Camera obscura
Depuis cette sombre chambre sise à l’écart du monde
J’observe cette vie qui s’écoule sans moi
Je vois les illusions, les peines, les émois
Qui agitent les cœurs en une triste ronde
Collé à ma fenêtre, j’observe, l’air absent
Ces êtres qui s’activent sans but ni raison
Ces jolies marionnettes aux babilles abscons
Qui tournent, dansent et bougent comme change le vent
De cette boite vide où je me suis blotti
Je les vois comme des ombres sur mes murs glisser
Tout en griffes, serres et crocs, prêts à me dévorer
Me briser tous les os, et me mettre en charpie
Caché dans mes ténèbres, de loin je les surveille
Pris dans mon isolement, dans ma sombre folie
Je les crains, les attends, les espère, meurtri
Pleurant ma solitude dans mon demi-sommeil
Au fond de cette alcôve, de mon affreux tombeau
Je gémis ma souffrance, appelant un secours
Mais si une main se tend, je recule, souffle court
Peureux de retrouver la lumière d’un flambeau
Dans ma pauvre poitrine vacille une étincelle
Souhaitant une assistance pour à nouveau briller
Mais mon cœur trop sensible, lacéré, atrophié
Ne veut qu’obscurité pour taire ses peines nouvelles.