Félice
De votre doux pelage, sublime félidé
J’apprécie la caresse, le frémissement soyeux
Votre bas ronronnement m’est un chant mélodieux
Et vos minauderies un discours raffiné
Vous êtes si insouciant, libre et toujours tranquille
Le temps glisse sur vous, sans prise, effrayant
Vous laissant inchangé, inexorablement
Sa Majesté le Chat demeure sur son île
Dans un lent mouvement, leste, vous défilez
Méprisant la lumière, vous vous faites de nuit
Impassible, sur cette terre, vous abhorrez l’ennui
D’infimes vibrations ne cessent de vous guider
Créature malicieuse, avide d’indépendance
Vous marchez sur les toits, délicieux funambule
Trottinant joyeusement, poursuivant une bulle
Vous tolérez seulement notre encombrante présence
Lorsque le froid et l’eau tentent de vous saisir
D’un calme petit bond vous vous escamotez
Surgissant de nulle part, devant une cheminée
A la chaleur de l’âtre vous venez vous blottir
Devant vos grands yeux clairs s’ébattent mille mondes
Mais vous restez de marbre, toujours indifférent
Posant votre regard, peu vous importe quand
Sur vos esclaves humains s’agitant dans une ronde
Vous êtes une merveille, beauté faite animal
L’intelligence brille dans vos globes d’argent
Etes-vous bien de ce monde ou n’êtes que passant
Voyageur insouciant escortant les étoiles ?