Le prisme
Comme un rais de lumière dans un prisme taillé
De multiples facettes font ma réalité
Mille masques se mêlent pour former mon image
Tantôt sombre ou clairs, tranquilles ou bien sauvages
D’abord le passe-partout, roi de l’insignifiant
N’exprimant que le vide, l’absence de sentiments
Dissimulant la peur et la timidité
Les tourments d’un rêveur perdu en société
Puis vient le travailleur, exigeant, méthodique
Forcé de se plier aux règles et techniques
Assurant la survie de sa mortelle enveloppe
Hébergeant l’inconstance des songes qui s’y développent
Suivent l’ami et l’amant au cœur toujours fidèle
Qui bercent ou réconfortent, répondent à chaque appel
Leurs tendres paroles voilent une grande crainte
La peur de l’abandon, d’une solitude feinte
Derrière eux vivent aussi le poète séducteur
L’écrivain à court d’encre, romantiques et charmeurs
Aimant plaire, séduire, d’un vers, d’un trait d’esprit
Criant à mots couverts les douleurs de leur vie
Viennent encore l’ermite, le lâche, le paresseux
L’accro informatique, le clown, l’impétueux
Le cynique, l’ordinaire, le dépressif chronique
L’orgueil mégalomane, l’étranger chimérique
Tous s’animent et se jaugent, se disputent mon égo
Prenant place tour à tour au creux de mon cerveau
Leurs valses incessantes, sarabandes infernales
Me poussent vers l’extrême et sa limite fatale
Un jour proche ou lointain leur manège m’entrainera
Et brisant les barrières leur flot m’emportera
Noyant mon existence dans l’abîme douloureuse
Et les tristes contrés de la folie furieuse.