mai 25

Epitaphe

Parce que j’ai trop vécu sur ces terres désolées
J’ai trop longtemps frayé avec Mort et Malheur
De cryptes en catacombes j’ai vu mille douleurs
Et bu jusqu’à la lie le sang des condamnés

J’ai couvert tant de pages de mes sceaux infamants
Forgeant les idées noires de mes sombres héros
Triturant les ténèbres, les gravant sur ma peau
Enivré par le songe de glorieux instants

J’ai monnayé mon âme pour quelques illusions
Usant de persuasion, de malicieuses promesses
Pour contraindre mon art, cela, je le confesse
A clamer la grandeur de mes lamentations

Du fin fond de l’abyme je revins en hurlant
Lorsque la noire cloche a soudain résonnée
Mon esprit à jamais en demeura marqué
Par l’empreinte sinistre de l’être agonisant

A l’aube d’un jour nouveau, couché sous cette pierre
Retentira l’écho de mon si long tourment
Et l’oiseau noir perché sur la stèle, dignement
Affutera son bec pour dévorer ma chair.

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mai 24

Roi endormi

Sur un guéridon trône un vase aux fleurs passées
Emplissant l’atmosphère d’effluves suffocantes
Chargeant l’air d’une fragrance capiteuse, écrasante
Changeant le moindre souffle en calvaire parfumé

De pesantes tentures repoussent l’astre du jour
Transformant cette chambre en un caveau fait d’ombres
Seules quelques chandelles à la clarté sombre
Luttent contre les ténèbres dans cette obscure tour

Sur un lutrin de bois, un vieux grimoire jauni
Au papier abimé par les outrages du temps
L’encre presque effacée s’est vue teintée de sang
Couverte ici et là par des symboles bannis

Au fin fond de ce lieu git un cercueil de fer
Dans lequel repose une momie enchainée
Un corps desséché au derme parcheminé
Sans une once de vie, comme figée dans la pierre

Pourtant dans ses orbites brule un Feu éternel
Attendant patiemment qu’enfin sonne son heure
De dévorer la terre, pour que germe la terreur
Que son plus vieil ennemi, son Père enfin chancèle.

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