L’Hôte
Entre les froids couloirs d’un donjon oublié
Rêve un étrange spectre venu des temps anciens
Dans les brumes grisâtres d’un caveau souterrain
Où d’antiques gardiens l’ont tenu enfermé
Il songe à la surface, si loin de son regard
Aux êtres légendaires qu’il a si bien connu
Devenus obsolètes, ils se sont dissolus
Dans la toile du Temps, hôtes de nos mémoires
Dans les sombres replis de son âme prisonnière
Il imagine la vie libéré de ses chaînes
Maudissant ses geôliers esclaves de leur haine
Il cherche le moyen de fuir son enfer
Il se voit renaissant dans un monde inconnu
Changeant sa destinée, expiant toutes ses fautes
Rachetant sa pureté, marchant la tête haute
Au bras d’une princesse, innocente ingénue
Toutes ses rêveries l’éloignent de sa peine
Allègent sa souffrance, lui donnent un peu d’espoir
Il voudrait un jour sortir de son cauchemar
Dissiper les ténèbres qui dans l’abyme l’entrainent
Sa soif de pouvoir, de contrôle, obstinées
Ont dévoré son corps, ne laissant qu’un esprit
Qui voulait plus encore, dominer l’infini
Assoir sa puissance quitte à tout ravager
Les leçons du passé lui ont enfin servi
Il a appris chaque heure une grande humilité
Regrettant ses erreurs, pliant sa volonté
Les murs de sa cellule l’ont lentement assagi
Pourtant dans cette crypte il demeure attaché
Rien ne viendra briser son long isolement
La Mort l’a emporté sans qu’il en soit conscient
Détenu dans cet espace pour l’éternité.