ténèbres fondent sur moi
Quand pourrai-je trouver le refuge de tes bras,
Partager ta tendresse, apaiser mes douleurs ?

Lorsque le soir tombe, comme j’éprouve ton manque
Aucune douce main sur mon épaule posée
Pas de voix mélodieuse qui vienne me bercer
Calmant ma sourde angoisse et les peur qui la flanquent

Point de délicat souffle lorsque le monde s’endort
Et dans ce grand lit vide, personne à enlacer
Nul merveilleux visage, nulles lèvres à embrasser
Rien que les draps glacés, le silence et la mort

Même au coeur de mes songes je te cherche sans fin
Je cours après des ombres, croyant t’apercevoir
Je me perds lentement en de sordides cauchemars
Désirant à tout prix te rencontrer enfin.

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janvier 16

Mort et vif

Couché sur la pierre lisse de mon triste tombeau
Entre les bras glacés de Dame Solitude
J’écoute résonner le cri d’un noir corbeau
Qui égraine longuement ses mille vicissitudes

Ici-bas seuls demeurent l’Absence et le Vide
Mon esprit, mort pourtant, se peuple de pensées
Alors que les vers rongent mon cadavre livide
Mon âme prisonnière ne voit qu’obscurité

Tout ce que l’on raconte à propos du trépas
N’est que pure invention! Ni lumière, ni oubli!
Pour preuve ce caveau où l’on me déposa
Je ne l’ai pas quitté quand s’est enfuie ma vie

Dans mes sombres orbites nagent des rêves meurtris
Sous l’os de mon crâne s’entrechoquent les songes
Restant à mes cotés dans ma lente agonie
Ils sont pris dans la toile de ténèbres où je plonge

J’ai perdu la Beauté, j’ai perdu l’étincelle
Entrainant avec moi mes merveilleuses chimères
Mon unique bonheur, n’avoir mené ma Belle
Dans la terre grasse et lourde de cet odieux cimetière.

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janvier 14

Si doux péril

Tais-toi, mon coeur, tu déraisonne
Tu tisses encore tes illusions
Tu trompes mon âme en perdition
Troublant mon esprit qui frissonne

Tu vois du sens ou il n’y est
T’emmêle dans les sentiments
Amalgame de tristes fragments
Dans cette vision que tu te crée

Emprisonné par des regards
Te liant à une ombre croisée
A nouveau tu vas te blesser
Aux barbelés de leurs remparts

Pauvre organe bien trop romantique
Corde vibrante aimant séduire
L’Amour te fera donc périr
Tu aimes trop, cherchant l’Unique.

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janvier 11

Faux-semblants

Mon masque souriant, façade illusoire
Cache sous sa surface mille larmes de sang
La tristesse de mon âme en flots se déversant
Sous cette face blême et couverte de fards

Lorsque le soir tombe, je quitte le costume
Du jeune homme simple et doux, j’enlève mon carcan
Cette pesante armure mes maux dissimulant
Et les blessures secrètes qui lentement me consument

Sur ma poitrine mes ongles labourent, déchirent mes chairs
Pour atteindre mon coeur, le saisir, le broyer
Ma peau pâle se détache en plaques craquelés
Marquée ici et là par des songes amers

Sous ma calme apparence, un monstrueux pantin
Gesticule de douleur, muscles et organes à vif
Laissant dans son sillage moult sanglant motifs
Devenant invisibles le lendemain matin.

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janvier 10

Ce qui n’est pas

Sur cet îlot au bord du monde
Je regarde la vie défiler
Son flot incessant, agité
Sa course après chaque seconde

J’observe les être naitre et mourir
Leurs brèves histoires s’effacer
Et dans mon coeur enténébré
Une étrange plante s’épanouir

Corolle d’envie et de souffrance
Nourrie de manque, d’obscurité
Triste blessure à mon coté
Sinistre lys de l’Absence

Alors qu’en eux brille la lumière
De tant de tendresse partagée
Seule la douleur d’une âme brisée
Brule en mon corps de chimère

Ma différence, ma solitude
Cette lourde peine qui git en moi
Ternissent peu à peu chaque éclat
D’une rare et douce sollicitude

Personne, ici, venant m’étreindre
Dans cette prison isolée
Qui donc oserait s’aventurer
Dans le vide où tout vient s’éteindre?

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janvier 7

L’Ombeline

Belle Ombeline, petite fée
Voudrais-tu mon coeur réchauffer?
L’ombre s’étend encore en moi
Privant le monde de son éclat

Aujourd’hui mes refuges magiques
N’ont pas leur aura magnifique
Un sombre froid me glace les sangs
Un pale spectre aux mille tourments

Une larme de mélancolie
Court sur ma joue en cette nuit
Saurais-tu faire cesser mon mal
D’une tendre trille musicale ?

Petite fée, belle Ombeline
Du songe tu tires tes origines
Avec toi veux-tu m’emporter
Pour guérir mon esprit hanté?

A quoi bon vouloir essayer
Tu n’es qu’une muse fantasmée
Un bandage sur ma solitude
De ma folie un beau prélude

Petite Ombeline, tendre fée
Sur mon épaule viens te pencher
Recueille le fruit de mes sanglots
Tes tours ils serviront bientôt.

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janvier 5

L’insecte

Etrange petit papillon noir
Sur mon cœur s’est posé ce soir
Glissant en ma mémoire voilée
Comme un souvenir oublié

Une goutte d’eau sur un lac lisse
D’une nuit de pluie les prémices
Et doucement sur mon échine
Le frisson d’une pluie d’épines

Un regard au travers d’une fenêtre
Un passé, un futur à connaitre
Sensation tout juste effleurée
D’une certitude qui fut masquée

Le pied au bord d’un précipice
Dans mes tripes la pointe qui s’immisce
La sourde douleur de l’absence
Après le calme de l’innocence

Un cadre au sol qui s’est brisé
Lorsque l’insecte a voleté
Ma tête tombant entre mes mains
Le poids immense du chagrin

Sur mon crâne tombe les larmes du ciel
En moi s’étend l’ombre éternelle
Réminiscence des mois passés
Une blessure jamais fermée.

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