novembre 21

Le Dormeur

Il flotte une brume étrange sur la lande verdoyante
Le soleil levant embrase de mils feux
Les perles de rosée, cristaux venus des cieux
Parant de beaux atours la Nature envoutante

L’aube de ce jeune printemps veut se faire mystérieuse
Masquant à mon regard ses flamboyantes couleurs
Dévoilant prudemment son infinie douceur
Au gré d’une brise légère à l’odeur capiteuse

J’ai couru tout le jour dans ces champs inconnus
Fuyant à toutes jambes une horde de sauvages
Toute prête à m’écorcher pour un sombre présage
Un geste maladroit à une belle ingénue

Lorsque la nuit tomba, je m’arrêtais enfin
Pour au pied d’un vieux chêne m’étendre, me reposer
Mais un froid saisissant fini par m’envelopper
Et contre un lourd sommeil j’ai lutté mais en vain

Un nouveau jour se lève et emporte avec lui
Toutes ces terreurs nocturnes venus là m’enlacer
Je me sens frais et neuf, tout comme un nouveau né
Alors que sur mon cœur une rose s’épanouit

Soudain de son essence le monde semble vidé
La brume se fait brouillard, plus opaque et épaisse
Toute ma joie nouvelle en l’instant me délaisse
J’ai traversé le Fleuve, suis de l’Autre coté.

Catégorie : Eclats d'âme | Commenter
novembre 19

Absurdité vivante

Triste machines humaines, pâle poupées de chair
Certaines de détenir l’Absolue Vérité
Et tenant à tout prix à vous y enchaîner
Pour un salut fictif, paradis éphémère
La pleine sensation de supériorité

De tout temps l’Homme voulut imposer par violence
Sur chaque être vivant sa vile suprématie
Consumé par la haine, la rancœur et l’envie
Il imposa sa Loi à force de souffrances
Avide de Pouvoir il rejeta la Vie
Se muant en bourreau de sa propre innocence

Il piétina la Terre qui l’avait enfanté
Rejetant au néant la tendresse, la douceur
Alimentant le feu de sa profonde noirceur
Au son des chants de guerre, aux flammes des bûchers
Répandant sur le monde le chaos, la terreur
Décimant sans les voir même ceux de sa ligné

Lorsque chaque continent sera ruine fumante
Cessera-t-il pourtant son œuvre de destruction ?
Renoncera-t-il enfin à cette triste obsession
De broyer sous son poing toute matière vivante
Ou s’annihilera-t-il dans son aveugle action
Libérant l’Univers de sa rage écœurante ?

Catégorie : Eclats d'âme | Commenter
novembre 4

Nuit de brume

Une langueur assassine s’insinue lentement
Au cœur de mon être elle plonge ses doigts glacés
Déchirant furieusement de ses crocs acérés
L’étrange réceptacle des plus beaux sentiments

C’est l’hiver lénifiant qui la fait ressurgir
Lorsque la vie s’abyme dans un sommeil létal
L’esprit sombre et s’enlise dans une morbide spirale
Le feu sacré s’éteint, lentement, se laisse mourir

Parfois, un souffle d’ange vient pour le raviver
Visiteur impromptu, étincelle divine
Porteur d’une nouvelle force, luttant contre le spleen
Mais mon cœur, grand aveugle, ne se laisse approcher

C’est à croire qu’il se plait dans cette lente souffrance
Dans cette longue agonie, il se laisse emporter
Malicieux suicidaire, il voudrait s’y noyer
Esclave de sa folie, consumant son essence

Dans cette tombe hivernale, j’ai vu passer un songe
Qui me prit en pitié, percevant mes douleurs
M’enlaçant dans ses voiles, d’un sourire enjôleur
Il m’offrit sa chaleur, stoppant ce qui me ronge.

Catégorie : Eclats d'âme | Commenter