avril 19

Figé

Le réel m’entrave de ses lourds liens d’acier
M’éloignant de ma plume et de mon encrier
Chargeant chaque heure qui passe d’amertume, de conflits
Enchaînant mes passions, les vouant aux gémonies

Les rêves fuient mon chemin, me privent d’illusions
M’enlèvent le merveilleux, assèchent mes émotions
Ne restent que colère, triste désenchantement
Délesté de ses songes mon cœur devient méchant

Je confine au cynisme, moquant, grinçant des dents
Charge mes mots d’acide, d’acerbes ressentiments
Je jalouse les rêveurs, éternels innocents
J’envie leurs belles rimes, leur prodigieux talent

Je traine comme un poids mort mon âme emprisonnée
Dans un carcan de fer et de regrets mêlés
Mon esprit se repait de futiles distractions
Pour mieux tromper le vide, atroce sensation

Lorsque les chants se taisent, que la flamme s’éteint
Le néant conquérant reprend son lent dessein
Il ronge peu à peu barricades et armures
Leurrant ses partisans d’un renouveau futur.

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