avril 25

Couard

J’ai usé mon regard sur des documents creux
Fatigué mon esprit sur des pensées vides
Perdu mon énergie, rendu ma peau livide
Lancé contre des murs s’élevant jusqu’aux cieux

Je me suis acharné contre leur robustesse
Frappant contre leur pierre ma chair jusqu’au sang
Epuisé mon esprit à me rendre dément
Sans jamais diminuer d’un brin leur rudesse

J’ai longtemps combattu mille moulins à vent
Ecrasant ma carcasse contre leurs grandes ailes
Cabossant mon armure, les chargeant de plus belle
Ils ont brisé mes armes d’un air indifférent

Tous ces échecs rongent mon opiniâtreté
Mon courage s’envole à mesure que vient l’âge
Avec lui mon essence s’étiole davantage
Et me fuit toute envie de vouloir avancer

Lentement, peu à peu, je cède à l’abandon
Mes espoirs se fanent, ne laissent que néant
Sans but, sans objectif, j’erre sur cet océan
Jusqu’à ce que m’engloutisse l’ivresse des grands fonds

Chaque instant mes ténèbres absorbent ma lumière
Alors ma vie s’enfonce dans cette obscurité
Ne voyant plus que l’ombre dans toutes mes idées
Je souhaite, non sans peur, que la mort me libère

Meurtri par mes erreurs, j’ai cessé le combat
Ainsi scellant mon sort, j’ai bien vite succombé
Mon âme s’est éteinte, mon esprit s’est noyé
Alors que la défaite s’emparait de moi.

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avril 21

Aux amours mortes

Dans l’onde immaculée dort la douce Ophélia
Perdue par sa folie d’avoir trop aimé
Un prince inconséquent au verbe acéré
Aussi dur que la lame qu’en elle il ficha

Ce monarque dément avait cru voir en elle
Un fantôme dangereux, ombre de son passé
Il fit tout ce qu’il put pour s’en débarrasser
Il paya ce forfait de regrets éternels

Nulle tombe pour la belle, rien qu’un cercueil mouvant
Une stèle sous marine glissant au fil de l’eau
Nuls hommages, nulles couronnes pour fleurir son tombeau
Cet amour tragique méritait bien un chant

Moi, le sombre rimeur, poète des cimetières
Errant parmi les dalles, silencieux mausolées
J’écris ces quelques vers aux amours oubliés
Aux romances tragiques, aux funestes chimères

Et je songe à tous ceux qui parcourent ce monde
A vitesse de comète, sans jamais percevoir
Que leurs vœux les plus chers, leurs ultimes espoirs
Se dressent devant eux, que le bonheur abonde

A qui sait le saisir lorsqu’il vient à passer
L’instant peut révéler toutes ses beautés cachées.

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avril 17

Coeur agité

Mon cœur se tourne et se retourne dans sa cage
Agité par des pensées, des réflexions
Il remue, se contracte, plein d’interrogations
Me laisse sans repos par son remue ménage

Etrange entité, organe indépendant
Il se laisse emporter par sa moindre émotion
Je lutte chaque instant pour qu’il entende raison
Et cesse de vibrer à chaque battement

Il fait ce qui lui plait, vivant dans l’insouciance
Menace en permanence mon précaire équilibre
Se voit comme un rebelle, la dernière âme libre
Il quitterait ce corps pour tenter sa chance

Si j’étais un pantin il m’aurait immolé
Et lorsqu’auraient fondu les chairs qui l’emprisonnent
Indemne et sans regret, ce cœur qui déraisonne
Hors de ma dépouille se serait envolé

Pour palier à ses maux, je n’ai que peu de choix
Ma bien faible raison ne tiendrait pas longtemps
Sur le papier s’écoule le flot de ses tourments
Je l’enchaine à mes mots pour museler sa voix

Je ne suis que sa main, son fragile instrument
Dans ses plis il détient ma force et mon essence
Un caprice de lui me serait une souffrance
Si l’envie lui prenait d’altérer son battement

La mystérieuse symbiose qui relie ses envies
A tous mes vieux démons, les ombres qui me hantent
Et rythme cette lutte en une étrange entente
Est le dilemme secret qui empoisonne ma vie.

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avril 7

Le doute

Certaines nuits revient le mal qui dort en moi
Cette bête qui me ronge, m’agite et me malmène
Au rythme de mes maux il hurle et se déchaine
Transforme en cauchemars le moindre de mes choix

Lorsque ce mal sommeil la vie sait se faire douce
Rien pour empoisonner le fil de mes pensées
Mais lorsqu’il s’éveille et se met à gronder
Mon esprit se fissure, brisé par ses secousses

De la sérénité il vient sonner le glas
S’amusant à gâcher tout projet, toute envie
Plantant fort ses mâchoires où ma raison faiblit
Il sème le chaos et dissipe la joie

Peu à peu en mon être son influence s’étend
Plantant dans mon échine les graines du malheur
Il me change lentement, me submergeant d’horreurs
Instille en chaque cellule un peu de mon tourment

Il y a bien longtemps sur moi il a placé
Sa marque indélébile, ses idées parasites
Il revient à l’assaut lorsque mon cœur hésite
Toujours plus profond il revient m’enfoncer

Lors de rares triomphes, toujours je crois renaitre
Mais bien vite je sens ses germes croitre en moi
Et ses sombres humeurs m’emplir de désarroi
Pour voir sombrer mon âme, goulument s’en repaitre

Il est ma punition, l’antithèse de mon don
Sans cesse m’imposant son ire, sa volonté
Tôt ou tard il m’aura totalement consumé
Enserrant mon futur de sa malédiction.

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