Le Charmeur
Sur le voile des Songes, j’aimerais voyager
Pour parvenir encor à vous émerveiller
D’une soie d’araignée faire une solide trame
Piquetée de rosée, plus légère que l’âme
Dérober à un cygne l’une de ses grandes plumes
Verser dans un calice quelques larmes de Lune
Y saupoudrer un peu de poussière des fées
Pour obtenir alors une encre enchantée
De belles runes tracer pour libérer mon coeur
Poser sur le papier joies et peines, rires et pleurs
Conter, conter sans fin la beauté ou l’horreur
Ne jamais m’arrêter, laissant filer les heures
A nouveau renouer avec l’ivresse du Rêve
Boire jusqu’à me noyer à sa source, belle Eve
Jouer avec les Muses sous de plaisants soleils
Folâtrer à loisir au creux des prés vermeils
Baguenauder dans les bois, jusqu’à m’y égarer
A l’ombre d’un grand chêne, m’assoupir, épuisé
Etre éveillé enfin par le chant de ma mie
Qui pendant mon sommeil aurait rejoint mon lit
J’aimerais une fois de plus vous mener dans l’éther
Pour vous ensorceler, réciter quelques vers
Afin qu’un peu plus tard vous reveniez ici
Pour siéger en une grande, une belle compagnie.