Aeterna umbras
Lorsque l’esprit n’est plus constamment occupé,
sans cesse il ressasse de bien sombres instants.
Alourdi par leur poids, le coeur toujours souffrant
sur un dallage de marbre vient alors s’écraser.
Ses éclats s’éparpillent en milliers d’étincelles,
esquilles de cristal teintées de gouttes carmin,
comètes à la traîne sombre s’éparpillant au loin,
où sang et minéral par un sort s’entremêlent.
De la blessure béante laissée par l’absent
s’écoule une noire bile sans discontinuer
dont l’âme vénéneuse vient s’insinuer
entre chaque parcelle de cet esprit mourant.
De ce flot se relève la cohorte des ombres
qui hante les méandres de cette mémoire usée.
Les erreurs, les regrets, les espoirs brisés,
tant de tristes fantômes surgissent de ces décombres.
Lorsque ne reste plus qu’une infime lueur
noyée sous les assauts de ces spectres décharnés,
sur son Horloge le Temps se met à reculer
rassemblant les fragments de ce malheureux coeur.
Alors la vie revient dans la blême carcasse
toujours un peu plus faible, marquée par ses souffrances.
L’être reprend le cour de sa pâle existence
jusqu’à ce qu’à nouveau les ténèbres l’enlacent.