février 10

Le prisme

Comme un rais de lumière dans un prisme taillé
De multiples facettes font ma réalité
Mille masques se mêlent pour former mon image
Tantôt sombre ou clairs, tranquilles ou bien sauvages

D’abord le passe-partout, roi de l’insignifiant
N’exprimant que le vide, l’absence de sentiments
Dissimulant la peur et la timidité
Les tourments d’un rêveur perdu en société

Puis vient le travailleur, exigeant, méthodique
Forcé de se plier aux règles et techniques
Assurant la survie de sa mortelle enveloppe
Hébergeant l’inconstance des songes qui s’y développent

Suivent l’ami et l’amant au cœur toujours fidèle
Qui bercent ou réconfortent, répondent à chaque appel
Leurs tendres paroles voilent une grande crainte
La peur de l’abandon, d’une solitude feinte

Derrière eux vivent aussi le poète séducteur
L’écrivain à court d’encre, romantiques et charmeurs
Aimant plaire, séduire, d’un vers, d’un trait d’esprit
Criant à mots couverts les douleurs de leur vie

Viennent encore l’ermite, le lâche, le paresseux
L’accro informatique, le clown, l’impétueux
Le cynique, l’ordinaire, le dépressif chronique
L’orgueil mégalomane, l’étranger chimérique

Tous s’animent et se jaugent, se disputent mon égo
Prenant place tour à tour au creux de mon cerveau
Leurs valses incessantes, sarabandes infernales
Me poussent vers l’extrême et sa limite fatale

Un jour proche ou lointain leur manège m’entrainera
Et brisant les barrières leur flot m’emportera
Noyant mon existence dans l’abîme douloureuse
Et les tristes contrés de la folie furieuse.

Catégorie : Eclats d'âme | Commenter
février 8

Les yeux noirs

Dans un écrin ciselé d’opale
Brûlent deux perles couleur d’ébène
D’étranges reflets masquent leur peine
Estompant la douleur d’un voile

Derrière ces gemmes d’obscurité
Se cache une âme aux mille blessures
De beaux atours parent son armure
Leurrant un œil non initié

Aucun bijou, nulle dorure
Ne peut soutenir leur éclat
Tout devient pâle, factice et plat
Face à ces deux joyaux obscurs

Ils ne portent pas d’artifices
La Nature seule les a taillés
Son frère le Temps les a nimbés
D’une étrange lumière salvatrice

La vie s’anime sous ce regard
Grands océans, ciels étoilés
Des mondes meurent, d’autre se créent
Dans la pureté de ces yeux noirs.

Catégorie : Eclats d'âme | Commenter