Désolation
Dans les salles désertes et poussiéreuses
Dans les miroirs pâles et glacés
Dans les fauteuils vides et fatigués
Dans cette ombre figée à la couleur cendreuse
Sur ces horloges lentes, presque immobiles
Sous ce ciel grisâtre et détrempé
Sur cette plaine triste et désolée
Dans ce vide insondable et stérile
Sur ces bougeoirs éteints, à la cire coulée
Devant cet âtre froid où le feu s’est éteint
Dans les accords grinçants de ce lieu en déclin
Sur ces vitres alourdies par l’atmosphère gelée
Dans ce cristal voilé qui cesse de réfléchir
Au fond de ce grenier aux souvenirs passés
Dans cette carcasse vide aux chairs déchiquetées
Sur cette lande humide où tout vient à pourrir
Dans cet antre perdu, oublié par les ans
Où moisissent les vestiges de ce qui pourrait être
Au cœur de cet enfer où désespoir vient naître
Où résonne en silence le hurlement du temps
Sur cet odieux portait au modèle prisonnier
Où toute vie s’efface en une teinte cireuse
Où son regard mort contemple une mer brumeuse
Qui reste sans mouvement pour l’éternité
Dans ce manoir sinistre où flotte la souffrance
Entre les lattes disjointes d’un parquet éventré
De cette terre monte une plainte murmurée
Qui tient en un seul mot, et ce mot est: absence.