Le Dormeur
Il flotte une brume étrange sur la lande verdoyante
Le soleil levant embrase de mils feux
Les perles de rosée, cristaux venus des cieux
Parant de beaux atours la Nature envoutante
L’aube de ce jeune printemps veut se faire mystérieuse
Masquant à mon regard ses flamboyantes couleurs
Dévoilant prudemment son infinie douceur
Au gré d’une brise légère à l’odeur capiteuse
J’ai couru tout le jour dans ces champs inconnus
Fuyant à toutes jambes une horde de sauvages
Toute prête à m’écorcher pour un sombre présage
Un geste maladroit à une belle ingénue
Lorsque la nuit tomba, je m’arrêtais enfin
Pour au pied d’un vieux chêne m’étendre, me reposer
Mais un froid saisissant fini par m’envelopper
Et contre un lourd sommeil j’ai lutté mais en vain
Un nouveau jour se lève et emporte avec lui
Toutes ces terreurs nocturnes venus là m’enlacer
Je me sens frais et neuf, tout comme un nouveau né
Alors que sur mon cœur une rose s’épanouit
Soudain de son essence le monde semble vidé
La brume se fait brouillard, plus opaque et épaisse
Toute ma joie nouvelle en l’instant me délaisse
J’ai traversé le Fleuve, suis de l’Autre coté.