Souvenirs jaunis
Ah, que sont donc devenus les jours mille fois bénis
Où le monde était jeune et douce était la nuit?
Nous dansions longuement dans les courants célestes
Nos corps livrés au vent, virevoltants, sans un geste
Nos libres promenades dans les bois de cyprès
Ivres de leurs essences, le cœur transporté
Que reste-t-il aussi des cités sous les mers
Emplies de milles ondins, si arrogants et fiers
Le bruissement de nos ailes qui emplissait l’espace
A un âpre silence il a cédé la place
Et plumes après plumes les ailes se sont fanées
Leur pureté, éphémère, lentement s’en est allée
Les êtres féériques reviendront-ils un jour
Ou lassés des humains ont-ils fuit pour toujours
Laissant nos âmes vides et nos cœurs torturés
Par l’absence de magie, tristes et esseulés
Oh, Temps, que je regrette ta course si brutale
Qui efface en une heure le monde virginal
Abîmant mon esprit dans un vide infini
Abandonnant mes rêves à une lente agonie.