février 26

Terpsichore

Dans les obscurs méandres d’une ville labyrinthique
Je me suis égaré, courant après un rêve
Perdu entre les stèles d’un lieu où tout s’achève
J’errai, sinistre spectre à la mine tragique

La brume escamotait les murs de ce dédale
Effaçant peu à peu le moindre des repères
Et moi je m’enfonçais dans les souvenirs amers
Un chemin ténébreux pour une issue fatale

C’est vers cet Enfer que ta main s’est tendue
Dans ce noir profond tu as fais la lumière
Apportant avec toi un espoir éphémère:
Chasser affres et tourments de mon âme déchue

Pour un temps ta présence a éclairé mon coeur
Et j’ai vu s’éloigner mes trop sombres pensées
Vers des cieux merveilleux nos esprits ont volé
Avant que ne revienne l’écho de ma douleur

Alourdi par mes maux, j’ai relâché ta main
Pris dans un grand orage j’ai vu mes ailes brisées
Vers l’infernal abîme j’ai de nouveau plongé
Aussitôt entravé par son maudit gardien

Dans cette infâme prison je brûle mon existence
Et chaque instant je crains de te voir enchaînée
Envole-toi bien loin, précieuse âme liée
Préserve-toi toujours de cette déchéance.

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février 23

Echos

Gouttes d’eau tombant sur la surface lisse
Vibrations, souvenirs mués en douleurs
Si doux par le passé me brisent maintenant le coeur
Spasmes de la mémoire sur mes nerfs qui frémissent

Colère et chaos, tout mon être se révolte
Se comprime, explose, prêt à se déchainer
Tout plutôt que souffrir, échapper au passé
Libérer la tempête que mon corps récolte

Fuite, oubli dans l’abyme des illusions faciles
Pour ne plus faire face, disparaitre, m’enterrer
Dissimuler le vide qui m’empêche d’exister
Me perdre loin de ma vie dans des mondes futiles

Chagrin, tristesse, larmes, le poids de mes tourments
Caché dans les ténèbres, lentement je m’effondre
Dans l’infini néant mon âme va se fondre
Là-bas, seul, sans personne, j’effacerai mon temps

Déprime, désespoir, lassitude, abandon
M’enfonçant dans les brumes, je quitte le combat
Ma vie n’a plus de sens, je n’ai rien à faire là
Coquille vide souhaitant l’heure de sa disparition.

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janvier 30

Paisible dormeur

Dans un bouquet de chèvrefeuille
Le regard tourné vers les cieux
Dors d’un sommeil bienheureux
Le promeneur que la nuit cueille

Les cheveux baignés de rosée
Un sourire sur sa face pâle
Dans cette clarté vespérale
On croirait un ange allongé

A quoi rêve-t-il, ce bel enfant
Perdu dans les brumes éthérées ?
Loin du vacarme et des fumées
Des combats menés de tous temps

Sans doute voit-il sa dulcinée
A qui il est promis bientôt
Et dans ses songes, un peu plus tôt
Il croit pouvoir la retrouver

Il garde pour elle une bague
Symbole de son attachement
Un beau joyau rougi du sang
D’une rose qui éclos par vagues.

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janvier 24

Création

Dans un dédale à l’abandon ma vie repose
Statue de grès que le temps vient à éroder
Sur mon siège d’onyx, dans un songe, figé
Des larmes noires et huileuses sous mes paupières closes

Une cour de fantômes murmure autour de moi
Futiles illusions issues de mon esprit
Pour combler le silence, pour tromper l’ennui
Ils devisent entre eux, emplissent l’air de leurs voix

Parfois l’un de ces spectres vient à se rapprocher
Cherchant à me confier ses fausses émotions
Bien vite il s’écarte, chassé sans compassion
Et mes pensées retournent dans leur obscurité

L’une d’elle pourtant, un jour, ne recule pas
Elle s’installe à ma gauche, visiblement sans peur
Posant sur mon épaule son visage charmeur
Et me souffle à l’oreille un « Je n’existe pas. »

Mes pleurs, à ces mots, se sont mis à couler
Alors le tendre spectre a enveloppé mon coeur
De sa main éthérée a saisi ma douleur
Et s’est fondu en moi pour toujours y rester.

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janvier 21

Silencieux spectre

Au grand bal des fantômes, je suis leur empereur
Plus silencieux qu’une ombre, esprit désincarné
Je glisse entre deux mondes, sans un regard croiser
Cachant dans mon suaire les lambeaux de mon coeur

Cet encombrant fardeau, de tous les maux porteur
De ma cage thoracique l’ai moi-même arraché
Ce semeur d’illusions je n’ai plus supporté
J’ai voulu faire cesser l’écho de ses douleurs

Du monde, pas à pas, je me suis effacé
Occultant patiemment chacune de mes traces
J’ai refermé sur moi un lourd carcan de glace
Plus aucun souvenir de moi n’est demeuré

Lorsque l’heure venue j’ai appelé la Mort
Mon cri dans le néant infini s’est perdu
Aucune voix d’outre-tombe n’a jamais répondu

D’un revers le trépas au loin m’a rejeté
Sur les rives d’une terre que je voulais quitter
C’est ici, à jamais, que je l’espère encore.

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janvier 21

Fallen

Je suis fils des astres et de la voûte céleste
Chevaucheur des courants et prince des nuées
Mais pour avoir voulu par moi-même exister
Ici on m’a jeté, dans cette prison funeste

On m’a ôté ma flamme, capturé, enchaîné
Condamné à subir les affres et les tourments
Dans une cellule de chair, envoyé au néant
Errant parmi les êtres si vite trépassés

Mes yeux perçoivent toujours les dimensions cachées
Tout comme les secrets, les ténèbres en eux
Et mon âme résonne des accents mystérieux
Des chants de l’autre monde et des temps oubliés

Seules mes ailes ont été rompues, déchiquetées
Délicate attention des tyrans victorieux
Ils m’ont avili, marqué de leurs épieux
Et, sûrs de leur triomphe, ils m’ont exilé

Je suis l’ange tombé, au regard de nuit
Détenu dans votre Enfer contre ma volonté
Un jour je reprendrai chèrement ma liberté
Ne laissant derrière moi que plumes couleur de suie.

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janvier 20

Mélanchorème

Sous un ciel brouillé par de grises zébrures
S’étend une morne plaine d’herbe rase et brunie
Rien ne brise l’horizon, pas l’ombre d’un taillis
Juste cette étendue, déserte jusqu’à l’usure

En plein centre, presque honteux, un arbre foudroyé
Unique repère sombre sur ce plat paysage
Echoué tel un navire à la suite d’un naufrage
Que la colère des cieux laissa carbonisé

Un lourd rideau de pluie recouvre tel un suaire
Ce lieu où l’espoir sombre, où seul règne l’Ennui
Aspirant lentement toute parcelle de vie
Transformant cette contrée en triste sanctuaire

Ici errent sans repos les âmes maladives
Marquées pas les souffrances, l’absence, l’isolement
Elles rôdent, désorientées, les larmes débordant
De leurs regards voilés par une clarté trop vive

Des odes à la douleur, des maux par milliers
Emplissent l’air glacial qui souffle toute étincelle
Une pesante atmosphère applique ses mains cruelles
Sur les épaules nues des esprits égarés

Spectre blême, mouroir, de tous abandonné
Ce monde détient l’essence qui ronge certains coeurs
Une fois instillée elle y reste à demeure
Jusqu’à ce qu’enfin l’être renonce à exister.

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janvier 17

Récurrence

Entre les douces notes du piano de Chopin

Dorment les blêmes accords de ma mélancolie

Sur mon coeur s’étend un nuage incertain

Déversant sa tristesse en une fine pluie

 

Averse d’eau saline se teintant de carmin

Au contact du muscle, moteur de mes maux

Qui se plait à souffrir, à noircir son destin

Pour se sentir vivant, s’émouvoir à nouveau

 

Imprégné par l’humeur venue tout droit des Limbes

Où mon âme malade s’est longtemps égarée

Il ne peut plus ôter ce halo qui le nimbe

Le sceau de leurs ténèbres profondément marqué

 

Une main doucement tendu, quelques mots, un sourire

L’éloignent pour quelques temps de cette obscurité

Mais lorsque sa nature révélée les fait fuir

Dans ce carcan funeste il revient s’enfermer

 

Berceau de mon esprit, futile et inconstant

Tu n’aimes que le malheur car il t’est familier

Au regard des autres, tu joues l’indifférent

Abimé, trop craintif, pour être apprivoisé.

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janvier 16

Rengaine

Où es-tu mon Unique, gardienne de mon coeur?
Les brumes m’environnent, les ténèbres fondent sur moi
Quand pourrai-je trouver le refuge de tes bras,
Partager ta tendresse, apaiser mes douleurs ?

Lorsque le soir tombe, comme j’éprouve ton manque
Aucune douce main sur mon épaule posée
Pas de voix mélodieuse qui vienne me bercer
Calmant ma sourde angoisse et les peur qui la flanquent

Point de délicat souffle lorsque le monde s’endort
Et dans ce grand lit vide, personne à enlacer
Nul merveilleux visage, nulles lèvres à embrasser
Rien que les draps glacés, le silence et la mort

Même au coeur de mes songes je te cherche sans fin
Je cours après des ombres, croyant t’apercevoir
Je me perds lentement en de sordides cauchemars
Désirant à tout prix te rencontrer enfin.

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janvier 16

Mort et vif

Couché sur la pierre lisse de mon triste tombeau
Entre les bras glacés de Dame Solitude
J’écoute résonner le cri d’un noir corbeau
Qui égraine longuement ses mille vicissitudes

Ici-bas seuls demeurent l’Absence et le Vide
Mon esprit, mort pourtant, se peuple de pensées
Alors que les vers rongent mon cadavre livide
Mon âme prisonnière ne voit qu’obscurité

Tout ce que l’on raconte à propos du trépas
N’est que pure invention! Ni lumière, ni oubli!
Pour preuve ce caveau où l’on me déposa
Je ne l’ai pas quitté quand s’est enfuie ma vie

Dans mes sombres orbites nagent des rêves meurtris
Sous l’os de mon crâne s’entrechoquent les songes
Restant à mes cotés dans ma lente agonie
Ils sont pris dans la toile de ténèbres où je plonge

J’ai perdu la Beauté, j’ai perdu l’étincelle
Entrainant avec moi mes merveilleuses chimères
Mon unique bonheur, n’avoir mené ma Belle
Dans la terre grasse et lourde de cet odieux cimetière.

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