Niobée
Saurais-je vous décrire la versatile beauté
De celle qui de tout temps a faites siennes mes heures
Pourrais-je vous conter la si subtile pâleur
Et la discrète teinte de sa peau veloutée
Vous esquisserais-je encore la douceur de ses lèvres
Leur dessin si léger sublimé d’incarnat
L’émeraude et le jade entremêlent leur éclat
Dans l’iris d’un regard jalousé des orfèvres
Existe-t-il des mots pour vous dire la lumière
Qui court sa chevelure d’ambre et de tangerine
Descendant en cascade sur ses épaules fines
Devant elle le soleil passe pour une chimère
Vous parlerais-je enfin de ses formes éthérées
Toutes en courbes et volutes, collines et vallons
Où le moindre mouvement devient ondulation
Yeux et mains y volettent sans jamais s’épuiser
Elle vit, cette perfection, drapée d’ombre et de brume
Au coeur d’une contré à l’automne éternel
En ses bras chaque instant est une joie nouvelle
Un sourire d’elle vous fait moins pesant qu’une plume
Mais cette belle n’existe qu’à l’autre bout des songes
Dans un pays lointain au creux de mes pensés
Où gisent les souvenirs et les rêves tissés
Loin de l’obscurité et des maux qui me rongent.