Couard
J’ai usé mon regard sur des documents creux
Fatigué mon esprit sur des pensées vides
Perdu mon énergie, rendu ma peau livide
Lancé contre des murs s’élevant jusqu’aux cieux
Je me suis acharné contre leur robustesse
Frappant contre leur pierre ma chair jusqu’au sang
Epuisé mon esprit à me rendre dément
Sans jamais diminuer d’un brin leur rudesse
J’ai longtemps combattu mille moulins à vent
Ecrasant ma carcasse contre leurs grandes ailes
Cabossant mon armure, les chargeant de plus belle
Ils ont brisé mes armes d’un air indifférent
Tous ces échecs rongent mon opiniâtreté
Mon courage s’envole à mesure que vient l’âge
Avec lui mon essence s’étiole davantage
Et me fuit toute envie de vouloir avancer
Lentement, peu à peu, je cède à l’abandon
Mes espoirs se fanent, ne laissent que néant
Sans but, sans objectif, j’erre sur cet océan
Jusqu’à ce que m’engloutisse l’ivresse des grands fonds
Chaque instant mes ténèbres absorbent ma lumière
Alors ma vie s’enfonce dans cette obscurité
Ne voyant plus que l’ombre dans toutes mes idées
Je souhaite, non sans peur, que la mort me libère
Meurtri par mes erreurs, j’ai cessé le combat
Ainsi scellant mon sort, j’ai bien vite succombé
Mon âme s’est éteinte, mon esprit s’est noyé
Alors que la défaite s’emparait de moi.