Rancoeur
Tant de meilleurs rimeurs aux multiples talents
Tant de fieffés escrocs à la langue bien pendue
Tant de truqueurs de mots devenus reconnus
Ma médiocrité va me rendre dément
Je jalouse ceux qui ont l’encre si aisée
Qui avec quelques rîmes érigent un monument
Pendant que je végète, plein de ressentiment
Sur de pauvres vers, disparates, abîmés
Ma plume mal taillée écorche chaque rime
Espérant une Muse qui sans cesse s’efface
Les écrits restent en friches et le papier se froisse
La frustration grandit alors que je m’escrime
Aucune ligne tracée ne demeure sensée
Mes pensées s’entremêlent en un imbroglio
Où domine la colère. L’échec, de nouveau !
De rage l’écritoire devient terre dévastée.
Je maudis les génies que favorise la chance
Les voue aux gémonies, leur souhaite mille morts
Et, pris de désespoir, me lamente sur mon sort
Lorsque la colère tombe, ne reste que la souffrance.
Pourtant je ne pourrais abandonner ce mal
Le miracle de l’encre est une catharsis
Sans le soutien constant de ces pages qui noircissent
L’existence ne serait qu’un cauchemar infernal.