Maléfice
Quel est donc ce voile froid qui me couvre le corps
Ces perles qui scintillent au bout de mon regard
Images saccadées venues de ma mémoire
Rendant mon souffle court, emplis de mille remords
D’où provient cette humeur qui monte et m’envahit
Ce gout acre, métallique qui m’emplit le palais
Relents de fleurs fanées en couronnes, en bouquets
Qui m’étouffent à présent et me laissent transi
Quel est ce crépuscule qui tombe sur mon cœur
Comme si toute lumière dans l’instant s’éteignait
Ne laissant que grisaille, évanouies à jamais
Effacées par la main d’un sinistre vainqueur
Pourquoi donc la couleur a déserté mon âme
Me laissant tout soudain aveugle et orphelin
Dans une épaisse brume qui couvre mon chemin
Etreignant en ses voiles ma si fragile flamme
Où donc est mon esprit splendide et flamboyant
Lui qui fanfaronnait, placé en pleine lumière
Elle s’est évaporée son ardeur éphémère
En cette heure où s’avancent les spectres gémissants
Que reste-t-il alors qui anime mon être
Sinon la part sombre, prompte à abandonner
A laisser les ténèbres lentement me dévorer
Et quitter, silencieux, la terre qui m’a vu naître
Dans cette enveloppe vide, minée par les tourments
Une faible étincelle semble tenir encore
« A quoi t’accroches-tu, cet homme est déjà mort »
Semble s’interroger l’envahissant néant.