Roi endormi
Sur un guéridon trône un vase aux fleurs passées
Emplissant l’atmosphère d’effluves suffocantes
Chargeant l’air d’une fragrance capiteuse, écrasante
Changeant le moindre souffle en calvaire parfumé
De pesantes tentures repoussent l’astre du jour
Transformant cette chambre en un caveau fait d’ombres
Seules quelques chandelles à la clarté sombre
Luttent contre les ténèbres dans cette obscure tour
Sur un lutrin de bois, un vieux grimoire jauni
Au papier abimé par les outrages du temps
L’encre presque effacée s’est vue teintée de sang
Couverte ici et là par des symboles bannis
Au fin fond de ce lieu git un cercueil de fer
Dans lequel repose une momie enchainée
Un corps desséché au derme parcheminé
Sans une once de vie, comme figée dans la pierre
Pourtant dans ses orbites brule un Feu éternel
Attendant patiemment qu’enfin sonne son heure
De dévorer la terre, pour que germe la terreur
Que son plus vieil ennemi, son Père enfin chancèle.