Ombre et lumière
Sous la lune de diamant dansent des ombres fines
Des nymphes drapées de brume au corps fuselé
Dans les rais de lumière elles viennent virevolter
Pour mieux se dérober, magnifiques mutines
Sur les rives dans un voile fait d’algues et de roseaux
Glissent de timides elfes, observant les ondines
S’enivrant de leurs jeux et de leurs voix divines
Ils n’osent s’aventurer parmi les vertes eaux
Les arbres centenaires doucement tendent leurs branches
Pour profiter un peu de l’énergie céleste
Renvoyée par cet astre à l’allure funeste
Refuge des âmes perdues, désert de poussière blanche
Un rayon égaré fait briller le plumage
D’un corbeau noir de jais au regard sévère
L’oiseau lisse ses plumes sous la clarté lunaire
Avant de s’envoler vers d’étranges rivages
Le joyeux babillage des aqueuses demoiselles
Se trouve soudain troublé par son rauque croassement
Un instant son aile sombre masque le rayonnement
Du joyau argenté, intrigant les donzelles
Assis dans la pénombre sur mon trône d’obsidienne
Caché parmi les troncs d’une forêt oubliée
J’observe leur manège de mon regard d’acier
Echafaudant un plan pour enfin les faire miennes
Leurs amusements n’ont que bien trop durés
Moi le roi des ténèbres, père de l’obscurité
Je vais voiler le ciel et cet astre enchanté
Et saisir dans mon poing leur tendre peau nacrée
Je vais les enfermer, en faire mes enfants
Dérober leur teint pâle, leur chevelure d’argent
Les rendre pareil à moi, corrompre leur pureté
Leur offrir mes richesses pour mieux les enchainer
Lorsqu’enfin leur essence sera dénaturée
Que ma toute puissance les maintiendra soumises
La Nature ploiera sous ma terrible emprise
Et je m’emparerai de l’univers entier.