janvier 14

Si doux péril

Tais-toi, mon coeur, tu déraisonne
Tu tisses encore tes illusions
Tu trompes mon âme en perdition
Troublant mon esprit qui frissonne

Tu vois du sens ou il n’y est
T’emmêle dans les sentiments
Amalgame de tristes fragments
Dans cette vision que tu te crée

Emprisonné par des regards
Te liant à une ombre croisée
A nouveau tu vas te blesser
Aux barbelés de leurs remparts

Pauvre organe bien trop romantique
Corde vibrante aimant séduire
L’Amour te fera donc périr
Tu aimes trop, cherchant l’Unique.

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janvier 11

Faux-semblants

Mon masque souriant, façade illusoire
Cache sous sa surface mille larmes de sang
La tristesse de mon âme en flots se déversant
Sous cette face blême et couverte de fards

Lorsque le soir tombe, je quitte le costume
Du jeune homme simple et doux, j’enlève mon carcan
Cette pesante armure mes maux dissimulant
Et les blessures secrètes qui lentement me consument

Sur ma poitrine mes ongles labourent, déchirent mes chairs
Pour atteindre mon coeur, le saisir, le broyer
Ma peau pâle se détache en plaques craquelés
Marquée ici et là par des songes amers

Sous ma calme apparence, un monstrueux pantin
Gesticule de douleur, muscles et organes à vif
Laissant dans son sillage moult sanglant motifs
Devenant invisibles le lendemain matin.

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janvier 10

Ce qui n’est pas

Sur cet îlot au bord du monde
Je regarde la vie défiler
Son flot incessant, agité
Sa course après chaque seconde

J’observe les être naitre et mourir
Leurs brèves histoires s’effacer
Et dans mon coeur enténébré
Une étrange plante s’épanouir

Corolle d’envie et de souffrance
Nourrie de manque, d’obscurité
Triste blessure à mon coté
Sinistre lys de l’Absence

Alors qu’en eux brille la lumière
De tant de tendresse partagée
Seule la douleur d’une âme brisée
Brule en mon corps de chimère

Ma différence, ma solitude
Cette lourde peine qui git en moi
Ternissent peu à peu chaque éclat
D’une rare et douce sollicitude

Personne, ici, venant m’étreindre
Dans cette prison isolée
Qui donc oserait s’aventurer
Dans le vide où tout vient s’éteindre?

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janvier 7

L’Ombeline

Belle Ombeline, petite fée
Voudrais-tu mon coeur réchauffer?
L’ombre s’étend encore en moi
Privant le monde de son éclat

Aujourd’hui mes refuges magiques
N’ont pas leur aura magnifique
Un sombre froid me glace les sangs
Un pale spectre aux mille tourments

Une larme de mélancolie
Court sur ma joue en cette nuit
Saurais-tu faire cesser mon mal
D’une tendre trille musicale ?

Petite fée, belle Ombeline
Du songe tu tires tes origines
Avec toi veux-tu m’emporter
Pour guérir mon esprit hanté?

A quoi bon vouloir essayer
Tu n’es qu’une muse fantasmée
Un bandage sur ma solitude
De ma folie un beau prélude

Petite Ombeline, tendre fée
Sur mon épaule viens te pencher
Recueille le fruit de mes sanglots
Tes tours ils serviront bientôt.

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janvier 5

L’insecte

Etrange petit papillon noir
Sur mon cœur s’est posé ce soir
Glissant en ma mémoire voilée
Comme un souvenir oublié

Une goutte d’eau sur un lac lisse
D’une nuit de pluie les prémices
Et doucement sur mon échine
Le frisson d’une pluie d’épines

Un regard au travers d’une fenêtre
Un passé, un futur à connaitre
Sensation tout juste effleurée
D’une certitude qui fut masquée

Le pied au bord d’un précipice
Dans mes tripes la pointe qui s’immisce
La sourde douleur de l’absence
Après le calme de l’innocence

Un cadre au sol qui s’est brisé
Lorsque l’insecte a voleté
Ma tête tombant entre mes mains
Le poids immense du chagrin

Sur mon crâne tombe les larmes du ciel
En moi s’étend l’ombre éternelle
Réminiscence des mois passés
Une blessure jamais fermée.

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janvier 4

Amour

Entre les ajoncs bruns et les roseaux dorés
Sur les berges de ce lac j’aimerais t’emmener
Dans ta robe de dentelles et de perles nacrées
L’union de nos deux êtres à peine célébrée

Sur ces rives silencieuses, seul, je t’embarquerai
Sur un petit esquif du bois de cette forêt
Je te mènerai sur l’île que moi seul connais
Où j’ai bâti pour nous un refuge secret

Sur le seuil de cette porte je te déposerai
Laissant tes jolis yeux lentement s’émerveiller
Et sur ta divine gorge cette lame je passerai
Pour que ton sang carmin vienne tout égailler

C’est ainsi que je t’aime, couverte de rubis
Ainsi que je ferai pour te garder ici
Tu es ma toute belle, mon amour, ma folie
Jamais plus, loin de moi, tu ne seras partie.

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janvier 3

Sanguemortis

Dans les cigües amères, sous les ronces acérées
Entre les vieilles racines et les pierres couchées
D’un ancien sanctuaire aux rîtes oubliés
Serpente une rivière d’ombre et de sang mêlée

Les pâles rayons de lune glissent entre les branches
De hêtres centenaires à l’écorce très blanche
Quelques gouttes scintillantes d’une étrange rosée
Coulent du bord d’une feuille vers le ru empourpré

Entre deux racines bât la clameur de la terre
Humus palpitant où s’agitent les vers
Qui fouissent sous le sol de ce lieu défraichi
Où croupissent souvenirs et mémoires honnis

Méandres après méandres, le fleuve marécageux
S’éloigne de ce tertre à l’aspect vénéneux
Etendant ses bras sombres vers une plaine brulée
Où dansent des fantômes dans des bosquets fanés

Aux abords d’une stèle, un être demeure assis
Puisant d’une vieille coupe l’eau saumâtre et rubis
Et buvant à pleine gorge cet élixir maudit
Apportant à son âme la paix de l’agonie

Tableau de désespoir où rode la démence
Paysage fait de mort et de malévolence
Voici Sanguemortis, terre d’obscure beauté
Où parfois mon esprit aime à s’égarer.

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janvier 1

010114

Une autre aube se lève sur ma terre de cendres. Encore un millénaire qui
vient de s’écouler. Entre les nappes de brume épaisse glissent quelques
fragments de lune.
Les ruines tombent en poussière, sous la force du Temps.
Mais, même si la tristesse, les douleurs et les maux restent les mêmes,
un petit rien semble avoir changé.
Dans ce champ de désolation, sous la poussière grise et lourde, un
minuscule bourgeon argenté pointe hors du sol.
Un minuscule espoir, comme une main tendue. Juste quelque chose à quoi se
raccrocher, pour ne pas céder complètement à l’obscurité.
Le bourgeon fleurira-t-il ? Grandira-t-il? Quel sera son fruit?
Mystère…

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décembre 27

Ange gardien

C’est une voix dans la nuit qui me sort des ténèbres
Qui m’explique que la vie n’est pas toujours funèbre
Que quelquefois le monde sait s’emplir de beauté
A qui ouvre les yeux et veut bien l’accepter

C’est un autre regard, si proche et si lointain
Qui m’indique gentiment un moins triste chemin
Me retient par l’épaule, plein de compréhension
Et très délicatement apaise mes émotions

C’est une étrange lumière faite d’obscurité
Qui ranime en moi les flammes effacées
Qui éponge les larmes, atténue les sanglots
Et d’une main tranquille chasse un peu de mes maux

C’est un écho subtil qui dit les mêmes souffrances
Et calme mes terreurs par sa douce présence
Déliant les entraves crées par mes erreurs
M’éloignant de l’impasse où me conduit la peur

C’est une âme brillante tout droit sortie du songe
Qui me tire de l’abyme de tristesse qui me ronge
Et ouvre de ses doigts mon paysage de brume
Pour y faire pénétrer un doux rayon de lune.

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décembre 27

L’exilé

Dans l’immensité sombre de ce vaste univers

Erre un être exilé loin de ses origines

Sur une nef d’argent à la voile opaline

Il glisse entre les astres, mystérieuse chimère

 

Sans relâche, il déroule le fil de son destin

Ne sachant quoi chercher, quelle route croiser

Il vogue d’un bord à l’autre de ce vide éthéré

Doutant un jour de voir se profiler sa fin

 

Depuis le commencement, il a vu tant de choses

Tant d’espoirs, de batailles, de compagnons perdus

Sur lui laissent leurs marques sans le voir vaincu

Pourtant son coeur est lourd et son esprit morose

 

En lui dort un secret, celui de son exil

La faute qui l’a vu fuir loin de ses terres natales

Une profonde blessure qui fût presque fatale

Qui empoisonne son âme de remords stériles

 

Il y a si longtemps il a confié son coeur

Plein d’un amour pur à une nymphe sacrée

Mais la Mort, jalouse, l’a trop vite emportée

Enveloppant l’exilé d’une aura de malheur

 

Prisonnier du fantôme de cette unique amante

Coupable de son trépas pour l’avoir aimée

Pour l’infinie errance l’être s’est embarqué

S’enfermant à jamais dans sa douleur démente.

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