septembre 12

Monolithe

Sur un rivage vide de ce vaste océan,
Le regard dans le vague, perdu vers l’horizon,
Je sens tourner le monde, défiler les saisons,
Immobile, figé, dans un repli du Temps.

J’ai vu tant de navires faire voile vers l’aurore
Et revenir chargés d’histoires et de merveilles,
Se lier tant de cœurs, tant d’amours qui s’éveillent…
Pourtant, seul, je demeure, minéral, presque mort.

J’entends encore les rires des nymphes du Printemps
Passant par devers moi pour s’en aller danser
Aux fêtes de l’équinoxe puis au bal de l’été;
Mais jamais elles ne m’ont associé à leurs chants.

Je ne sais ni les mots qu’attendent les amantes,
Ni les douces mélodies pour leurs âmes charmer.
Je reste sans parole, de peur de les brusquer,
Leurs gestes restent mystères à mon âme défaillante.

Et lorsque les oiseaux, amoureux, lancent leurs trilles
Vers les cieux éclairés par le jour radieux,
J’étouffe les sanglots de ce corps souffreteux,
Attendant qu’à la nuit les belles étoiles brillent.

A elles, je confie mon mal, mes tourments,
Baignant ma vie blessée à leur douce lumière,
Et laisse couler les larmes, perles sombres et amères,
L’encre marquant les pages de ce triste roman.


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Ecrit 12 septembre 2023 par Damian dans la catégorie "Eclats d'âme

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