juillet 17

Moïra

Lorsque sur l’onde danse la nymphe de la lune
et que la nuit s’éclaire de flammèches bleutées,
sur cette terre de songes je reviens admirer
les charmes délicats de cette beauté brune.

Sur sa peau opaline glissent des gouttelettes
qui, comme autant d’étoiles saupoudrées sur les cieux,
scintillent doucement, allumant de leurs feux
sa chevelure d’ébène constellée de perlettes.

Quelques runes secrètes offertes à mon regard
subliment sa pâleur, arabesques sensuelles.
Plus rien ne dissimule aux appétits charnels
ses courbes voluptueuses à la teinte d’ivoire.

De quelques pas légers, elle a enflammé l’eau,
accentuant ses gestes d’un onduleux mouvement.
Irradiant l’éther d’électriques frémissements,
lorsqu’elle a touché terre le monde s’est fait plus beau.

En un souffle, sans un mot, la belle m’a conquis,
ses yeux m’ont mis à nu alors qu’elle m’approchait.
Ses mains m’ont attiré contre son corps parfait
D’un effleurement des lèvres elle m’a donné la vie.

A ses tendres étreintes j’ai bien vite succombé
et d’échos en échos, de vagues en frissons,
me suis abandonné à l’extatique fusion
espérant que le jour ne vienne à se lever.

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juillet 16

Carrousel

Dans cette vaste salle aux lustres rutilants
Qui brûlent de mille chandelles comme autant de soleils
Une grande assemblée s’agite et s’émerveille
En fastueuses toilettes et ors chatoyants

A l’écho d’une horloge sonnant les dernières heures
D’une journée de fête, les convives s’égaient
S’approchant d’une estrade où le coup d’un archet
Fait aussitôt cesser de leurs voix la clameur

Un accord puis l’autre projettent hors de la foule
Les plus aventureux des couples de noceurs
Menés par la musique, talentueux danseurs
Et duos improbables se forment, virevoltent, roulent

Une vague impétueuse de ces êtres indolents
M’a propulsé vers toi, majestueuse princesse
Ta main tendue vers moi, porteuse de promesses
Posée sur mon épaule d’un délicat mouvement

Entrainés vers la piste sans autre introduction
Nous rejoignîmes la valse qui se déroulait là
Nos doigts et nos regards ne se détachant pas
Unis par la musique en une sourde émotion

Emportés par le rythme, nos peaux qui se frôlaient
Ivresse de nos sens, douceur et volupté
L’un et l’autre hésitant, nos coeurs affolés
Libres de toute contrainte nos esprits s’enflammaient

Lorsque, n’y tenant plus, nos lèvres s’approchèrent
En un tendre baiser pour nos âmes tout fût dit
Dans ce sublime instant le monde s’évanouit
Rien d’autre que nous deux mêlant nos univers

Dans le soudain silence, j’ai ouvert les yeux
Pour seulement découvrir une salle sombre et vide
Au sol la poussière tendant un voile livide
Sur l’absence totale de toute vie en ce lieu

Dans ce hall désert où seule danse l’illusion
Sur mon trône de nuit je m’en suis retourné
Attendant que revienne vers mon coeur déchiré
La fée sortie du songe qui ranime ma passion.

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juillet 14

Manque

Une fois encore reviennent en moi
les amères brumes de Solitude.
Ce dédale vide à la pierre rude
où règnent l’absence et le froid.

Entre ses griffes souterraines
j’erre tel une ombre, sinistrement,
cherchant la trace d’êtres vivants,
infime espoir qui m’entraîne.

Je ne souhaite qu’un peu de chaleur,
une simple étreinte pour dissiper
la tristesse qui vient me hanter,
ce tourment qui me ronge le coeur.

J’ai depuis si longtemps perdu
ces sensations, cette douceur
sublimant la vie de saveurs
que j’oublie les avoir connues.

Avec le manque, les souvenirs
mille fois remémorés s’effacent.
A ce jeu tout esprit se lasse,
laissant ses émotions flétrir.

Dans sa tour sombre, isolée
mon âme en peine lentement s’oxyde,
devenant carcasse livide
que le temps viendra dévorer.

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juillet 11

Mon étoile

Elle est mon seul firmament, esprit de lumière incarné
Grandiose flambeau resplendissant qui guide mon âme égarée
Tenant mes pas loin des ténèbres, m’enveloppant de sa présence
Eclairant ma voie de ses feux pour alléger mon existence

M’entrainant aux portes du rêve vers des chemins insoupçonnés
Sa douce chaleur fait naitre en moi des joies toujours renouvelées
Vous décrirais-je sa beauté que vous ne sauriez l’apercevoir
Elle dissimule ses éclats à l’abri d’envieux regards

Si d’aventure, elle est masquée par un nuage noir et pesant
A mes regards le monde s’éteint, privé de son sourire charmant
Alors mon coeur se fissure, retourne à son dédale d’ombres
Il me revient de vieilles terreurs à mesure que mon esprit sombre

Une pluie de cendres et de scories s’abat sur ma pauvre carcasse
Et sous un lourd manteau de nuit s’enfonce mon âme si lasse
Tant que demeure l’obscurité, que mon étoile reste voilée
Tout m’est agonie et souffrance, je suis fantôme désincarné

Lorsqu’enfin se dissipe le trouble qui me dérobait sa clarté
Tel un lys je m’épanouis sous le soleil retrouvé
Elle est mon astre, mon univers, avec elle je ne fais qu’un
Pour lui plaire, pauvre chimère, je combattrai jusqu’au Destin.

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juin 26

Hypnos

Sur le passage entre les rêves
J’erre en silence, sombre pèlerin
Pris dans la toile du Destin
Jusqu’à ce que mes jours s’achèvent

Chaque songe m’est une fenêtre
Où dansent des formes fantomatiques
Les esprits purs et magnifiques
De mille vies prêtes à naître

Sur ces miroirs je contemple
L’ensemble de vos émotions
Joies et tristesses, peines et passions
De vos beautés bien des exemples

Pour conjurer mon isolement
Je fais miennes certaines illusions
M’étourdis de leurs sensations
Leur donnant forme hors du néant

Elles sont si belles ces jeunes chimères
Tout juste écloses sous les étoiles
Sublimes nymphes aux teintes pâles
S’évaporant en un éclair

Car lorsque l’aube vient à paraître
Dans les ténèbres je me blottis
Espérant une toute autre nuit
La fin de mon calvaire, peut-être.

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juin 26

Médea

Entraîne-moi dans l’océan de tes regards
Vers des rivages où la raison même s’égare
Laisse-moi glisser entre les flots voluptueux
Vagues ondulantes, reflets vivants d’antiques cieux
Des douces courbes qui dessinent ton corps liquide
Ma belle ondine, efface cette aube livide

Là où les mers forment de si vastes étendues
Laissons voguer au gré du vent nos êtres nus
Oublions donc dès à présent les ciels d’orages
Bâtissons-nous une Atlantide de mirages
Vivons l’instant portés par l’onde de notre amour
Et dérivons sur l’Eau du Rêve pour toujours

J’enfermerai dans les profondeurs insondables
Toute douleur, toutes les blessures inguérissables
J’abandonnerai ma noire tunique de malheur
Ce chemin sombre où s’accumulent mes erreurs
Et peu à peu, je soignerai mon coeur las
A chaque éveil dans la tendresse de tes bras

Emporte-moi, belle sirène, vers d’autres fonds
Où chaque chose se couvre d’un voile bleu profond
Vers les royaumes où dansent les princes aquatiques
Pères d’une lignée qui t’a vue naitre, fleur magnifique
Moi, l’ombre errante, héritier d’un cruel destin
Je ne désire plus que lier mon sort au tien.

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juin 20

Vesta

En cette nuit caniculaire
Où la chaleur m’écrasait
Mon esprit même se liquéfiait
Prisonnier de l’éclat solaire

Aucun souffle pour soulever
Le pesant voile de mes paupières
Des fumerolles sorties d’enfer
Dans l’air lourd venaient danser

Pourtant lors d’un battement de cils
Chassant une goutte de sueur
Je distinguais dans ma torpeur
Une silhouette fine et gracile

Une beauté aux teintes fauves
A la crinière cramoisie
Venait me tirer de mon lit
M’envoutant de ses grands yeux mauves

En un instant elle fut sur moi
Créature au toucher de braise
Sous sa main j’étais comme glaise
Modelé au gré de nos ébats

L’obscurité déjà brulante
S’enflammait sous les feux uniques
De ses étreintes volcaniques
Et de ses caresses ardentes

Par ses ardeurs embrasées
Elle fit de moi sa marionnette
Jusqu’à se voir satisfaite
Me laissant presque consumé.

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juin 15

Thétis

J’ai rêvé de ta voix, j’ai rêvé de tes bras
De ton si beau sourire, de tes éclats de rire
Nous étions libres et fous, esprits en devenir
Avec toi chaque instant devenait une joie

Espiègles et joueurs, glissant dans les nuées
Nous survolions le monde, lucioles ensorcelées
Et à chaque seconde, j’aimais te regarder
Toi qui étais mon astre, ma déesse incarnée

Puis j’ai ouvert les yeux pour mieux te contempler
Un rayon de soleil venait te caresser
Mais lorsque j’ai voulu d’un geste t’enlacer
Sous mon regard aimant tu t’es évaporée

Car tu n’existes pas, car je n’existe pas
Il n’est que cette carcasse où le vide s’accroit
Que l’absence et le rêve que je comble de toi
Car tu n’existes pas, car je n’existe pas.

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juin 13

Suspiria de profundis

Par une sinistre nuit, j’errais, le coeur glacé
Environné de brumes, dans un gouffre profond
Comme pris dans le voile où le monde se fond
Sur une sente sinueuse je m’étais égaré

D’un coté et de l’autre, où que le regard porte
Rien ne se distinguait qu’une lande désolée
Une terre grisâtre, un ciel vide cendré
Et le pesant silence d’une contrée cent fois morte

Le méphitique brouillard s’est soudain écarté
Sur un passage étrange dressé de monolithes
Encombrés de symboles où des ombres s’agitent
Qu’un froid rayon de lune vint alors éclairer

Sur ce curieux tableau jaillit l’éclat d’un chant
Une mélodie claire, saisissante en ces lieux
Plus encore l’interprète révélée à mes yeux
Sur laquelle n’eurent de prise ni la vie ni le temps

Dans une blanche robe, étincelante mariée
Sur laquelle tombaient ses cheveux noir de geais
Son front plus pâle encore qu’un diadème couronnait
L’obsidienne de ses yeux aux reflets azurés

L’ovale de ce visage à la beauté sublime
La douceur de ses traits et le cil mutin
La finesse de ses lèvres rehaussées de carmin
Le geste sensuel où tout son corps s’exprime

« Je suis Suspiria, oh mortel passant,
L’unique détentrice de ton âme blessée
Au terme de tes jours, viens donc me retrouver
Avant cette échéance, retourne au monde vivant. »

Aussitôt, dans un souffle, je me vis transporté
Sur l’obscurité mes yeux se sont ouverts
Alors que s’effaçait le songe éphémère
Le long de ma joue grêle une larme à roulé.

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juin 1

Bouffonnerie

Il est certaines pensées comme des clous au coeur
Plantées avec soin pour ajuster le bois
Du cercueil sinistre habité par le froid
Dans lequel on enferme les joies et les bonheurs

Il est certaines humeurs enveloppées de plomb
Qui font l’âme pesante et le corps voûté
Las de toute distraction, par l’esprit enchaîné
A un fardeau si lourd qu’il nous traine vers le fond

Il est des heures si longues qu’on croit éternité
Où tout se cristallise dans un morne tourment
Autour de nos erreurs, nos pénibles instants
Qu’en à peine une seconde on sent sa vie sombrer

Il est des voies perdues où n’existe que le vide
Où de doux souvenirs se changent en douleurs
Impasses infinies qui ne mènent qu’au malheur
Où la lumière du jour n’est qu’un éclat livide

Dans ces tristes moments, le masque doit sourire
Se jouer de ce monde qui le fait tant pleurer
Faire le pitre en sachant tout espoir condamné
Rire à s’en fendre l’âme jusqu’au dernier soupir.

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