février 3

Fable cynique

Voici donc l’histoire troublante et amère
De Luc Sifel rêveur éphémère
Tout petit déjà il jouait à faire
Des formes étranges dans la poussière

Les voyait bouger, sauter, danser
Au gré de récits imaginés
Et puis, plus grand, il passait son temps
Dans les nuages, batifolant

Son père, sa mère et tous ses amis
Se disaient: « Que faire ? Que faire de Lui ?
Il vit dans son monde, loin du réel
Là bas les heures lui sont plus belles. »

Lorsqu’il fut en âge de travailler
Il lui fallut trouver un métier
Hélas le pauvre ne savait faire
Que vivre dans son imaginaire

Aucun travail ne conserva
Dans la misère se retrouva
Alors que ses songes l’avaient fuit
Filant dehors un jour de pluie

Appelant l’alcool à son secours
Pour effacer les mauvais jours
Il finit patient d’un asile
Pourchassé par ses chimères, l’imbécile.

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février 3

A corps perdu

A corps perdu
Corps éventré, versant ses tripes sur le papier
Crachant sa bile, ses humeurs
Poissant les pages de sa sueur

A coeur perdu
Coeur écorché, épanchant son sang enflammé
Sur tant de feuilles, vidant sa sève
Dégouttant, maculant sans trêve

A heures perdues
Heures dévorées par tant de mots, de lignes tracées
Gravant les songes et les blessures
Dans cette glaise aride et dure

A âme perdue
Ame consumée, embrasant l’être, le consumant
Rongeant son crâne, brûlant sa vie
Pour son Grand Oeuvre, à l’agonie

Ah! où est-il ce temps passé
Lorsque les rêves s’exprimaient
Tant de chapitres j’écrivais
Jusqu’à la mort, ensorcelé.

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février 3

Psyché

Des ténèbres lunaires aux brûlures solaires
Il n’y a qu’un pas, il y a un monde
Une pièce entre deux portes où se mêlent les éthers
Oscillant, incertaine, chaque seconde

Un océan obscur à la surface lisse
Qui absorbe et renvoi les ondes lumineuses
Un puit aussi profond que la plus sombre abysse
Aux issues aveuglantes d’une clarté radieuse

Sur une face serpentent les ombres affamées
Singeant les brumes diaphanes aux formes incandescentes
Qui ondulent, innocentes, à l’autre extrémité
Eclaboussant leur monde d’une beauté insolente

Dans leur sphère funèbre chargée de noires fumées
Au milieu des scories, des cendres innommables
S’agitent tant de spectres aux robes enténébrées
Que pour chaque lumière dansent dix sinistres diables

Vous qui voyagez là, pris entre ces deux sphères
Prenez garde à ne pas trop longtemps contempler
Ces deux surfaces étranges, ce miroir teint de verre
De peur que vos reflets n’en viennent à le briser

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février 3

Lux video

Oh lointaines étoiles, rubis resplendissants
Bris de mémoire épars, éclats d’obscurité
Me reviennent vos chants, sons anciens, oubliés
Parfois lors d’une nuit au silence effrayant

Je revois vos rivages aux îles iridescentes
Et les lagons brouillés de vos eaux merveilleuses
Les ailes déployées de vos masses gazeuses
Dressant entre eux des ponts aux arches évanescentes

Les navires stellaires aux voiles d’or brûlé
Louvoyant en vos ports de pierres volcaniques
Escortés par de grands volatiles plasmatiques
Au plumage fait de sable lentement vitrifié

Alors l’immonde Kraken, éternel affamé
Etendait grand ses bras dans un bruit terrifiant
Il les dévorait tous, Maelström rugissant
Le jetant dans un gouffre, sa gueule enténébrée

Il me revient, étoiles, l’écho des jours lointains
Du temps de vos splendeurs maintenant évanouies
Malgré votre lumière la mort vous a pris
Dans son voile de ténèbres, vous brûlâtes bien en vain.

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