octobre 17

Morir

Enchanteresse au regard sombre
Surgie du fond de mes pensées
Par mes pleurs, mes cris, invoquée
Lorsque sur moi tombent les ombres

De tes ongles tu griffes le voile
Qui te sépare de ce monde
De tes yeux mon âme tu sondes
Et d’un sourire tu te dévoiles

Bientôt j’aurai le rituel
Te permettant de traverser
Cet interdit sera brisé
Tu auras une enveloppe charnelle

Mais ne te laisse pas dominer
Abuser par l’éclat des joyaux
Cet univers n’est pas si beau
Qu’il mérite de tout sacrifier

Je t’ouvrirai la porte antique
T’accueillerai plein d’espérance
Te nourrirai de mon essence
Me noierai dans ton être inique

Je te donnerai mon étincelle
Pour chasser ma mélancolie
Pour m’effacer, pris dans l’oubli
Que la Mort me prenne sous son aile

J’ai vu trop de vies, de souffrances
J’ai trop vécu, bien trop pleuré
Que mon coeur me soit arraché
Je veux que cesse mon existence.

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octobre 15

Désolation

Dans les salles désertes et poussiéreuses
Dans les miroirs pâles et glacés
Dans les fauteuils vides et fatigués
Dans cette ombre figée à la couleur cendreuse

Sur ces horloges lentes, presque immobiles
Sous ce ciel grisâtre et détrempé
Sur cette plaine triste et désolée
Dans ce vide insondable et stérile

Sur ces bougeoirs éteints, à la cire coulée
Devant cet âtre froid où le feu s’est éteint
Dans les accords grinçants de ce lieu en déclin
Sur ces vitres alourdies par l’atmosphère gelée

Dans ce cristal voilé qui cesse de réfléchir
Au fond de ce grenier aux souvenirs passés
Dans cette carcasse vide aux chairs déchiquetées
Sur cette lande humide où tout vient à pourrir

Dans cet antre perdu, oublié par les ans
Où moisissent les vestiges de ce qui pourrait être
Au cœur de cet enfer où désespoir vient naître
Où résonne en silence le hurlement du temps

Sur cet odieux portait au modèle prisonnier
Où toute vie s’efface en une teinte cireuse
Où son regard mort contemple une mer brumeuse
Qui reste sans mouvement pour l’éternité

Dans ce manoir sinistre où flotte la souffrance
Entre les lattes disjointes d’un parquet éventré
De cette terre monte une plainte murmurée
Qui tient en un seul mot, et ce mot est: absence.

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octobre 1

Onyria

J’aimerais plus souvent aborder tes rivages
Laisser glisser ma barque sur la mer de nuages
Mirer les étincelles allumant ce ciel noir
Qui enveloppe ce monde, l’embrasser d’un regard

Me perdre sur les plages aux teintes ivoirines
Jouer avec les nymphes des mares opalines
Danser parmi les champs d’herbes brunes et dorées
Enlacer cette terre et lentement m’élever

J’errerais doucement en ce pays des rêves
M’extasiant, découvrant ses merveilles, sans trêve
Et lorsque l’épuisement, enfin, m’aura gagné
Entre deux monts splendides j’irai me réfugier

Je me loverai au creux d’un buisson de bruyère
M’enivrant du parfum de cette étrange terre
Alors je laisserai le sommeil m’emporter
Pour parcourir en songes cette splendide vallée

Au matin la lumière céleste m’éveillera
Et je trouverai l’arbre qui ne pousse qu’ici bas
J’y déposerai mon cœur, le laisserai reposer
Pour prévenir mon âme des douleurs du passé

J’abreuverai mon esprit de la sève de ces lieux
Pour apaiser enfin les tourments et les feux
Qui embrasent mon corps, le dilatent et l’agitent
Menaçant d’explosion mon être qui palpite

Alors l’harmonie de ce monde m’éclairera
Et toute mon essence avec elle fusionnera
Je deviendrai une part de ce lieu merveilleux
Pour le voir grandir et briller de mille feux.

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